Babysitting de Philippe Lacheau (2014) - 3/10
Babysitting, c’est la bande à Fifi qui s’essaye au cinéma. Pourquoi pas. La comédie de l’année pour certains. Mais ça ne casse pas la baraque. Ou alors juste une véranda. Dès les premiers plans dans cet immeuble d’une boite d’édition de bandes dessinées, la touche Canal+ se fait sentir rapidement, bon chic bon genre, ça sent le réchauffé, avec cette volonté de jouer les mauvais garçons tout en voulant rester droit dans ses bottes pour ne pas choquer la ménagère. Un humour de situation un peu bancal. Babysitting est plus un projet télévisuel que cinématographique. Coupé en deux parties visuelles, en mode found footage déjà vu et revu, puis avec des coupures de réalisations « normales » atterrantes de banalités avec les catastrophiques Gérard Jugnot et la non moins pathétique Clotilde Courau dans leur délire de surjouer des bobos un poil coincés du cul en train d’observer avec un œil interloqué la vidéo du massacre de leur maison, Babysitting ne permet pas immersion forte par le biais de ses deux dispositifs s’entrechoquant avec parcimonie. Qu’on le veuille ou non, ce film est bel et bien la version française de Projet X, et bien évidemment, avec des allures beaucoup plus familiales et bienpensantes en comparaison avec son ainé qui n’avait pas froid aux yeux pour voir la fête en grand, se construire dans le chaos, quitte à se prendre une méchante gueule de bois le lendemain. L’histoire simpliste : Franck, un agent d’accueil, va garder l’enfant de son patron dans la grande Villa de ce dernier. Mais c’est l’anniversaire de Franck et ses potes vont venir foutre la pagaille pour organiser une fête inoubliable. Projet X était sans doute trop granguignolesque, trop typé « Jackass », Babysitting trop gentillet, avec un discours tout aussi creux avec cette proportion à intégrer des valeurs familiales et sociales. D’ailleurs, on ne voit pas quasiment rien de la fête et de la « destruction » de l’intérieur de la maison pour voir le film dériver vers une fête foraine à la recherche du petit morveux. C’est peut être ça la seule bonne idée du long métrage. Car il est bien là le problème de cette comédie française parfois un peu foutraque et bien fendarde comme durant ses courses poursuites en voiture ou en kart, l’œuvre de la bande à Fifi n’arrive jamais à se dépêtrer de ses intentions moralisatrices pour aller au bout de son idée. Faire la fête, un peu, beaucoup, mais pas trop tout de même. Ou alors tu devras en payer les conséquences. Aucun vent de fraicheur, aucune furieuse envie d’en découdre, on ne ressent pas ce sentiment de perdition proche du burn out fêtard. Quelques moments marrants, quelques gimmicks qui font mouche mais trop de moments bouches trous, et Babysitting a malheureusement un gros problème d’identité, ne sachant jamais sur quel pied danser entre humour potache (comme ses fessées un peu spéciales) qui ne dépasse jamais la ligne jaune et envie de se montrer plus subversif qui ne l’est.