Une petite douche froide pour un film qui sur le papier avait tout pour m'attirer. Mais décontenancé par la vraie nature du récit, la noirceur diffuse omniprésente, je n'ai pu me raccrocher à rien de significatif. Cronenberg signe donc un film consensuel et cliché, donnant certes à ses acteurs quelques beaux numéros, mais il s'embourbe dans un scénario qui n'a que d'intérêt la nature de son dénouement.
Hollywood est donc un lieu pathologique, pathogène, où sous des oripeaux de glamour apparent, se cache un microcosme vil et égocentrique. Au carrefour de ces êtres va donc se présenter une jeune femme a priori ingénue, Mia Wasikowska, très bien, qui pourtant cache un passé mystérieux. A priori, car sous ses dehors de groupie de cinéma se cache une enfant torturée, blessée dans sa chair, et coupable à vie d'un passé honteux. Et c'est au final le seul personnage intéressant de ce cirque déliquescent, les autres freaks servant uniquement de faire-valoir à un scénario vague et déjà vu : l'enfant star désagréable, le père psychanalyste de star, l'actrice sur le déclin prête à tout pour signer dans un film, le couple en crise, les agents aux dents longues, etc, etc...
Et ce n'est pas tant l'absence de valeur ajoutée au scénario qui m'a gêné que l'absence d'idée à la réalisation. Car Cronenberg semble ici paresseux, facile, brouillon, enfermé dans une logique de chaud/froid qu'il ne maîtrise pas. Oui les acteurs sont aussi des êtres de chair, qui souffrent, qui pleurent, qui niquent en groupe et qui pètent, oui l'homme dans toute sa magnificence supposée de paillettes peut être un loup pour l'homme. Même dans ce rapport incestueux qui sert ici de prétexte général. Oui, sous les lettres blanches et virginales d'Hollywood, et les étoiles (sic), se cachent des secrets terribles, excessifs. Mais les artifices et la brutalité de Cronenberg ne marchent pas. Les visions qu'il met en scène sont lourdingues, les métaphores eau/feu sont pompeuses (grotesque même quand il s'agit de filmer une immolation), son recours systématique au poème d'Éluard va bien 5 min, et tout est bien trop fonctionnel (le coup du flingue par exemple, ou de la statuette), provoc (name dropping omniprésent) pour vraiment intéresser, et apporter quelque chose d'intelligible.
Donc bref, je comprends que certains y trouveront leur compte, mais personnellement je n'ai goûté que très peu ce potage glauque, concentré et réchauffé. On retiendra des acteurs doués, et une légère fascination morbide pour un univers malsain et un scénario alambiqué. Mais tout est bien trop simple, fonctionnel et artificiel pour être à la hauteur par exemple d'un
Mulholland Drive...