BRONSON-------------------------------------------
Nicolas Winding Refn (2008) |
8/10 3e film pour moi (dans le désordre) du réal Danois et toujours un sentiment de fascination pour ce cinéma exploratoire, violent et presque expérimental. Bronson est à ranger quelque part du côté des expériences filmiques; et s'il raconte a priori des choses volatiles, fugaces, il reste malgré tout prégnant notamment grâce à sa mise en scène et son interprète hors pairs.
Tom Hardy y est encore ici exceptionnel et compose une bête de foire, féroce, allumée et presque attachante. Mélange hybride de Mickey Knox de Tueurs nés (pour le look) et du héros d'Orange Mécanique (pour la schizophrénie), il campe donc ce dur-dingue, scénographe carcéral de son histoire, farouchement individualiste mais généreux dans l'exubérance et la bataille, bestial et pourtant étrangement sophistiqué. Car le "prisonnier le plus dangereux et le plus coûteux d'Angleterre" a ceci de fascinant qu'il semble avoir fait de sa vie et donc de son incarcération (à vie) une oeuvre d'art à part entière. Construite à coups de poings et de dérapages en tous genres, et de refus constant de la soumission : une sorte d'art brut(al), anti-social et pénitentiaire, unique, dont Refn prend à la fois le parti d'en rire mais de traiter avec gravité.
En cela son film peut déstabiliser, oscillant sans cesse entre la démonstration outrancière, l'étude de caractère et le relatif divertissement. Mais sous ces faux-airs d'étrangeté, quelle fraîcheur, quelle liberté de ton, et quelle maîtrise. Pour la première fois il s'adjoint les services de Larry Smith (le chef op de Kubrick - qu'il ne quitte plus depuis) et ainsi mis en lumière, ces cadres en deviennent hypnotiques, baignés dans un mélange senti de musique pop et classique. Le film avance et recule, sans cesse, comme son personnage, et la forme épouse sans cesse le propos entre théâtralisation de l'histoire, rêverie étrange (comme dans ces scènes où hors de prison, Bronson semble ne plus être dans son élément) et action (auto-)destructrice. Refn utilise une quantité de moyens pour secouer les branches de son histoire, sans pour autant alourdir son style.
Et au final le film d'avoir ceci de passionnant qu'il semble avoir été pensé pour le trio Bronson/Refn/Hardy, le fond/la forme/et l'exécution, alors que l'association n'avait pourtant rien d'immédiat : le genre de projet fou et totalement unique, qui fait donc sacrément plaisir à voir.