Le titre résume très bien ce magnifique film de Jane Campion (merci Arte pour cette découverte).
Il s'agit d'une adaptation d'un livre d'Henry Jame publié en 1881. Le portrait d'une femme, Isabel Archer (Nicole Kidman), jeune, magnifique, naïve, vierge et en même temps sensuelle et rebelle. Elle ne veut pas céder aux demandes en mariage de ses prétendants et il s’agit pourtant d’un mariage raté avec un amateur d’art, avide de richesse et manipulateur du nom de Gilbert Osmond (joué par l’excellent John Malkovitch) qui va l’amener à découvrir la passion, l’obéissance, la trahison et lui faire ouvrir les yeux sur ce que pourrait être l’amour envers un autre.
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J’ai été éblouie par la photographie de Stuart Dryburgh (il avait déjà travaillé en collaboration avec la réalisatrice sur La leçon de piano ) qui fait ressortir comme si l’on était au milieu d’un songe la beauté (ou la laideur d’ailleurs) des personnages. Une lumière douce et en même temps inquiétante (je pense notamment à une scène où Isabel se dispute avec son cousin et grâce à la lumière traversant les carreaux colorés le visage de Nicole Kidman est à moitié dans un bleu hypnotisant).
J’adore la bande originale. La musique de Wojciech Kilarcorrespond parfaitement à la persona du film et donc à la persona d’Isabel selon moi. La dernière scène est parfaite et si frustrante d'ambiguïté: on ne sait pas si Isabel continue jusqu’au bout son acte rébellion du fait que malgré l’interdiction de son mari elle est tout de même allée au chevet de son cousin mourant ou si elle va le quitter, prendre un amant...on ne sait pas et c’est d’ailleurs à ce moment précis que Campion choisit d’utiliser le ralenti pour clore le film. Ce mouvement poursuit littéralement Isabel jusqu’à une porte comme s’il symbolisait les erreurs commises par la jeune femme ou peut-être l’âme de son cousin.