[oso] Mes critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

Hache pour la lune de miel (Une) - 7/10

Messagepar osorojo » Dim 31 Aoû 2014, 21:51

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UNE HACHE POUR LA LUNE DE MIEL

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Mario Bava (1970) | 7/10
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Marqué par l'univers très particulier de son auteur, une hache pour la lune de miel est une oeuvre transgenre déroutante. Bava nous embarque d'abord dans ce que l'on pense être un giallo de la plus pure tradition pour finalement brouiller les cartes en dévoilant son tueur au bout de 5 minutes de film. On est alors invité à bord de son esprit perturbé, pour une quête aux origines de son mal intéressante mais parfois un peu laborieusement narrée : on devine le pot aux roses bien trop rapidement. Lorsque le tueur cynique fait enfin la lumière sur sa condition, on avait compris depuis bien longtemps qu'il était un pourri bien avant de jouer de la hachette.

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Fort heureusement, Bava ne se repose pas entièrement sur cette trame pour le moins originale. En bon créateur d'ambiances horrifiques, il ancre ses personnages dans une demeure inquiétante, dont il exploite la très ample architecture pour positionner sa caméra là où on ne l'attend pas, quitte à malmener notre petit cou qui tente de trouver l'orientation correcte pour comprendre ses images. Il joue également à loisir avec la lumière pour générer une atmosphère inquiétante qui va rendre possible l'insertion de la composante fantastique dans son film. Ainsi lorsque la déterminée Mildred revient avec son teint pâlichon d'entre les macchabées, la situation semble dans la continuité de cette histoire faite de dérangements psychiques. Qu'elle soit la fruit d'une imagination débordante ou un esprit malin revanchard importe peu, elle s'inscrit avec naturel dans le contexte visuel très vaporeux instauré par Bava.

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Une hache pour la lune de miel se savoure pour ses cadres soignés, son ambiance sonore très marquée et sa tonalité sans cesse changeante. On pourra regretter que le comique des débuts ne soit pas exploité jusqu'au bout; le tueur amusant qui se vantait de ses crimes pendant le premier quart d'heure devient peu à peu agaçant à pleurer sur son sort, mais le bel effort que fait Bava pour donner de l'ampleur à son propos permet à l'ensemble de ne pas reposer uniquement sur son cinglé un peu gauche. Fort heureusement d'ailleurs, parce que le sympathique Stephen Forsyth n'a pas le talent nécessaire pour composer une personnalité torturée sans exagérer constamment ses expressions. Bava le sait bien, le bougre lâche du gros plan dès qu'il le peut sur les yeux hypnotiques de son acteur, ou s'amuse avec son reflet assez régulièrement pour lui éviter d'avoir à jouer l'émotion trop souvent !

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Belle pirouette puisqu'elle lui permet de signer de cette façon l'un des plus jolis moments du film, celui où le frappé confronte sa femme à son vice, que Bava nous partage à travers le reflet des protagonistes sur cette lame tranchante qui permet de faire avancer l'intrigue lorsqu'elle se souille violemment du sang d'épouses en devenir. De là à dire que Bava n'aimait pas trop le concept du mariage, il y a un gouffre que je ne franchirai pas, mais la symbolique, en l'état, est assez limpide, en plus d'être véhiculée par un boulot formel qui force le respect. Une découverte à tenter, que l'on soit fan acharné du cinéaste ou non.
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar pabelbaba » Lun 01 Sep 2014, 06:31

une tronche patibulaire échappée des planches d’un Asterix à Milan

:bravo:
Elle fait plaisir ta critique. Quand Scalp avait défoncé les films du coffret Di Leo, ça m'avait paru bizarre. Tu me rassures. Et Mario Adorf, c'est vraiment un pur acteur. 8)
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Lun 01 Sep 2014, 07:52

Merci Pabel !

Ca m'étonne pas que Scalp n'ait pas spécialement accroché. C'est du polar Bis, pas complètement sérieux, voir bien surréaliste par moment :mrgreen: Tout ce que j'aime, des persos exagérés à outrance dont le comportement frise la farce à diverses reprises ! :mrgreen:
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar pabelbaba » Lun 01 Sep 2014, 08:24

Si t'es dans ce délire, faudrait que tu mates aussi Killer Vs Killers, mais en mode nanard... :chut: :eheh:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Lun 01 Sep 2014, 08:47

J'ai le coffret BR Di Leo, il est dedans :mrgreen:
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar puta madre » Lun 01 Sep 2014, 08:51

Hache pour la lune de miel, ça m'avait royalement ennuyé. Faudrait que je retente... :?
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Flics ne Dorment pas la Nuit (Les) - 8/10

Messagepar osorojo » Lun 01 Sep 2014, 22:19

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LES FLICS NE DORMENT PAS LA NUIT

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Richard Fleischer (1972) | 8/10
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Les flics ne dorment pas la nuit profite du réalisme acerbe tout droit sorti d'un des livres de l'ex-flic devenu écrivain Joseph Waimbaugh. En transposant à l'écran ce qui en fait le sel, à savoir la vie de patrouilleurs de la brigade de Los Angeles, Richard Fleischer dépeint un portrait de flic qui prend aux tripes, marqué par une violence qui ne prévient pas. Mais c'est aussi l'occasion pour le cinéaste de creuser l'aspect humain de ce mythe urbain qu'est la ronde de nuit. A coup d'ambiances nocturnes joliment troussées, Fleischer nous fait profiter du shoot quotidien que s'enfilent ces drogués de l'adrénaline en traquant le truand.

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Appelés pour diverses raison, parfois légères et amusantes, mais le plus souvent inquiétantes et dévastatrices, ces hommes, dont le travail est ingrat parce qu'il n'est reconnu réellement que par leurs pairs, semblent être condamnés à deux destins possibles : la civière ou la solitude. En cela, on pourra reprocher à Fleischer de broyer du noir à n'en plus finir, mais c'est aussi ce côté sans concession qui fait tout le piment du cinoche ricain des années 70. Brutal, sans état d'âme, à l'image de cette fin à l'impact fou parce qu'elle remet les pendules à l'heure de manière totalement inattendue, Les flics ne dorment pas la nuit est caractéristique de son époque.

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Il est porté par une mise en scène qui sait se faire discrète pour laisser son sujet s'exprimer. En dehors de quelques séquences un peu plus personnelles, la révérence du maître par la poudre, la course poursuite en mode poupée de chiffon le bras pris dans la portière, ou la fusillade dans un tunnel qui s'éteint progressivement au fur et à mesure qu'un salopard éclate les suspensions lumineuses, Fleischer se contente de choisir le bon point de vue et de laisser faire ses acteurs. Il faut dire que lorsqu'on a dans ses leads le mythique George C. Scott, le choix semble évident ! Il forme avec Stacy Keach, qui ne démérite pas face à la légende, bien au contraire, un duo touchant emprunt d'un réalisme qu'on ne met pas en doute.

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Passionnant parce qu'il se fait avant tout l'écho d'hommes qui ont le coeur envieux de s'exprimer, Les flics ne dorment pas la nuit abat ses cartes avec une efficacité redoutable avant de nous filer le coup de grâce au moyen d’un final typique de la fièvre agonisante des 70's. On pourra certes reprocher à Fleischer un laisser aller un peu cavalier pour l’ellipse temporelle ainsi qu'un choix discutable de ne pas étayer son propos à travers les différents personnages qu’il avait pourtant introduits — des trois rookies qu’on nous présente, seul celui incarné par Keach sera développé—, mais l'impact rageur qui habite son film nous fait rapidement oublier ces petits soucis narratifs.

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On peut alors remettre l'oeuvre en perspective, afin d'en tirer un constat sans appel : rares ont été les films de flics à s'intéresser de si près à ce premier rempart policier qu'est celui de la patrouille de rue. Et après visionnage de la proposition de Fleischer, on pense forcément aux multiples séries qui en ont découlé, qui y ont puisé chacune une inspiration certaine. The Wire, New York 911, Southland empruntent forcément un petit bout de l'âme de cet uppercut à la tristesse absolue que signait Fleischer avec Les flics ne dorment pas la nuit et dont on se rappellera, longtemps après la séance, l’ambiance funeste bercée par la partition hypnotique de Quincy Jones.
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Wicker man (The) (1973) - 6,5/10

Messagepar osorojo » Mar 02 Sep 2014, 22:40

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THE WICKER MAN

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Robin Hardy (1973) | 6.5/10
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C’est l’esprit tiraillé que j'entame la rédaction de cet avis qui sera sans aucun doute très bougon. D’un côté, The Wicker man m’a fait l’effet d’un joli manège narratif, qui a réussi à me mener par le bout du nez vers un dénouement que je n’ai pas vu venir mais d'un autre côté, ses intarissables métaphores, très lourdes de sens, m'ont passablement agacé.

L’idée de départ est pourtant efficace : enfermer sur une île peuplée de raëlien un catolique pur jus illustre en effet à merveille le paradoxe de la religion. N’importe quel message, si stupide et atroce soit-il, s’il est véhiculé par une masse d’esprits prêts à le croire, peut faire agir les foules. Voir notre petit inspecteur, enfermé dans ses propres croyances au point de rejeter tout ce qu’il côtoie de différent, en dit long sur l’intolérance d’une âme frôlant l’intégrisme. Malheureusement, de ce pitch prometteur, Robin Hardy va tirer une farce fortement exagérée dont la parabole religieuse finit par paraître un brin forcée tant elle manque de nuance. Sa symbolique omniprésente par exemple, si elle m’a amusé au début du film, a fini par me lasser.

Et pourtant, en dépit de l’exagération constante qui anime le film, de ce personnage trop caricaturé (non, monsieur le policier ne butinera pas la fleur avant le mariage) qu’est notre seul contact de confiance ainsi que de cet abus métaphorique qui caractérise l’île et ses habitants, se dégage de The Wickerman quelque chose d’hypnotique. Une sensation d’être devant une œuvre singulière, taillée dans un bois exotique à l’essence rare. Et comme tout objet un brin incongru, les sensibilités altèrent son appréhension.

Pour ma part, si la séance fut amusante, elle ne m’a toutefois pas complètement convaincu. J’en retiens une ambiance glauque réussie, quelques scènes remarquables (celle où Willow — pas le nain ! — se la joue petite sirène et essaye d’ensorceler notre horny cop, la scène dans la classe, « you little liars » ainsi que toute la fin évidemment) et son puissant sous texte sans fioriture mais y regrette l’absence de cette nuance salutaire qui aurait pu faire basculer le film de la farce revendicatrice vers le thriller noir efficace. Histoire de goût, probablement.
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Messagepar Mark Chopper » Mar 02 Sep 2014, 22:58

Pas vu, mais c'est sans doute moins drôle que le remake :chut:
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Messagepar osorojo » Mar 02 Sep 2014, 23:12

Il a l'air bien gratiné effectivement le remake :eheh: Avec Nico en plus :mrgreen:
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar KreepyKat » Mer 03 Sep 2014, 00:31

Je souscris à ta critique, même si pour moi, l'ambiance incroyable prend le pas sur les défauts (j'avais parlé je sais plus où de chef d’œuvre perfectible, ça résume bien mon rapport au film).
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar puta madre » Mer 03 Sep 2014, 09:31

C'est vrai que le manque de nuances et le caractère hybride peuvent déconcerter à la première vision. Je me souviens m'être demandé s'il fallait rire ou pas devant certaines séquences, d'autant que la version cinéma chamboule leur chronologie (la danse de Willow notamment qui s'y déroule la première nuit), ce qui ne permet pas de s'acclimater "en douceur" à son ambiance particulière.
Mais la caractérisation tranchée passe mieux à la deuxième vision, une fois qu'on connaît le fin mot de l'histoire, grâce au final qui cultive l'ambiguïté: qui a tort? Qui a raison? Peut être personne puisqu'il est avant tout question de Foi.
Concernant le personnage de Howie, on peut le voir comme une critique de l'Angleterre conservatrice face à l'émergence des mouvements hippie (la secte de Summerisle fait beaucoup penser à ce mouvement) et son comportement doit quand même refléter certains existant à l'époque où le film a été tourné. 
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Mer 03 Sep 2014, 09:41

Oui, je l'ai pas écrit (j'ai galéré pour écrire 3 lignes pour le coup xD), mais c'est clair que les insulaires sont tout droit sortis de Woodstock :mrgreen:

Mais la métaphore religieuse vampirise à mon sens trop le film, y compris ce choc des cultures qui est réduit finalement à une simple question de foi, ce que j'ai trouvé un peu court.
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Fugue (La) - 8/10

Messagepar osorojo » Mer 03 Sep 2014, 21:04

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LA FUGUE / NIGHT MOVES

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Arthur Penn (1975) | 8/10
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Marqué par le désespoir typique des 70's, sous ses airs de polar peu nerveux, Night moves cache un portrait d'homme construit avec minutie. A cette occasion, Arthur Penn déverse sur bobine une belle somme d'influences : du film d'enquête traditionnel, il initie son histoire, avant de l'assaisonner à la sauce néo-noire avec générosité. Le personnage de Gene Hackman, détective blasé typique du genre, devient alors le centre de toutes les attentions. Omniprésent dans le cadre, seul son point de vue permet de suivre l'histoire, ou d'en perdre le fil lorsque le détective se trompe de pistes.

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Il est agréable d’assister à une œuvre dirigée par un auteur qui sait où il veut aller. Il est évident que ce qui intéresse Penn dans Night Moves tient d’avantage de l’étude de personnage, à travers celui incarné par Hackman, que du véritable film d’enquête. Rien de bien surprenant alors à ce que la résolution de cette dernière soit un peu embrumée, presque accessoire. L’important n’est pas l’arrivée au bout du chemin, mais l’état d’esprit du personnage lorsqu’il remet un coup de talon vers la prochaine séquence de sa vie.

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En cela Night Moves sait être touchant. Gene Hackman apporte à Harry son charisme naturel et en délivre une composition très pertinente, dans la douceur et la tolérance. Inspirant d’emblée le respect, dans sa réaction vis-à-vis de sa femme qui le trompe d’abord, de cette adolescente perdue qui trouvera en lui une figure paternelle rassurante ensuite, il parvient aussi à émouvoir lorsqu’il confesse, un sourire de circonstance aux lèvres, les yeux fuyants, une rencontre manquée avec son père. Arthur Penn construit le personnage de telle façon, que régulièrement, l’enquête ne nous semble plus si importante.

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Et pourtant, elle est toujours bien présente, en toile de fond. Traitée de façon un peu cavalière certes, mais toujours dans l’optique de redonner un coup de fouet à l’intrigue pour contraster avec l’errance psychologique des personnages. Penn se laisse même aller à finir son film en accélérant le métronome sans prévenir, lors d’un final assez rageur, marqué par un face à face terrifiant entre le détective et celui qu’il a cherché pendant tout le film, qui trouve dans son dépouillement sonore un impact surprenant.

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En bref, Night Moves est un film transgenre très agréable, qui capte l’attention au moyen d’une enquête classique dans son fond, mais dont le déroulement atypique, focalisé sur la psychologie des personnages qui s’y rencontrent, fait tout l’intérêt. Il est également l’occasion de croiser à l’écran la toute jeune Melanie Griffith qui donnait déjà de sa personne alors qu’elle n’avait que 17 piges et un James Wood tout juste sorti de l’acné, dont le visage reconnaissable entre 1000 filait déjà la banane.
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Complices de la Dernière Chance (Les) - 8,5/10

Messagepar osorojo » Jeu 04 Sep 2014, 22:12

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THE LAST RUN
LES COMPLICES DE LA DERNIÈRE CHANCE


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Richard Fleischer (1971) | 8.5/10
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A l'image de ce magnifique coupé allemand au moteur revanchard qui l'introduit avec raffinement, The last run fait l'effet d'un polar rutilant qui ne manque pas de classe. Relativement boudé par la critique à sa sortie à cause de sa production compliquée (Fleischer prit la suite de Huston qui s’échappa du tournage après s'être mis sur la tronche avec C. Scott), ce Drive à l'ancienne avait pourtant dans sa besace une sacrée paire d'atouts gagnants.

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A commencer par le savoir faire de Fleischer qui emballe le film avec un sens du rythme à toute épreuve. Patient lorsqu’il laisse ses personnages se construire aux moyens de dialogues faits de punchlines saisissantes, mais rageur lorsqu’il invite, pied au plancher, l’action à l’écran. Sans crier gare, il nous transporte dans des courses poursuite en pleine montagne où les pneus laissent une bonne partie de leur gomme sur le bitume à chaque virage et les fins de courses se célèbrent en atomisant les pauvres carcasses n’ayant su rester sur la bonne trajectoire. Chaque engagement mécanique est l’occasion pour le réalisateur de sortir l’artillerie lourde : plans à ras du sol, prises de vue d’ensemble afin d’offrir une limpide lecture de chaque scène et travail sur le son prodigieux. Le résultat est sans appel, on n’a jamais été aussi près des moteurs, et lorsque le sifflement du turbo s’immisce dans nos tympans, c’est pour un fin de course empreinte de frissons.

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On sent dans the last run un intérêt très prononcé pour les sports mécaniques. Tout le film est d’ailleurs une belle métaphore sur pistons symbolisant la résurrection éphémère d’une âme qui s’est laissée endormir par une vie tranquille. Fleischer commence son film avec Harry en train de régler le moulin, l’œil vif, le geste sûr, de son fidèle destrier. Sa décision est sans appel, finies les journées tranquilles ! Au moment où ce moteur, qu’il a laissé dormir trop longtemps sous bâche, rugira de nouveau, il retrouvera ses 30 ans, pour un dernier tour de piste. Le parallèle entre l’homme et la voiture sera totalement exploité par Fleischer : quand Harry castagne du salop, c’est à coup de capot, quand il retrouve toute sa vitalité, le turbo est en surrégime et enfin, quand il trébuche, sa monture d’acier est mal en point également.

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La trogne bien marquée de l’ami C. Scott apporte à son personnage le parfait équilibre entre apathie et assurance. Sa rencontre avec le fougueux Tony Musante, qui symbolise en partie ce qu’a pu être sa jeunesse, et la complexe Trish Van Devere (qui remplaça au pied levé Tina Aumont qui avait fui, au même titre que Huston, le fort tempérament de C. Scott ! ), qui est très certainement la personnalité la plus subtile du film, permet à Fleischer d’inscrire son portrait de truand sur le retour dans un contexte de polar nerveux mais aussi de jouer au jeu du miroir générationnel avec une belle finesse. Nul besoin de remonter le temps, si les aiguilles tournent inéluctablement, les coups, eux, restent sensiblement les mêmes, leur mécanique ne change pas et les hommes qui les mènent non plus. Il faut pouvoir compter sur son talent, mais aussi sur sa chance, pour sauver sa peau. Et si l’on devine qu’Harry a joué cette carte juste avant de prendre sa retraite, son retour dans la partie est l’occasion de transmettre le totem à la nouvelle génération, aussi ingrate soit-elle. Les derniers mots du jeune homme à l’égard de son aîné seront effectivement révoltants pour nous spectateur, qui nous sommes attachés au patriarche dès les premières secondes du film.

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A la maîtrise technique de Fleischer, son habileté à dépeindre des personnages passionnants et son absence totale de concession lorsqu’il filme la mort, s’ajoute la belle partition de Jerry Goldsmith. Les poursuites sont agrémentées d’une ambiance sonore remarquable qui contribue à la dynamique de chaque séquence. C’est de toute façon à sa bande son que l’on sait si un polar burné des 70’s est complètement réussi. The Last Run coche toutes les cases sans broncher et passe directement pour moi dans les têtes de série du genre.
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