Sur la trace du serpent, de Lee Myung-se (1999)
(Nowhere to Hide)
(Nowhere to Hide)
L'histoire : Deux policiers enquêtent sur un meurtre. Ils découvrent très vite l'identité du coupable, mais celui-ci ne cesse de leur échapper...
Pas d'enquête à proprement parler dans ce polar, mais une histoire réduite au strict minimum : en gros, on y suit deux policiers opiniâtres qui tentent d'arrêter un assassin. Mais celui-ci leur échappe à chaque rencontre... Avec ce matériau de base, Lee Myung-se décide de se faire remarquer avec une mise en scène m'as-tu-vu. Cette approche était celle de certains cinéastes japonais dans les années 1960 : simples employés des studios, ils n'avaient aucun droit de regard sur le scénario (le plus souvent : des polars ultra-classiques avec des personnages peu travaillés) et le casting et jouaient la carte du style (c'était le cas, notamment, de Seijun Suzuki...). Mais si le style pop du polar japonais des années 1960 conserve un charme suranné, ce n'est pas le cas de Nowhere to Hide. Lee Myung-se nous inflige, de manière gratuite et constante, des effets hérités de MTV : du noir et blanc qui ne sert à rien, du slow motion à tout bout de champ, des arrêts sur image... C'est bien simple, il en fait trop. Au point de flinguer l'impact de ses scènes de tension et d'action. Et c'est dommage car, de temps en temps, il propose de vrais moments de grâce et de poésie morbide. Il parvient ainsi à signer une magnifique conclusion, inspirée du western, qui se révèle épique alors qu'elle est rythmée par un titre des Bee Gees (il faut le voir pour le croire). Les délires du style, qui parviennent à rendre brouillonne une histoire pourtant simplissime, se révèlent d'autant plus rageants que Nowhere to Hide présente de grandes qualités : une esthétique un peu cradingue, qui sent le bitume, et qui rappelle plus le polar HK pré-rétrocession que le style ultra-léché du polar sud-coréen (tel qu'on le connaît depuis Old Boy). Il est, surtout, tiré vers le haut par l'interprétation de Park Jung-hun, très attachant en chien fou, conscient qu'il fait un métier de merde qui ne lui apportera jamais la moindre considération et qui se sait incapable de faire autre chose (notamment de fonder une famille). Il fonce donc dans le tas, toujours tête baissée, avec un charisme monstrueux. Au final, ce polar se révèle tout aussi agaçant que touchant et peut mériter une note de merde comme une note du cœur. Je coupe la poire en deux, mais tiens à être clair : ce 5/10 ne veut rien dire.
Note : 5/10