[puta madre] Mes Critiques en 2014

[Alegas]

Un Jour de chance
La Chispa de la Vida — Alex de la Iglesia — 2011
7.5/10

Avec Un jour de chance, Alex de la Iglesia semble avoir mis un peu d'eau dans son vin. Après l'hystérique Balada Triste, il adopte ici un ton beaucoup plus posé et abandonne le côté farce de ses films précédents pour livrer une satire. On retrouve toujours la critique corrosive des institutions mais le trait est beaucoup moins appuyé. D'ailleurs, le film prend pour protagonistes des gens "normaux". Tout le but de la première séquence est de nous les présenter dans leur quotidien, nous montrer les problèmes financiers et de chômage auxquels ils sont confrontés, mais également l'affection que se portent les personnages incarnés par José Mota et Salma Hayek. Le film va opposer les anonymes représentés par ce couple et les différentes institutions que sont les hommes politiques, les hommes d'affaires, les médias, le corps médical (le médecin censé sauver le héros se préoccupe de son look à la télé), etc. Le film évite malgré tout le piège du manichéisme en nous montrant que personne n'est totalement bon ou mauvais, même si chacun favorise ses intérêts personnels.

Suite à un concours de circonstances, le héros va se retrouver le crâne enfoncé dans une tige métallique reliée à des rochers qui viennent d'être excavés et revêtent un intérêt historique. Le reste du film va décrire d'un oeil critique le cirque médiatique entourant cet évènement, les enjeux humains et les enjeux médiatiques ou politiques étant bien souvent incompatibles. Le film ne perd pour autant jamais de vue ses personnages puisque la relation Mota-Hayek reste au coeur du récit. Le héros s'avère un naïf victime du système et des circonstances qui va tenter de profiter de sa situation pour faire de l'agent. Salma Hayek, elle, s'avère étonnamment crédible en femme au foyer ordinaire. Le dernier plan sur l'actrice tout en rage et émotion contenues conclut le film de très belle manière.

En mariant humour, drame et commentaire social de manière quasi-indissociable, souvent au sein d'une même scène, Un jour de chance fait penser à certaines comédies italiennes de la grande époque. Alex de la Iglesia a beau avoir changé de style, son talent demeure...

[jean-michel]

Troupe d'élite je connaissais pas et vu le foisonnement de bonnes notes je vais m'y intéresser!! lol

[Dunandan]

Ben avec La cité de Dieu (dont il diffère beaucoup), c'est un peu LE film à voir sur les favelas

[maltese]

Il me tente bien ce Un Jour de Chance, vraiment curieux de voir ce que de la Iglesia a pu faire avec ce sujet…

[Alyosha]

Merci pour la note sur Un jour de chance ! ça fait vraiment envie ! (Je ne connais pas du tout de la Iglesia : ce serait un bon moyen de commencer !)

[Dunandan]

Ben justement, ce n'est pas forcément la meilleure porte d'entrée, dans le sens où ça semble (pas vu, mais c'est l'impression que ça me donne) s'éloigner assez de son univers inhabituel. Si tu peux plutôt choper Mes chers voisins ou Le crime Farpait à la place, pour commencer je pense que c'est pas mal

(mais bon je suis fan à la base de ce mec, aucun de ses films m'a déplu ou déçu ^^)

[puta madre]

Effectivement, Un jour de chance est atypique dans la filmo du cinéaste.
Les deux films cités par Dun' sont bien représentatifs de son style et constituent deux portes d'entrées idéales pour se familiariser avec son univers.
J'éviterais également de commencer avec Balada Triste, son film le plus excessif, voire "hardcore".
J'aime aussi beaucoup Morts de rires et Le Jour de la Bête (le premier film que j'ai vu du bonhomme, découvert un peu par hasard lors de sa diffusion sur Canal+, et qui m'avait bien fait délirer à l'époque). Et j'ai un petit faible pour Crimes à Oxford (tout le côté énignmes mathématiques, ça me plaît bien), même s'il s'agit d'un autre film atypique.
M'enfin j'aime tous ses films et il me reste uniquement Action Mutante et 800 balles à découvrir (pour de dernier, ça ne devrait plus tarder).
Son épisode pour l'anthologie télévisuelle espagnole était, de mémoire, fort plaisant également.
Bref, Alyosha, je ne peux que t'encourager à te pencher sur sa filmo

[osorojo]

Tu vas t'éclater avec 800 balles Puta ! ^^ Et Action mutante, c'est du De la Iglesia en train de germer (complètement foutraque !), j'ai adoré aussi. Deux films qui devraient te filer le smile

[puta madre]

Tu donnes envie, là...

[puta madre]

Les Salauds vont en enfer
Robert Hossein (et Georges Lampin) — 1955
5.5/10

S'il n'est pas tout à fait abouti, Les Salauds vont en enfer possède un côté désuet qui en fait le charme. Il prend pour protagonistes deux prisonniers, parmi lesquels figure une taupe dont on ignorera l'identité, qui vont chercher à s'évader pour se retrouver enfermés dans une bicoque perdue au milieu de nulle part avec une jeune femme dont ils ont assassiné le mari. Le film est divisé en 3 parties bien distinctes: la description de la vie en prison, l'évasion et la fuite, puis le huis-clos dans la bicoque. La partie carcérale est celle qui a le plus vieilli tant elle possède un côté film de prison "à papa" dans la manière dont elle traite ses personnages de brigands comme des figures romantiques et dans les rapports cordiaux que les prisonniers entretiennent avec les gardiens (l'un d'eux n'hésite pas à aller tailler le bout de gras dans la cellule des prisonniers sans risquer pour sa sécurité).

Au terme d'une demi-heure, cette partie s'achève avec l'évasion et la fuite des prisonniers. Une fuite qui permet de très belles vues dans des paysages déserts où les protagonistes vont devoir affronter les éléments, l'épuisement et leur méfiance réciproque. Une fois réfugiés dans la cabane, le film connaît un ventre mou, où le réalisateur n'arrive jamais à faire monter la tension et capter notre attention avec ses trois uniques personnages. Lors de la cohabitation avec la jeune femme, on ne craint jamais pour sa vie ou son intégrité. L'intérêt décroît donc assez rapidement, d'autant plus que dans son rôle, Marina Vlady confond mutisme et mollesse, si bien qu'on ne s'intéresse jamais vraiment à son personnage. Il faut attendre la partie vengeance pour que l'intérêt redécolle, même si les deux prisonniers se font balader un peu trop facilement. Deux personnages très bien interprétés par Serge Reggiani et Henri Vidal. Le film, réalisé par Robert Hossein, qui tient un petit rôle, et supervisé par Georges Lampin (quoi que cela puisse vouloir dire) possède un très beau noir et blanc et s'avère visuellement travaillé.

Au final, le tout manque de rebondissements pendant le passage charnière entre le deuxième et le troisième tiers. Les Salauds vont en enfer marquait le début de la longue collaboration entre Hossein et Frédéric Dard. Une collaboration qui s'avérera beaucoup plus convaincante sur l'excellent Le Monte-charge réalisé par Marcel Bluwal quelques années plus tard...

[pabelbaba]

Le Monte-charge excellent, t'es un peu péremptoire! Va falloir dégainer les arguments parce que je me souviens avoir été un brin généreux avec lui.

Et Hossein réalisateur, ce n'est pas de super souvenirs, son western zappata est un peu tout pété.

[puta madre]

Et j'assume mon ton péremptoire!
Mon visionnage date un peu, donc je vais avoir du mal à étoffer, mais je le souvenir d'un suspense bien géré et d'une très bonne impression globale.

Sinon, c'est vrai que Une corde, un colt, c'était pas terrible, mais plutôt rigolo (rien vu d'autre de Hossein réalisateur).

[pabelbaba]

De mon côté, c'était Le Goût de la Violence, complètement foireux.

[puta madre]

J'éviterai de me l'infliger alors

[Alegas]

Et... ta mère aussi!
Y tu mamá también — Alfonso Cuarón — 2001
6.5/10

Challenge découverte été 2014

Alfonso Cuaron livre un road movie assez réussi, une espèce de tranche de vie nous racontant les péripéties de deux adolescents partis en virée avec une adulte qu'ils espèrent tous les deux "choper". La première partie nous décrit de manière "vraie" le quotidien de ses deux personnages ainsi que leur insouciance, leurs principales préoccupations étant le sexe, la boisson et la drogue. Cette virée va être l'occasion de mettre en contraste leur jeunesse avec les préoccupations d'adulte personnifiée du personnage de Maribel Verdu. Une opposition bien résumée par un plan où Cuaron va filmer son actrice, en pleurs, enfermée dans une cabine téléphonique alors qu'un reflet nous montre les adolescents en train de faire les cons autour d'une table de billard. Le film contient plusieurs jolis plans séquences (en voiture, dans le bar à la fin) qui laissent les personnages prendre possession des scènes sans qu'il n'y ait de coupe.

Le film n'est pas dénué d'humour et ces deux personnages, un peu crétins, s'avèrent attachants dans la façon dont ils se chamaillent constamment. Le film est alourdi par une voix off inutile qui vient sporadiquement nous révéler des anecdotes sur le passé ou le devenir de tel ou tel personnage mais n'apporte absolument rien au récit. Elle s'avère même absolument ridicule lorsqu'elle vient nous dévoiler l'avenir d'un troupeau de porcs venus saccager le campement des héros . La fin dessert également le film car en voulant absolument nous montrer que le schéma de passage à l'âge adulte avec les renoncements que cela implique est inévitable, le réalisateur vient jouer les vieux cons moralisateurs là où le film aurait dû s'achever sur une célébration de la liberté de la jeunesse. Une fin qui plombe un ensemble très sympathique jusque là.