Après ma petite blague, voila la vraie critique de :
THE RAID 2 commence 2h après la fin du premier épisode. Rama, notre casseur de mâchoire adoré se voit dans l'obligation d'infiltrer l'une des deux familles mafieuses imposant leur loi à Jakarta. Sous une fausse identité, il va devenir homme de main pour le compte du fils (et successeur) d'un des gros caïd du milieu. Cette mission, déjà difficile, va être compliqué par la naissance de tensions entre les deux familles mafieuses.
(Attention, introduction trop longue) :
Alors là, je dois dire que je suis dans l'obligation de tirer mon chapeau (et ma casquette) au réalisateur/scénariste/monteur Gareth Evans. En seulement deux films, ce jeune réalisateur venu du documentaire a réussi le tour de force de mettre au placard 10 ans de domination de films de baston thaïlandais. Lancée par ONG BAK et autre BORN TO FIGHT, cette vague de film fit découvrir aux occidentaux l'efficacité des coups réellement portés ainsi que les plans-séquences laissant l'action se dérouler sur la longueur. En l'espace d1h30, les bastons mollassonnes surdécoupées à la MATRIX devinrent ringardes et obsolètes. Le seul gros problème de nos amis thaïlandais était un je-m'enfoutisme évidant concernant la mise en scène de leurs films (ne parlons même pas du scénario).
Et c'est là qu'arrive le petit Gareth Evans accompagné par son sens du cadre, du rythme et de l'esthétisme. Avec son premier film MERANTAU (sortie dans nos contrées en 2009), Evans suprenait son monde en nous présentant un film de baston couillu, violent... mais magnifiquement réalisé. Cadres soignés, lumières composées, on sent que le mec est un passionné de photographie et que, contrairement à ses prédécesseurs, il refuse de bâcler sa réalisation. On était donc en raison d'attendre sa prochaine réalisation... à raison.
Malgré tous ses défauts, THE RAID modifia la géographie mondiale du film d'action : jusque-là tournés vers la Thaïlande, les amateurs de grosses tatanes découvraient l'Indonesie et l'art subtil du Pencak-Silat. Si nous étions à peu prés tous d'accord pour dire que les scènes d'action du film retournaient la rétines, beaucoup de flechettes avaient été tirées sur le film à propos de son vide scénaristique et sur l'abscence totale de caractérisation des personnages.
(Fin d'introduction trop longue).
Le moins que l'on puisse dire, c'est que THE RAID premier du nom ne laissait en rien présager de sa suite. Si ce dernier était un film pretexte, vide et spatialement étriqué, sa suite se trouve être une véritable fresque mafieuse, aux personnages nombreux, aux enjeux multiples et aux décors aussi variés que spacieux. Il est évident que Evans a enfin eu les moyens de ses ambitions et, on découvre ébahis qu'il n'est pas seulement un réalisateur ultra-efficace, mais un conteur ambitieux qui veut nous raconter une grande histoire. Avec
THE RAID 2, Evans accouche tout simplement de son GOLDFATHER à lui (toutes proportions gardées).
Ce qui étonne en premier lieu c'est la mise en scène qui, dans ses moments d'accalmies, renvoie clairement à Nicolas Winding Refn. Cadrages pointilleux et géométriques, dominantes mocochromatiques et caméra avançant dans d'immenses décors vides... on a parfois l'impression de regarder DRIVE ou ONLY GOD FORGIVES. Par contre, lorsque l'action prend le dessus, on retrouve la même mise en scène que THE RAID premier du nom, basée sur des plans-séquences ultra neveux. La vraie différence est inhérente aux décors : ayant plus d'espace, les comédiens galopent dans tous les sens... ainsi que le caméraman. Certains plans souffrent donc d'un abus de shaky-cam ne rendant pas justices aux magnifiques chorégraphies du film.
THE RAID 2 est également un monument de brutalité où chaque coup fait mal, très mal. Le réalisateur se fait plaisir en nous présentant une foutritude de personnages secondaires utra balèzes qui frappent, égorgent, brisent et fracassent comme personne avant eux. Evans réussi également le tour de force de nous étonner : oui, vous allez voir des choses que vous n'avez jamais vu dans un film d'action : combats épiques, courses poursuite, fusillade mastoques,
THE RAID 2 vous remplie la rétine d'une violence aussi brutale que jouissive.
Alors oui, le film est loin d'être parfait : souvent bavard, parfois pas très clair et jamais subtile... mais tellement généreux qu'on lui pardonne ses quelques écarts de bon goût (et de bon sens).
THE RAID 2 est une réussite totale dans le sens où il transcende son matériaux de base (THE RAID) pour le sublimer. Avec ce film, Gareth Evans entre définitivement dans la cour des grands, ringardisant tous les réalisateur de film d'action hollywoodiens du moment. Passionné et sévèrement couillu, Evans effectue avec brio la synthése de trois genres différent - action, mafia et baston - et nous nous livre un film si généreux qu'on ne peut que l'aimer.