⌲ THE AMAZING SPIDER-MAN 2 (2014)de Marc Webb avec Andrew Garfield, Emma Stone, Jamie Foxx, Dane DeHaan, Campbell Scott.
Histoire: Ce n’est un secret pour personne que le combat le plus rude de Spider-Man est celui qu’il mène contre lui-même en tentant de concilier la vie quotidienne de Peter Parker et les lourdes responsabilités de Spider-Man. Mais Peter Parker va se rendre compte qu’il fait face à un conflit de bien plus grande ampleur. Être Spider-Man, quoi de plus grisant ? Peter Parker trouve son bonheur entre sa vie de héros, bondissant d’un gratte-ciel à l’autre, et les doux moments passés aux côté de Gwen. Mais être Spider-Man a un prix : il est le seul à pouvoir protéger ses concitoyens new-yorkais des abominables méchants qui menacent la ville. Face à Electro, Peter devra affronter un ennemi nettement plus puissant que lui. Au retour de son vieil ami Harry Osborn, il se rend compte que tous ses ennemis ont un point commun : OsCorp.
Si 2012 ne fut pas la meilleure année cinématographiquement parlant (quoique comparée à 2014 c’était du grand cru), l’annonce d’un reboot de la franchise de l’homme araignée, seulement 5 ans après la fin de la très cool trilogie signée Sam Raimi, raisonna comme une des plus belles anneries de ses dernières années. Confirmation à la vision du premier volet, porté par le cool Marc Webb (500 jours ensemble) et affublé d’un nouveau couple d’acteurs beau et à la mode et qui récolta sans soucis la palme du film le plus inutile dans le genre spécifique des films de super-héros comme dans le paysage cinématographique tout entier. Un nouveau Spider-Man fade, dénué d’humour, bercé à l’eau tiède et terriblement neuneu symbolisé par Gwen Stacy qui est à Mary Jane/Kristen Dunst ce que la citrouille est au carrosse. Alors la seule question qui vint fut de demander pourquoi ? Quel intérêt de ne rien de proposer de plus mais surtout de mieux que la franchise initiée en 2002 si ce n’est pour attirer le public d’aujourd’hui en créeant un "ship" (quitte à mettre les deux acteurs ensemble dans la vraie vie, ça alimente encore plus le buzz autour du film) et pour évidemment se faire un peu (…) d’oseille ?
L’introduction du second opus, que l’on ne pouvait plus empêcher de toute façon -la machine étant lancée- continue sur cette lancée et le questionnement permanent de l’intérêt de cette nouvelle franchise puisque tout est annoncé dès le départ: cette suite sera mal filmée, sauvée aux yeux du grand public assis dans son fauteuil de cinéma par son aspect spectaculaire et ses effets spéciaux ultra-lisses. Alors certes, l’humour est plus présent et on sent dès le début la volonté de faire un film plus léger, et sur ce point là c’est assez efficace. Certes l’introduction du personnage de Jamie Foxx est plutôt habile et jusqu’à sa transformation, il est plutôt bien géré. Mais il n’empêche que tout de suite, on constate que le film emprunte toujours les mêmes fils narratifs, que Webb n’est toujours pas là pour créer quoi que ce soit, pour proposer quelque chose de différent. On est en pilote automatique très vite et l’attention va se concentrer sur tout sauf sur les commandes, quitte à risquer le crash.
The Amazing Peter Parker
Car l’énorme problème de ce film encore plus que pour le premier, c’est le chemin qu’il arpente. Ou tente d’arpenter. Tout l’arc sur les parents de Peter et le discours sur l’héritage paternel est d’une: totalement bidon (un simple prétexte pour varier le récit et apporter une touche d’aventure -foirée- à l’ensemble) et de deux ruine petit à petit, tout au long du film les batissements du genre même du film de super-héros. La figure du père brouille toutes les pistes avec Spider-Man et donne trop d’importance à Peter Parker, le détache de son alter-égo et finit par effacer l’intérêt même du héros au profit de l’homme. La volonté maladroite d’humaniser au maximum le héros écarte totalement Spider-Man des débats et le marginalise. Il n’y a aucune envie de déconstruire le mythe, même pas de le regarder en face puisque le film pose ses yeux ailleurs et préfère mettre en avant du romantisme mielleux. Peter et son père sont donc les véritables héros du film qui s’égare totalement du sujet et se prend les pieds dans le plat (il tentera à la toute toute fin de se remettre les idées en place mais ça viendra trop tard).
L’autre problème majeur de ce pas-si-Amazing Spider-Man vient de l’aspect "fake" de l’ensemble. On avait déjà pu le constater dans le premier opus mais les dialogues semblent être déconnectés de l’action, comme mal placés, exactement comme les acteurs qui ont l’air au bord de l’impro (c’est très évident lors des scènes du couple IRL Emma Stone-Andrew Garfield) et surtout distancés du regard du réalisateur, sans doute parti manger un kebab pendant que les deux gus pendaient en plein milieu du fond vert. A côté de cet aspect vient celui du ridicule, porté par les (trooooop) nombreuses scènes d’amourettes entre Peter et Gwen. Le film est déjà assez long pour poser vingt minutes de "je t’aime, moi aussi", de regards remplis de barbe-à-papa et de bisous baveux. Trop romantique et trop décalé par rapport au reste pour sonner juste. Alors certes, Gwen Stacy est un poil moins potiche que dans le 1 et Tante May est moins con que celle des Raimi mais les personnages secondaires, et surtout les méchants sont une catastrophe. C’est bien simple, dès qu’il se transforme, Jamie Foxx devient ridicule. Dane DeHaan (que j’aime bien) joue trop sur sa voix, sur sa coupe de cheveux pour camper un Harry Osborn crédible. Mais ne parlons pas de son alter-égo qui a autant d’intérêt que Jérémy Ménez sur un banc de touche. Ne parlons pas non plus du docteur Kafka ou de toute cette scène au labo pour ne pas tomber dans la méchanceté.
Reste que tout ou presque sonne faux. Qu’on est en hors sujet par rapport au genre du film et que Spider-Man n’existe pas. New-York non plus d’ailleurs, filmée comme Saint-Dié des Vosges et qui n’apparait jamais comme elle devrait l’être: l’amie protectrice du super-héros. Mais le pompon reste quand même cette fin à l’usine, ou le rire ne suffit plus mais ou les bras en tombent. Nous ne sommes plus devant un film, plus au cinéma, plus devant un film d’action (pas la moindre tentative de combat chorégraphié) mais devant un fond vert. Et là je sors, je décroche et ça me dérange. C’est artificiel et tout ce qui suit ne peut que sonner faux. Ce second opus n’est donc pas une catastrophe et comparé à la mare de reboots inutiles il ne se noie pas mais barbote sévère, restant regardable mais aussi totalement boursouflé, animé par un mercantilisme et une niaiserie commerciale évidentes et brille avant tout par son manque d’originalité, de charme, pour au final tomber dans l’oubli le plus général. Jusqu’au prochain opus…
4/10