Accidentellement Oida renverse un homme et sa fille, les tuant sur le coup. Il écope d’une peine de prison mais aussi d’un sentiment de culpabilité auprès la veuve. Derrière les barreaux, il aura le temps de réfléchir quant à sa situation, la comparer avec la vie qu’il vient de détruire. Quelques jours avant de sortir, il fait la connaissance d’un homme, Sengoku, qui lui propose un marché afin de l’aider à retrouver sa place dans une société qui n’accueillera pas les bras ouverts un double meurtrier. Interdiction de poser des questions, il doit aller rencontrer la copine de l’homme pour connaître sa mission...
Premier polar urbain pour Hideo Gosha, et comme à son habitude le réalisateur s'en sort très bien, alliant un magnifique noir et blanc et une musique Jazzy.
L'histoire démarre sur un grave accident, Oida au volant d'une voiture accompagné du charmante demoiselle, renverse un père et sa fille: sa vie bascule. Dès les première images on comprend bien qu'il a tout pour réussir, et vit tranquillement sa vie. L'impact vient marquer la mort du personnage. Les apparitions suivantes, au commissariat, transmettent bien cela: le visage choqué, il entend la femme et mère de famille hurlant sa douleur...le regard noir, elle l’aperçoit. ses yeux sont remplis de haine. Cette image va surement le perturber tout au long de sa peine de prison.
Le film reprend quelques années plutard lors de sa sortie. Entre temps, il aura fait la rencontre de Sengoku qui lui promet plein de choses pour qu'il se refasse, à la condition de rencontrer son amie de sa part et de faire ce qu'on lui demande sans poser de question. Drole de concept, mais Oida est tellement perdu, proche de la mort, qu'il y va sans grande conviction...
Il va vite s'apercevoir qu'il est au beau milieu d'une sacrée histoire, mêlant vol, grosse somme d'argent, assassin, trahison...etc
Tout le reste du film a pour thème la rédemption plutôt que le pardon. Se mêlant dans une affaire qu'il ne le regarde pas, il cesse de faire preuve de bon sentiment en aidant chacune de ces personnes rencontrées alors que sa mission première est de les tuer...
Pour lui, il a tout perdu: il est déjà mort depuis cet accident. Pire: il pense même que la veuve est moins à plaindre que lui. Complétement vide, il va gérer ses histoires au fur et à mesure et profite de la traitrise de son ami de cellule, pour racheter ses fautes comme il peux...
Polar urbain très sombre, Gosha maitrise son sujet jusqu'au bout aidé par le terrible acteur Tatsuya Nakadai, jouant une fois de plus, magnifiquement bien son rôle. La musique jazzy de Masaru Sato se marie très bien avec le N&B sombre des rues japonaises.
Mise à part quelques longueurs, on s’intéresse assez facilement à cette aventure de cet homme qui n'a plus rien à perdre en quête de rédemption. Une fois de plus Gosha maitrise sa mise en scène, ses plans, sa lumière. Il nous emmène, la nuit, parcourir des coins sombres ou règne désillusion: cabaret avec prostitués, parc d'attraction fermé, station d'épuration...
Un très bon polar urbain qui fait plaisir.
Note: 7.75/10