Du bon, du moins bon, un sentiment de "ça aurait pu être mieux" et dans l'ensemble un livre intéressant mais qui s'éparpille trop. L'histoire de ce Adam Kindred, cadre lambda qui doit, du jour au lendemain, repartir de zéro, est plutôt bien lancée et c'est quand Boyd touche le point du socle de l'être social qui se détruit et qui doit se rebâtir petit à petit en sacrifiant tout ce qui le rendait moderne et apte à survivre en société, qu'il est le plus passionnant. Malheureusement l'écrivain que l'on sent bercé par l'inspiration Dickensienne se perd dans l'artifice du point de vue multiple et qui n'arrive pas à rendre ses personnages secondaires aussi vivants et pesants dans le récit que Kindred. Du coup le livre se voit boursouflé de descriptions et de petits trains de vie dont on se fout pas mal, comme celui d'Ingram Fryzer (ou de son boulet de beau-frère), le patron d'une entreprise pharmaceutique corrompue. La dramaturgie et l'enquête liés à cette entreprise fonctionne d'abord mais s'essouffle trop rapidement pour laisser place au bon sentiment (re-Dickens du pauvre) voir à la mièvrerie. On regrettera aussi ce personnage de tueur à gage au profil d'ancien militaire un peu paumé et dont le potentiel n'a pas été puisé à fond. Quelques bons mots, des situations surprenantes par ci par là, et surtout une passionnante immersion dans le coeur de Londres et du drame de l'échelle sociale moderne malheureusement plombée par trop de blabla et une fin mielleuse. Moyen-plus, donc.
6/10