[Mark Chopper] Mes critiques en 2014

[Waylander]

Oui , ça doit être ça.

[Mark Chopper]

Soit t'as pas tout compris, soit t'as rien compris. Je me questionne...

On s'égare. On parlait d'aseptisation du cinéma HK et du bon vieux temps de Shing Fui On et Ebola Syndrome.

Je boucle la boucle avec des gifs pour connaisseurs :

[Waylander]

Vraie question pour le coup : ces films dont vous parlez, c'est juste choc pour le choc ou il y a un fond ?

[pabelbaba]

Ben on parle de la production HK en général, donc certains ont un fond, certain n'en ont pas. On ne parle pas de films en particulier.

[Mark Chopper]

Ebola Syndrome c'est choc pour le choc, à prendre au 125e degré. Ringo Lam, il y a un fond. School on Fire par exemple.

Entre les deux, tout un monde, vaste, qui, sans condescendance aucune, n'est certainement pas pour toi.

[Waylander]

J'ai pourtant essayé. J'aime bien ce que j'ai vu pour le moment.

[Mark Chopper]

J'y pense Papybaba : tu as vu Dream Home ?

[osorojo]

Ptain, t'es monté à 8.5 pour celui là Mark J'en un souvenir assez laborieux pour ma part, même si effectivement, ça y allait franc du collier dans le trashou

[pabelbaba]

Nan, pas vu, le slasher trop sérieux c'est pas ma came.

[Dunandan]

Bullet Ballet, de Shinya Tsukamoto (1998)

L'histoire : Bouleversé par le suicide de sa petite amie, un homme à l'aube de la quarantaine part à la recherche d'une arme à feu dans les bas-fonds de Tokyo. Il rencontre alors une bande de délinquants et se lie avec une jeune femme suicidaire...

Souvent présenté comme le Taxi Driver japonais, Bullet Ballet se rapproche davantage des films punks de Sogo Ishii tout en portant la marque de son auteur de sa première à sa dernière minute... A l'origine, Shinya Tsukamoto souhaitait évoquer le gouffre qui sépare sa génération, née quelques années après la guerre et à l'origine du boom économique des années 1980, d'une jeunesse en perte de repères, en proie à des pulsions de violence. Mais il faut bien reconnaître qu'ici, chaque génération semble victime et coupable de ces mêmes pulsions et tendances autodestructrices. Le personnage principal, interprété par le cinéaste lui-même, explore ainsi les marges de la capitale nippone et découvre ses âmes égarées.

Tabassage dans des ruelles sombres, pluvieuses et cradingues, flirts répétés avec la mort : nous sommes a priori en présence du film le plus sombre de son auteur à ce stade de sa carrière (il ira plus loin dans la noirceur avec Nightmare Detective 2). Toutefois, comme dans Tokyo Fist, la destruction s'impose comme une étape nécessaire avant la réinvention et la mort précède la renaissance... A l'image de ce dernier ou du premier Tetsuo, Bullet Ballet se présente comme une expérience sensorielle, avec un montage parfois épileptique, des effets sonores et une musique industrielle qui semblent interdire tout confort au spectateur. Jusqu'à son ultime scène, illustration d'une délivrance et lueur d'espoir. L'un des sommets de Tsukamoto.

Note : 8/10

[Kakemono]

Faudrais que je me refasse une rétro Tsukamoto dans les mois qui viennent, mais je pense que ce Bullet Ballet est, avec Tetsuo, ce que le réalisateur nous a en effet livré de plus percutant.

[osorojo]

Je préfère facile Tokyo Fist, j'avais été un peu plus mitigé devant Bullet Ballet.

Par contre une rétro du mec, c'est hard, faut vraiment avoir de la joie à revendre, sinon tu sors la corde

[Mark Chopper]

C'était ton dépucelage, ce n'est jamais parfait

[osorojo]

Nous ne voyons pas d'autre explication

[Dunandan]

Zebraman, de Takashi Miike (2004)

L'histoire : Un professeur peu respecté de ses élèves, mais aussi de sa femme et de ses propres enfants, ne trouve du réconfort qu'en se déguisant en Zebraman, héros d'une série télévisée de sa jeunesse. Un jour, il découvre que des extraterrestres menacent la Terre et que lui seul peut la sauver...

Takashi Miike livre, à travers cet hommage au tokusatsu, un film familial et tous ceux qui, comme moi, ont regardé des séries comme X-Or et Bioman lorsqu'ils étaient enfant regarderont ce divertissement avec le sourire aux lèvres. Alors oui les personnages portent des costumes ridicules et oui leurs chorégraphies/leurs pouvoirs sont nazes et Miike aurait pu se moquer de cet univers plutôt que de le traiter au premier degré... Mais ce choix aurait été trop facile et casse-gueule (de toute façon, les Inconnus sont déjà passés par là) : sur une durée de deux heures, un traitement cynique serait revenu à se tirer une balle dans le pied.

Au début, les amateurs du cinéaste se retrouvent en terrain familier. Un papa loser, une femme qui le trompe, une fille qui se prostitue et un fils qui se fait tabasser à l'école : on se croirait dans Visitor Q, le sexe et la violence en moins. Mais Miike s'éloigne de ses tendances perverses pour se rapprocher de Mars Attacks!, avec une histoire qui repose beaucoup sur son humour sans pour autant se révéler légère (on distingue, en filigrane, une évocation de la peur des étrangers). Au final, malgré un ventre mou, Zebraman s'impose comme un divertissement rafraîchissant, qui doit beaucoup au jeu de Shô Aikawa.

Ce qui fascine chez Takashi Miike, c'est sa capacité à illustrer ses thématiques (notamment l'idée d'une famille divisée qui finit par renaître) même lorsqu'il accepte une commande qui, sur le papier, paraît bien éloignée de son univers. Et ce, sans jamais renoncer à ses délires.

Note : 6,5/10