[Dunandan] Mes critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

Léolo - 6,5/10

Messagepar Dunandan » Sam 02 Aoû 2014, 00:42

CHALLENGE ETE 2K14

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Léolo, Jean-Claude Lozon (1992)

Curieuse façon de traiter du Coming of age, qui fait beaucoup penser à du Delicatessen par ses personnages et son intrigue complètement pétés, et une touche très québécoise dans l'âme et la mentalité dans la façon dont le surréalisme envahit des morceaux de vie folkloriques, voire ruraux (bien que ça se passe à Montréal).

Nous suivons toute l'histoire à travers les yeux, ou plutôt l'écriture, d'un jeune garçon s'appelant Léolo et qui s'évade de son quotidien misérable des années 50 par la force de son imagination débordante (influencée ici par la lecture d'un vieux bouquin laissé à l'abandon), représentée par une voix-off qui a un certain charme par son lyrisme et sa poésie à la limite du non-sens, et des ruptures de ton étonnantes en plein milieu du récit qui nous invite vers une sorte de voyage. Mais cette intrigue manque du coup de liant, comme s'il reflétait un esprit bien troublé par une famille et un environnement qui flirtent avec la folie. Ainsi, nous avons affaire à des épisodes teintés de poésie morbide comme tout le truc autour de l'obsession de la "marde", ou l'éveil sexuel d'un enfant qui connaît des expériences pour le moins spéciales, qui font leur petit effet. Bref, cette expérience atypique ne compose pas qu'avec des mots, mais c'est comme si on pouvait en sentir et en goûter la puanteur, et aussi parfois la beauté en dedans.

Pour ma part, je suis assez mitigé par une proposition qui me fascine et me révulse à la fois. D'un côté, l'écriture conçue comme réinvention de soi, et la bande-son qui se met au diapason des différentes atmosphères rencontrées (je retrouve le cosmopolitisme de Montréal), ont vraiment bercé ma séance. Par contre j'ai eu plus de mal avec une intrigue décousue au possible, et des passages vulgos parfois très limites qui accentuent un misérabilisme déjà bien chargé à la base. Malgré tout, il y a quelque chose d'étrangement attachant qui en ressort, comme ce cri d'une jeunesse qui obtient une certaine puissance lyrique (bien qu'un peu trop littéraire par moments), ces petits moments d'évasion, et le comportement de son frère qui est une autre manière, carrément physique, de faire face à ce monde effrayant d'adultes, mais qui n'apparaît pas moins fragile que son cadet. En tous cas, Léolo est un film qui ne peut laisser indifférent, et qui pourra être interprété et ressenti de plusieurs façons différentes.

Note : 6.5/10
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar francesco34 » Sam 02 Aoû 2014, 06:34

Faut que je me décide à le revoir enfin, ce film m'avait totalement fasciné à sa sortie ciné.
J'ai le dvd mais je me demande si je l'ai rematé entre temps, j'ai pas souvenir.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Sam 02 Aoû 2014, 06:39

Je viens de lire la critique d'Oso, on n'est pas trop d'accord en fait. Bon j'ai une ceinture verte en ciné québécois, ça peut jouer :mrgreen:.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar francesco34 » Sam 02 Aoû 2014, 07:22

Y'a quand même des films sympas de temps en temps au Quebec...
L'autre soir j'ai maté "Frisson des collines" à la télé, pas mal. J'avais vu aussi "Esimesac" assez sympathique.

Sinon pour Leolo, finalement je trouve ta note assez moyenne par rapport à ta critique.
Dans mon souvenir je mettrais 9/10, mais à la revoyure je sais pas.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Sam 02 Aoû 2014, 07:25

C'est parce que j'ai fait l'effort de relever les qualités, mais les deux défauts que j'ai souligné, ça pèse quand même beaucoup dans la balance. Tiens, moi aussi j'ai vu Esimesac, ma critique est d'ailleurs référencée.

(edit : ah merde il n'a pas fait long feu, le réal' de Léolo :?)
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Barton Fink - 8/10

Messagepar Dunandan » Lun 04 Aoû 2014, 00:30

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Barton Fink, Ethan et Joel Coen (1991)

Barton Fink a un statut atypique dans la filmographie des frères Coen, puisqu'il est issu d'une panne d'inspiration parvenue durant la conception de Miller's crossing. Ainsi, il s'agit sûrement (avec A serious man), de l'une de leurs oeuvres les plus personnelles jusqu'à date.

Difficile en effet de ne pas penser à eux en découvrant cet écrivain d'origine juive, invité à Hollywood après le succès critique de sa pièce de théâtre (tout en dénigrant les critiques littéraires, estimant que sa voix est plus intérieure), et obsédé par son désir de se rapprocher des gens du peuple alors qu'il semble plutôt cérébral et spirituel. Et les frangins savent y faire pour illustrer ce milieu hypocrite où ils n'ont rien à foutre, au fond, du génie créatif (dixit le producteur qui, par sa passion et son ignorance démesurées, semble refléter à la fois l'attrait des frères Coen ainsi que leur crainte par rapport à cette industrie qui semble ne pas comprendre ce qu'ils font), ou le déficit d'inspiration du jeune Barton Fink (dixit son hôtel décrépi, où s'installe une ambiance paranoïaque, voire fantastique, à mi-chemin entre Shining et surtout Les locataires, avec un soin du détail dans le décorum et les jeux de lumière, qui souligne bien cette solitude de se retrouver devant la page blanche fatidique). Malgré son apparente limpidité, je trouve que Barton Fink garde beaucoup de son mystère dans son dénouement, ce qui en fait aussi sa richesse (il y a plusieurs passages où on peut légitimement se demander si on se retrouve dans sa tête, et qu'il s'est peut-être inconsciemment créer un univers pour relancer la machine ...).

Bien sûr (comme tout bon Coen qui se respecte), il ne faut pas oublier ses personnages et ses dialogues hauts en couleurs, et d'une profonde intelligence entre deux salves sarcastiques, avec en tête, cet homme du peuple (John Goodman) qui va insuffler un peu d'inspiration à cet écrivain (John Turturo) par son imposante présence physique (dont l'arrivée est mise en scène avec un certain plaisir avec simplement des bruits de fond), ou cet auteur déchu (John Mahoney) qui noie son dépit dans l'alcool, accompagné d'une femme (Judy Davis) qui est à la fois secrétaire, amante, et muse inspiratrice.

Côté mise en scène, je la trouve en demie teinte. C'est l'un de leurs films les plus sages de l'époque, mais ça permet de mettre aussi l'emphase sur l'ambiance perturbante du voisinage et de l'immeuble conduisant à un cliff infernal (quelle sortie de John Goodman !), et la psychologie de son personnage principal.

En bref, une illustration sincère de la "page blanche", de la folie impliquée dans la création littéraire, et du milieu sordide d'Hollywood où se mêlent des personnalités pour le moins étranges et contradictoires. Nécessaire pour mieux comprendre les films des frères Coen, mais aussi un film qui peut très bien s'apprécier comme tel.


Note : 8/10
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Cold Fish - 9/10

Messagepar Dunandan » Mar 05 Aoû 2014, 18:02

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Cold fish, Sono Sion (2010)

Après le choc Love exposure, Sono Sion remet ça. Mieux, tout en retrouvant sa patte, il parvient à me surprendre. Pourtant, on retrouve en gros le canevas classique du film de serial killer avec le tueur qui manipule sa victime jusqu'à en faire son complice de fait par un jeu de dupes redoutable, sauf qu'il le vampirise totalement par son talent dans la rupture de tons, et la façon dont il imprime avec force sa vision du monde, qui fait violemment penser à un mixte de Seven et du meilleur de Shinya Tsukamoto. En somme, il nous livre un véritable électrochoc dans le genre.

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Quittant apparemment les rives du sectarisme religieux, Sono Sion en aborde un autre, celui plus insolite du commerce des poissons. Et c'est avec une certaine patate dans le montage et la bande-son qu'il aborde de front ce nouveau milieu, lequel est mené par l'intriguant, jovial, et presque hystérique patron qui semble diriger de main de maître tout son petit monde. Vient se mettre sur sa route une famille pas bien dans sa tête qui partage la même passion que lui pour les poissons, composée d'un mari frustré et faible, d'une femme qui se sent étouffée (boudée par sa belle-fille et qui s'emmerde comme un poisson mort), et d'une fille qui n'en fait qu'à sa tête et qui est récupérée par leur nouvel "ami" pour en faire quelqu'un. L'une des grandes forces du film, et qui caractérise le style du cinéaste japonais, est la façon dont sont figurés tous ces rapports de pouvoir, d'où se dégage une énergie aux formes extrêmement variées et qui provoque différentes émotions, du malaise à la fascination mi-amusée. C'est là que le cadre de l'action choisi est l'évidence même lorsque les apparences tombent, où le monde semble s'identifier à un immense aquarium où seuls les plus gros survivent aux dépends des plus petits.

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Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce film malmène son spectateur, empruntant la forme d'une spirale autodestructrice où la barrière de la morale semble de plus en plus diffuse au fur et à mesure que ça progresse, comme en témoigne le lieu du crime ... Pourtant, le personnage principal tient bon jusqu'à un certain point face à ce tueur (aux motivations sérieusement ambigües et loin d'être un serial-killer classique, puisqu'il compte bien remettre sur pied cette famille souffrant de sinistrose) qui le guide vers sa voie tel un nouveau converti, en s'enfermant dans une bulle à l'image des planétarium qu'il aime fréquenter, mais subrepticement il se laisse convaincre, d'abord comme spectateur d'une véritable vision d'horreur (Sion n'y va pas par quatre chemins lorsqu'on assiste aux routines du tueur), puis comme participant actif. De même, les partenaires sexuels (durant des séquences très hot) changent en fonction de la force de caractère du meneur. Ainsi, loin d'être gratuite, cette démonstration de sexe et de violence se met au service, avec une verve incroyablement puissante, sombre, et convaincante, d'un discours intelligent sur la façon dont le monde tourne, et de ce qu'il faut faire pour survivre ou exister en son sein, nous conduisant à une prise de conscience viscérale du faux qui régit les relations sociales, en premier lieu familiales. Ce qui permet donc de multiples combinaisons entre chair, sexe, et violence étonnantes, scabreuses, à la limite du grotesque.

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Bref, j'en suis encore tout retourné. Un film qui développe un profond humour noir, d'une pertinence rare sur la place de l'individu dans la société (et surtout dans la famille japonaise) d'aujourd'hui, servi par une perception claire des rapports humains, et en même temps guidé par une soif sincère de vouloir changer les choses, quitte à griller les repères moraux qui paraissent ici d'une maigre utilité (la religion comme le devoir familial), un poids mort qui empêche d'avancer dans la vie (cette non-soumission face aux conventions et la conversion du personnage principal me font vraiment penser à R100 de Hitoshi Matsumoto). Un film qui sonne comme une sirène d'alarme contre la frustration impliquée par le masque de la dissimulation, et la possibilité de se laisser influencer ou manipuler qui en découle, et où le message "tout détruire pour laisser la possibilité d'une renaissance" a rarement paru aussi percutant, désespéré, et peut-être (j'insiste sur le peut-être) salvateur. Sacrée trilogie thématique autour de la haine que nous livre ce réalisateur, tout en livrant ici un véritable film de genre, mais scellé de sa marque toute personnelle.

Note : 9/10
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Mar 05 Aoû 2014, 21:38

(de moi à la suite de la critique d'Oso')

(...) Bon je passe cette trilogie dans mes priorités pour ce mois d'août.


Avec deux ans de retard :eheh:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Mar 05 Aoû 2014, 21:41

Mieux vaut tard que jamais ! :p

Ce que j'adore avec ce Cold Fish, c'est que t'es loin de t'imaginer où va t'emmener Sion Sono quand tu commences le film, pépère, dans le magazin de poisson. Complètement fou ! :eheh:

Une nouvelle critique conséquence et une bonne note pour lui dans la base, cool ! :super:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Mar 05 Aoû 2014, 21:47

N'ayant vu aucun extrait, et n'ayant aucune image ni texte en tête, c'était le choc complet ... M'enfin si on m'avait spoilé Megumi Kagurazaka :mrgreen:

Sinon je ne pense pas attendre très longtemps avant d'enchaîner le dernier de la trilogie. Je ne m'attendais pas à un tel niveau, même si on m'avait prévenu par les notes qu'il se paie ici ^^.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Mark Chopper » Mar 05 Aoû 2014, 22:01

Genre je t'ai habitué à mettre des notes de fou à tout ce que je mate ? :mrgreen:

Quand j'en mets, ce n'est pas pour rien.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Mr Jack » Mar 05 Aoû 2014, 22:04

Voilà un réal que je ne connaissais pas du tout avant de venir sur le forum et chaque fois que je vois une critique c'est du 9 ou 10. Faudrait que je m'y mette un jour. :super:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Mar 05 Aoû 2014, 22:14

Mark Chopper a écrit:Genre je t'ai habitué à mettre des notes de fou à tout ce que je mate ? :mrgreen:

Quand j'en mets, ce n'est pas pour rien.


Ben non, là n'est pas la question, mais je ne m'attendais simplement pas à deux baffes de suite potentiellement aussi "puissantes", et surtout très différentes au fond ^^.

@ Jack : ça devrait passer tout seul :super:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Mark Chopper » Mar 05 Aoû 2014, 22:32

dunandan a écrit:ça devrait passer tout seul :super:


Ah non, ça peut faire l'effet d'une double anale sur certains.

Là, s'il enchaîne un film avec des Lego et la trilogie de la Haine, il va morfler et finir à l'asile.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Scalp » Mer 06 Aoû 2014, 08:15

Sono Sion faudrait me payer pour que j'en regarde un.
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