Dans ma peau de Marina de Van (2002) - 7/10
La destruction, le déracinement du corps comme pulsion dominante, tel est devenu le quotidien d’Esther. Elle est une femme semblant avoir tout pour elle. Elle est belle, est en couple avec un homme ambitieux et aimant, a un boulot stable avec possibilité de promotion, elle ne manque de rien. Sous cette apparence idyllique, un vide, son esprit parait coincé comme dans une prison, sa vie routinière la pèse comme le fait d’être enfermé à longueur de journée dans son bureau sans pouvoir lever le petit doigt. Suite à une chute qui lacérera la jambe assez profondément, elle commencera par avoir une obsession maladive pour son corps, sa peau, son sang. Elle y verra une intensité encore jamais éprouvée. Au début, avec ses grands yeux ronds, elle semble y être complétement indifférente, ce qui intrigue son entourage plus tourmenté. Puis la morbidité se fera grandissante, et Dans ma peau qui peut s’apparenter à une forme de critique sociale ou humaine, perdra complétement pied à l’image de son personnage principal pour s’évaporer dans l’horreur la plus totale.
Dans ma peau est impressionnant par son humilité esthétique qui prendra le visage d’un tour de force visuel horrifique et poétique. Marina de Van inscrit son film dans une réalité omniprésente notamment à travers ce paysage du monde du travail en société où règne jalousie, concurrence et don de soi sans retour de manivelle. Sans que les films n’aient de rapport, Dans ma peau présente les mêmes stigmates de Shame où le corps ne répond plus face à l’automatisation de la psyché et où ses agissements ne sont pas forcément compris par ceux qui l’entourent. La réalisatrice, avec Dans ma peau, signe une œuvre radicale, écorchée vive, au sens propre comme au figuré. C’est un film de genre qui n’est pas de réellement de genre, qui se sent, qui égratigne, c’est un appel au secours dans le néant, une vocifération sourde sans issue, une déchirure qui ne cicatrisera pas.
Dans ma peau est le portrait d’une femme qui se désintègre sans réelle explication où la question qui se pose à nous : jusqu’où va-t-elle aller dans sa décomposition ? Mutilation, lacération, blessure, anthropophagie, rien ne nous est épargné. Dans ma peau voit son processus narratif s’amplifier de façon croissante sans jamais dramatiser à outrance son récit. L’histoire est limpide, sans traumas exigeants mis en exergue, la partition sans faute de Marina de Van dans le rôle d’Esther aide beaucoup à l’ambiance malsaine qui s’empare de son propre film. Cette dualité du corps malléable et de l’esprit fragmenté nous fait penser à Cronenberg, à Crash. Mais ici, aucune pulsion sexuelle ne se déploie, juste un plaisir de s’affranchir, de ressentir cette liberté évanescente. Jamais manipulatrice ni voyeuriste, la caméra interpelle sur ce mal être, frappe là où ça fait réellement mal, parle de cette solitude qui peut faire ressurgir une violence magnétique.
Dans ma peau est impressionnant par son humilité esthétique qui prendra le visage d’un tour de force visuel horrifique et poétique. Marina de Van inscrit son film dans une réalité omniprésente notamment à travers ce paysage du monde du travail en société où règne jalousie, concurrence et don de soi sans retour de manivelle. Sans que les films n’aient de rapport, Dans ma peau présente les mêmes stigmates de Shame où le corps ne répond plus face à l’automatisation de la psyché et où ses agissements ne sont pas forcément compris par ceux qui l’entourent. La réalisatrice, avec Dans ma peau, signe une œuvre radicale, écorchée vive, au sens propre comme au figuré. C’est un film de genre qui n’est pas de réellement de genre, qui se sent, qui égratigne, c’est un appel au secours dans le néant, une vocifération sourde sans issue, une déchirure qui ne cicatrisera pas.
Dans ma peau est le portrait d’une femme qui se désintègre sans réelle explication où la question qui se pose à nous : jusqu’où va-t-elle aller dans sa décomposition ? Mutilation, lacération, blessure, anthropophagie, rien ne nous est épargné. Dans ma peau voit son processus narratif s’amplifier de façon croissante sans jamais dramatiser à outrance son récit. L’histoire est limpide, sans traumas exigeants mis en exergue, la partition sans faute de Marina de Van dans le rôle d’Esther aide beaucoup à l’ambiance malsaine qui s’empare de son propre film. Cette dualité du corps malléable et de l’esprit fragmenté nous fait penser à Cronenberg, à Crash. Mais ici, aucune pulsion sexuelle ne se déploie, juste un plaisir de s’affranchir, de ressentir cette liberté évanescente. Jamais manipulatrice ni voyeuriste, la caméra interpelle sur ce mal être, frappe là où ça fait réellement mal, parle de cette solitude qui peut faire ressurgir une violence magnétique.