[Alyosha] Mes critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

Quai d'Orsay - 8,5/10

Messagepar Alyosha » Ven 18 Juil 2014, 02:05

Quai d’Orsay
Bertrand Tavernier, 2013 - 8,5/10


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« Le soleil, sa largeur est d’un pied. » (Héraclite)

Premier film que j’aie vu de Tavernier. Dans l’avion entre Paris et Montréal. Pas vu Thierry Lhermitte depuis Le Dîner de cons et Niels Arestrup depuis Un Prophète. J’avais lu la bd. Voilà pour les conditions de découverte. Et c’était une belle surprise.

« Si toutes choses devenaient fumées, on connaîtrait par les narines. » (Héraclite)

Bien loin d’être un film sur la politique ou sur Dominique de Villepin, Quai d’Orsay est un film sur le langage, sur son adéquation ou non à la concrétude des choses et sur le risque d’une parole ayant totalement coupé les ponts avec la réalité. Sacrée problématique ! cf. Ionesco cf. Godard etc. etc.

« Tout se fait par discorde. » (Héraclite)

Alexandre Taillard de Worms (Thierry Lhermitte), ministre des affaires étrangères, vient d’engager Arthur Vlaminck (Raphaël Personnaz) pour être son responsable du « langage ». En gros, l’auteur de ses discours et interventions médiatiques. La tâche n’est pas aisée tant les exigences du ministre sont nébuleuses et changeantes d’une journée sur l’autre. A cela s’ajoute l’ambiance du ministère, faite de querelles, de coups bas, de sexualité déviante, de folie douce et de franche déprime.

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« Tout reptile se nourrit de terre. » (Héraclite)


Le langage donc. Cela aurait pu donner deux heures de théâtre filmé et de dialogues désincarnés. Eh ben pas du tout. Par exemple, pour les acteurs, mis à part quelques moments où il me semble un peu à côté de son rôle, Thierry Lhermitte incarne pleinement la folie ouragantesque, palabresque et arrogante de son personnage. Dans son timbre, dans sa gestuelle démesurée. Il y a dans le film toute une dimension volontairement non-réaliste, qui tire vers le grotesque voire le cirque. Alexandre Taillard de Worms, l’Auguste. Claude Maupas, son directeur de cabinet, le clown blanc. Niels Arestrup, qui endosse ce dernier rôle, est immense, fascinant. Phrasé toute en retenue (une retenue proche de la réclusion), regards lents, yeux las ou affolés, poids énorme constamment sur les épaules. Il donne à son personnage toute une dimension tragique. Il est celui qui au milieu des arrivistes essaie de faire son boulot, de sauver des vies par téléphone au bout du monde. Et qui en même temps a déjà été bousillé par le système.

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« Quand ils sont nés, ils veulent vivre et subir la mort et laisser des enfants pour la mort. » (Héraclite)

ça aurait pu aussi donner un film très chiant : au contraire le film est drôle et inventif, jusque dans sa forme : chaque séquence est introduite par une des citations d’Héraclite qu’affectionne le premier ministre, citations qui, comme dans ses paroles, paraissent déconnectées de tout - du genre de celles dont j’ai parsemé cette critique. Le film n’a pas vraiment d’intrigue, pas vraiment de suspense : c’est la petite ronde du langage qui tourne en rond et pour cette raison il s’arrête comme à l’improviste.

« Qui se cachera du feu qui ne se couche pas ? » (Héraclite)

Et pourtant, ce n’est pas qu’une pantalonnade autour du langage et des médiocrités ministérielles. Il y a ce moment très étrange du film où le premier ministre, pris au milieu de manifestants africains qui pourraient vouloir sa peau, sort à leur rencontre. Folie ? Peut-être. Et en même temps il y a comme l’intuition que sous le langage en roue libre du premier ministre il y a un raccord possible avec la réalité. C’est lointain, flou, comme un horizon qui s’évapore, mais c’est très intrigant.

Hésitez pas. C'est du bon.

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Bostella (La) - 8,22/10

Messagepar Alyosha » Lun 21 Juil 2014, 23:37

Panorama Challenge Découverte - été 2014
La Bostella
Edouard Baer-2000

8,22/10


« Fais-moi rire. »
« Genre, là ? Maintenant ? »
« Oui. Je sais pas, raconte une blague, trouve un gag. Fais-moi rire. »

Je me retrouvai malade de trouille. Je cherchais, et ne trouvais rien. Et je cherchais, de plus en plus fort, de plus en plus intensément, et je ne faisais que courir en tous sens dans le même vide, pour toujours.

Et je compris que toute ma vie, faire rire n’avait été que faire danser des ombres au-dessus du vide.

Maintenant que pour une raison inexplicable j’avais perdu le coup de main, il n’y avait plus rien, plus rien du tout, plus rien que ce vide énorme, implacable.

Alors c’est du vide que je lui parlai.
ça ne lui plut pas beaucoup.

Ce qui me reste de La Bostella c’est ça : l’impression d’une comédie privée de tous ses atours, de toute sa graisse, ramenée à sa nature profonde, et que cette nature profonde, c’est le vide nu, le silence.

« Alors, voilà. Euh… C’est l’histoire d’un mec qui plonge dans une piscine, et en fait la piscine est vide, alors il se casse la gueule. »
« Euh… C’est tout ? »
« Oui. Tout. »

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C'est peut-être un peu court :) Je m'en va essayer d'étayer mes dires un chouïa.

Le défi du film, c'était d'adapter en long métrage Le Centre de Visionnage, format très court (3-4 minutes), l'émission d'Édouard Baer à l'époque. Tout le film tourne autour de ça : l'équipe se réunit dans une maison de campagne pour trouver des idées et préparer la nouvelle saison à la rentrée. C'est justement en cela que l'adaptation - si on peut parler d'adaptation - est audacieuse. Au lieu d'étendre le format, pour passer de 4 minutes à 1 heure et demie (reprendre les personnages du Centre de Visionnage et leur donner un rôle long dans une intrigue suivie), le film va aller chercher dans les blancs entre les sketchs de 4 minutes. C'est-à-dire qu'on va voir les acteurs récurrents endosser leurs rôles puis s'en défaire, essayer de les faire vivre ou les contester, les rejeter complètement.

Voilà au lieu d'étendre quelque chose, le film va aller explorer le blanc. D'abord c'est un blanc assez classique pour ce genre de sujets : les coulisses, les jeux d'ego, les producteurs. Et puis, plus le film avance, plus ça devient un blanc total. C'est la partie du film la plus intéressante et la plus déstabilisante. La plus angoissée aussi : dans ce blanc surgit une forme de pesanteur terrible, d'angoisse aussi vraiment, où on entend les notes de l'absence de sens de la vie.

Et ce qui est remarquable c'est que la base de départ - l'humour absurde et décalé du Centre de Visionnage - ne disparaît pas. Il subsiste mais du fait de ce nouveau contexte il acquiert une nouvelle dimension. A moins que justement cette dimension ait toujours été une partie intégrante de cet humour. Une dimension de fragilité, de blagues bâties sur le vide. Après tout, l'humour d'Edouard Baer, à la télé ou ailleurs - même la tirade d'Otis dans Mission Cléopâtre - ce sont toujours des mots accumulés en pyramides à partir de rien du tout. Et le rien, c'est angoissant.

La Bostella est donc une adaptation géniale. Parce qu'elle reprend le matériau de départ mais en le faisant voir autrement, en en révélant la face cachée : en montrant qu'en fait depuis le début le comique n'était qu'une autre forme de tragique.

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Re: [Alyosha] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Mar 22 Juil 2014, 00:42

C'est sympa de participer au challenge :super: J'ai prévu de me le faire aussi cet Edouard Baer :D
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Re: [Alyosha] Mes critiques en 2014

Messagepar Alyosha » Mar 22 Juil 2014, 03:23

Merci pour ton message, ça fait plaisir ! Bonne découverte baerienne ! :)
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Re: [Alyosha] Mes critiques en 2014

Messagepar Alyosha » Mar 22 Juil 2014, 13:37

Pis ça, c'est parce que je l'ai dans la tête depuis hier :

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Re: [Alyosha] Mes critiques en 2014

Messagepar pabelbaba » Mer 23 Juil 2014, 10:00

Ouais, cette chanson est magique. J'ai beau l'avoir écoutée mille fois, impossible de retenir les paroles correctement.

Sinon je suis content que ça t'ait plu, mais y'aurait pas moyen d'étayer un chouïa davantage tes dires?
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: [Alyosha] Mes critiques en 2014

Messagepar puta madre » Mer 23 Juil 2014, 11:29

Bah pour un film sur le vide, sa critique s'adapte parfaitement à son sujet :mrgreen:
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Re: [Alyosha] Mes critiques en 2014

Messagepar Alyosha » Mer 23 Juil 2014, 15:25

M'en va essayer d'étayer mes dires.

Le défi du film, c'était d'adapter en long métrage Le Centre de Visionnage, format très court (3-4 minutes), l'émission d'Édouard Baer à l'époque. Tout le film tourne autour de ça : l'équipe se réunit dans une maison de campagne pour trouver des idées et préparer la nouvelle saison à la rentrée. C'est justement en cela que l'adaptation - si on peut parler d'adaptation - est audacieuse. Au lieu d'étendre le format, pour passer de 4 minutes à 1 heure et demie (reprendre les personnages du Centre de Visionnage et leur donner un rôle long dans une intrigue suivie), le film va aller chercher dans les blancs entre les sketchs de 4 minutes. C'est-à-dire qu'on va voir les acteurs récurrents endosser leurs rôles puis s'en défaire, essayer de les faire vivre ou les contester, les rejeter complètement.

Voilà au lieu d'étendre quelque chose, le film va aller explorer le blanc. D'abord c'est un blanc assez classique pour ce genre de sujets : les coulisses, les jeux d'ego, les producteurs. Et puis, plus le film avance, plus ça devient un blanc total. C'est la partie du film la plus intéressante et la plus déstabilisante. La plus angoissée aussi : dans ce blanc surgit une forme de pesanteur terrible, d'angoisse aussi vraiment, où on entend les notes de l'absence de sens de la vie.

Et ce qui est remarquable c'est que la base de départ - l'humour absurde et décalé du Centre de Visionnage - ne disparaît pas. Il subsiste mais du fait de ce nouveau contexte il acquiert une nouvelle dimension. A moins que justement cette dimension ait toujours été une partie intégrante de cet humour. Une dimension de fragilité, de blagues bâties sur le vide. Après tout, l'humour d'Edouard Baer, à la télé ou ailleurs - même la tirade d'Otis dans Mission Cléopâtre - ce sont toujours des mots accumulés en pyramides à partir de rien du tout. Et le rien, c'est angoissant.

La Bostella est donc une adaptation géniale. Parce qu'elle reprend le matériau de départ mais en le faisant voir autrement, en en révélant la face cachée : en montrant qu'en fait depuis le début le comique n'était qu'une autre forme de tragique.
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Re: [Alyosha] Mes critiques en 2014

Messagepar pabelbaba » Mer 23 Juil 2014, 15:29

Chapeau! :super:

Pour paraphraser Val.
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: [Alyosha] Mes critiques en 2014

Messagepar Val » Ven 25 Juil 2014, 09:12

:eheh:
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Re: [Alyosha] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Ven 25 Juil 2014, 13:54

Pourrais-tu rajouter tes éclaircissements dans ton avis originel Alyosha, ils méritent vraiment d'y être :super:
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Re: [Alyosha] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Sam 26 Juil 2014, 08:58

Oui j'allais le dire, beau développement qui a tout a fait sa place dans ta critique si tu n'y trouves pas d'inconvénient :wink:.
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Re: [Alyosha] Mes critiques en 2014

Messagepar Alyosha » Lun 28 Juil 2014, 21:56

Aucun inconvénient, au contraire ! Merci beaucoup pour vos réactions et remarques, ça fait vraiment progresser !
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Grand Restaurant (Le) - 6/10

Messagepar Alyosha » Mar 19 Aoû 2014, 03:35

Le Grand Restaurant
Jacques Besnard, 1966 - 6/10



Dans une interview vue cette après-midi sur youtube, Louis de Funès expliquait que ses modèles étaient ceux du cinéma muet : Laurel et Hardy, Charlot, W. C. Fields. Et que son grand rêve était de faire un film muet.

Ceci, Mesdames, Messieurs, nous permet de comprendre un profond mystère. (Du moins un profond mystère pour ma pomme.) Pourquoi les films du dit gaillard sont-ils presque toujours constitués d’une première partie dynamique, joyeuse, plus que sympathique et d’une seconde partie franchement faiblarde ?

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Pourquoi ? Justement parce que De Funès était en total décalage avec son époque. Son terrain de jeu parfait, c’eût été le court-métrage muet, comme ceux de Laurel et Hardy ou de Charlot. Le format où il n’y a pas un seul début d’intrigue, mais seulement une situation comique, juste une idée, exécutée magistralement. Autre manière de le dire : si Louis de Funès avait été un personnage de bande dessinée, ç’aurait été un héros de gags en une planche ou deux, pas d’une aventure en 44 pages. (Je pourrais continuer la liste des « et si » avec « si De Funès avait été un poisson » ou « si De Funès avait été un burger » mais ça nous éloignerait considérablement du sujet, poil au mollet.)

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Le Grand Restaurant, disais-je avant d’être interrompu - et je ne me casserai pas la figure dans un plagiat de Desproges - n’échappe pas à la règle. La première partie est justement une suite de sketchs où de Funès peut déployer son personnage : Septime, un restaurateur lèche-bottes avec les grands, hargneux avec les petits, mais surtout tonitruant, explosif. On a droit à « Septime à la cuisine », « Septime entraîne ses serveurs », « Septime accueille un client allemand », etc. Une vraie suite de sketchs, ou de courts-métrages. Le film aurait pu en rester là, il aurait été magnifique. C’est justement quand le film accouche (aux forceps) d’un semblant d’intrigue (une histoire d’espionnage pas terrible avec un enlèvement de chef d’état) qu’il s’ensable dans la choucroute.

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J’ajouterais que ma scène préférée est celle de la chorégraphie des serveurs, où Septime fait faire un ballet à son personnel pour lui apprendre la grâce et l’équilibre. Le pianiste accélère, la pavane devient troïka, tout le monde, y compris le patron fout les assiettes par terre et danse-gesticule de plus en plus hystériquement : c’est enthousiasmant à la folie, avec une musique du tonnerre de Zeus. Et le comique de De Funès, c’est ça, justement un comique du muet : un comique du chaos, de l’énergie, des corps déréglés avec bonheur, du déraillement complet. C’est pour ça que je l’aime.

Une précision pour finir. Je n’ai pas arrêté de parler d’un film de De Funès alors que bon, c’est pas lui derrière la caméra : j’assume. D’une part, De Funès a souvent improvisé des scènes voire proposé des idées ajoutées au scénario. Et surtout, De Funès fait partie de ces acteurs dont tout l’esprit infuse un film, film qui en définitive est tout autant l’oeuvre de l’acteur que celle du réalisateur.
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Re: [Alyosha] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Mar 19 Aoû 2014, 07:52

Jolie critique Alyosha ! Ça fait plaisir de te relire :chinese:

Pas trop ma came De Funes, mais ton avis est très intéressant :super:
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