[Dunandan] Mes critiques en 2014

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Mr Jack » Ven 18 Juil 2014, 10:49

Chaud Dun', ton préféré c'est le 3 ? C'est le seul que j'ai pas vu pensant qu'il était à chier et parce qu'il y avait plus personne du cast original (et j'avais aimé la connerie et le côté clip à la con du 2) :mrgreen:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Ven 18 Juil 2014, 10:55

Ben le côté critique virulente de la jeunesse dorée japonaise a marqué des points. Un petit côté Misumi dans ces drifts au ralenti :eheh:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Mark Chopper » Ven 18 Juil 2014, 11:08

pabelbaba a écrit:Avec Donnie? :eheh:


Fausse suite, comme toujours à HK. On garde Wu Jing et Simon Yam, on ajoute Tony Jaa et Louis Koo. Et Soi Cheang arrête de faire des croûtes numériques pour revenir au polar urbain qui saigne.

J'y crois 8)

osorojo a écrit:Ben le côté critique virulente de la jeunesse dorée japonaise a marqué des points. Un petit côté Misumi dans ces drifts au ralenti :eheh:


:eheh:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Ven 18 Juil 2014, 13:00

Percé à jour :chut:. Je l'ai dit dans ma critique que le milieu du Japon était une grosse plus-value, et j'assume mon "coup de coeur" de la saga ...
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Mr Jack » Ven 18 Juil 2014, 16:14

Je comprends mieux :mrgreen: Le 2 c'était mon coup de coeur à l'époque, je jouais en parallèle à Need for Speed Undeground 2, quand je le regarde je revis un peu mon adolescence, c'est ma madeleine de Proust à moi (oulà trop de confessions, je me sens tout chose) :mrgreen: :arrow:
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Spetters - 7,5/10

Messagepar Dunandan » Ven 18 Juil 2014, 23:31

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Spetters, Paul Verhoeven (1980)

Très sympathique ce Show-girls avant l'heure dans le milieu de la course des motos en terre hollandaise. Ainsi, le terrain choisi, nerveux et machiste, est idéal pour brosser en filigrane le portrait d'une jeunesse bouillonnante et désireuse d'écrire leur petite histoire, lasse de cette existence au rabais. Et c'est Paul Verhoeven derrière la caméra, donc il faut s'attendre à des séquences sexuelles crues et réalistes, histoire de montrer qu'il va au bout de son sujet (peut-être son film le plus choquant ...). Or, ce film a les qualités de ses défauts, à savoir que le script est parfois brouillon, passant sans prévenir de séquences de motos et des 400 coups de jeunes adultes, à un trio, voire un quatuor amoureux autour de cette femme qui attire tous les regards, et plus encore. Mais c'est en même temps ces ruptures de ton pas toujours bien ajustées qui font le charme et l'énergie de cette pellicule aux multiples atours.

Ainsi, ce qui surprend, ce sont les réguliers allers-retours entre les personnages, tous articulés autour de cette femme sexy (qui le devient de plus en plus) et qui sait où elle va, bien qu'accrochée à son misérable camion à frites et de son frère plutôt louche. D'abord au second plan, elle devient ensuite le pôle d'attraction principal de l'histoire, incarnant par excellence cette jeunesse dont les rêves sont brimés par divers concours de circonstances plus ou moins dramatiques malgré toute sa "bonne volonté" (on pense bien sûr à l'accident de moto, qui rappelle la chute dans les escaliers du film précité, ou à la sous-intrigue homosexuelle qui crée un rebondissement inattendu, et fait un curieux pied de nez à ce milieu qui brille pourtant par sa masculinité). Vient se rajouter à cela un désenchantement bien enlevé d'une star sublimée par tous les participants, alors que c'est au fond une belle ordure qui sait comme rester au top par des moyens détournés, et une bonne critique ironique du puritanisme religieux hollandais.

Bref, c'est la première fois que Paul Verhoeven parvient à articuler, bien que de manière encore un peu bancale, deux thématiques qui vont dominer une grosse partie de son cinéma, à savoir que le sexe et l'argent font tourner le monde, et finissent par hanter et pourrir toutes les relations, en bas comme en haut de l'échelle sociale (cf cette jeune femme, prête à se vendre au plus offrant au sens propre, et ce discours touchant d'un jeune handicapé qui n'arrive plus à bander alors que ça l'obsède, d'ailleurs lâchement abandonné par ses potes). Mais Paulo ne va pas aussi loin que dans Show-girls dans la mesure où il dessine une porte de sortie pour ses personnages à la fin pour ceux qui acceptent leur sort. Malgré ce maigre optimisme, le montage alterné qui le précède fait bien mal, où on nous montre qu'au fond il y a aussi de véritables gagnants et perdants, et que ce n'est pas toujours juste (en outre, quand cette jeune femme affirme qu'elle préfère la sécurité à l'amour, tout est dit).

Même si je préfère son adaptation officieuse américaine, il s'agit bien là d'un beau film sur la jeunesse et ses dures désillusions qui ne laissera personne indifférent, pour autant qu'on soit sensible à sa fibre sincère et énergique, sa richesse thématique traitée dans un mélange détonnant de crudité (comme si Paulo voulait nous balancer la réalité en plein visage) et de nuance (à une occasion près, le sexe n'est pas là juste pour émoustiller nos sens, mais aussi pour jouer avec notre voyeurisme, et aller valdinguer nos tabous moraux), et sa manière à lui de rendre touchant chaque chemin tracé par les personnages (le brillant jeune casting et le ton désinvolte - voire comique, dixit la séquence où ils se mesurent la bite pour désigner le vainqueur pour une coucherie - jouent beaucoup en ce sens). Dommage que du coup la mise en scène perde en audace et en fantaisie formelles en gagnant en brut de naturel, sans que le message perde en force, bien au contraire, mais j'aimais aussi ce côté styliste et expérimentateur du réalisateur.

Note : 7.5/10
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Sudden Impact, Le Retour de l'Inspecteur Harry - 6,5/10

Messagepar Dunandan » Sam 19 Juil 2014, 23:44

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Le retour de l'inspecteur Harry, Clint Eastwood (1983)

Un peu mitigé par ce quatrième épisode de l'inspecteur Harry. Le début est vraiment sympa et même très fun et divertissant, où on renoue avec l'esprit de la franchise, un dinosaure évoluant dans un monde en constante évolution aux méthodes efficaces, mais remises en question par son hiérarchie. Au menu donc des répliques jouissives qui envoient du lourd (aussi assassines au sens propre que son pistolet), et des règlements de compte expéditifs rythmés par le son retentissant de sa grosse pétoire, comme si on était dans un western. Beaucoup de second degré qui fait du bien, comme ce bus de retraités tout contents d'assister à une course-poursuite contre un malfrat, ou ce bulldog qu'on lui offre qu'il lui ressemble comme deux gouttes d'eau (il grogne, il pète, et pisse partout). Les problèmes vont jusqu'à lui, même durant ses vacances où on ne le laisse pas tranquille.

On ne tiendra pas trop rigueur de certains raccourcis ou d'une intrigue cousue de fil blanc tant le divertissement est réussi dans un premier temps. Par contre, l'intérêt s'essouffle un peu dès lorsque que Clint commence à reprendre la saga en lui imprimant sa patte, avec tout ce qui tourne autour de cette jeune femme décidée à se venger contre ses anciens bourreaux, qui amène Callahan à aller voir un village rempli de bouseux déterminés à lui rendre les choses difficiles. Ainsi, ce qui est intéressant dans ce film si nous regardons du côté de la filmo du réal', c'est l'importance qu'il accorde au passé et aux victimes qui sont au fond celles qui trinquent le plus dans la façon dont la justice fonctionne à deux vitesses. Mais du coup ça devient trop dramatique, sérieux, téléphoné, avec des bad-guy qui n'évitent pas la caricature (mais ça offre aussi plein d'occasions à Callahan de monter au créneau et de botter quelques culs, et ça c'est cool). En outre, le viol n'est pas très bien amené (le même flashback qui revient jusqu'à l'écoeurement), avec un petit détail qui m'ennuie un peu, à savoir que les personnages ne vieillissent pas d'un poil d'une époque à l'autre. Heureusement que dans la toute dernière scène, l'inspecteur est bien iconisé avec son arme monstrueuse, et mine de rien le personnage féminin est assez attachant, et le fait d'en avoir fait une artiste tourmentée pour refléter son trauma est une bonne idée lorsqu'on sait ce qui en retourne, ce qui nous laisse finalement sur une bonne impression.

Pour résumer, voilà une bonne petite série B qui ne mange pas de pain, avec de bonnes intentions dans la balance, à savoir retrouver l'homme au gros pistolet connaître une évolution du polar urbain (où Clint résume très brillamment l'essence du personnage) vers l'enquête à résonance dramatique, mais qui manque de cohérence dans la tonalité et d'intérêt dans la seconde partie. Reste un divertissement efficace et sans grosse prétention qui permet de passer un assez bon moment, surtout si on aime l'Inspecteur Callahan qui n'a rien perdu de son charisme et de sa hargne à débusquer les vilains, bien au contraire.

Note : 6.5/10
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Carrie au bal du diable - 8/10

Messagepar Dunandan » Dim 20 Juil 2014, 21:11

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Carrie, Brian de Palma (1977)

Dans cette adaptation du fameux bouquin de Stephen King, on ne peut pas dire que Brian de Palma y va avec le dos de la cuillère pour nous parler de cette histoire à mi-chemin entre le coming of age et le fantastique. Reprenant tous les ingrédients classique du genre, à savoir éveil de la sexualité et bal de promo à la clé, il en fait certainement trop, avec une bonne dose de cynisme. Ainsi, je comprends les détracteurs de ce film tant tout paraît exagéré, et pourtant c'est ce qui en fait une proposition intéressante. Avant même la scène ultime qui a fait rentrer ce film parmi les classiques du cinéma fantastique, tout paraît une épreuve pour la pauvre innocente Carrie. Maltraitée par ses amies écervelées, sa mère intégriste, et ses profs qui semblent tous dépassés par cette jeunesse bouillonnante, tout devient une farce énorme tant cela tourne à l'horreur pure, qui fait qu'on peut prendre un plaisir malsain voyeuriste à assister à la montée de la rage de Carrie, qui nous offre entre-temps un aperçu de ses pouvoirs portés par un chouette clin d'oeil sonore à Hitchcock.

En outre, De Palma montre qu'il est un excellent formaliste. Travaillant son cadre, ses angles de caméra, la colorimétrie, et la profondeur de champ, il nous offre une constante leçon de cinéma. Certes, un peu comme Verhoeven, il est un cinéaste de l'excès. Ainsi il va à fond les manettes pour exprimer l'éveil des hormones (dixit l'intro qui ressemble presque à un film érotique), l'intégrisme religieux de sa mère (qui ne cesse de parler de péché sexuel en arrangeant sa maison comme une église), ou la naïveté confondante de Carrie (presque une tête à baffes), et la manipulation sordide dont cette dernière fait l'objet. Et le comble de tout ça, c'est que De Palma réussit à nous attacher à cette petite Carrie, qui fait d'énormes efforts pour dépasser sa timidité, l'adversité, le regard des autres, et y croire un petit peu aux compliments des uns et des autres, qu'ils soient sincères ou non. Ainsi ce cinéaste est un manipulateur hors-pair dans sa façon de jouer avec nos sentiments pour nous offrir enfin cette libération presque orgasmique du déchaînement de Carrie contre ses détracteurs. Manipulateur également dans la façon dont il fait durer l'épreuve au ralenti avec des plans dignes d'un film porno (la fameuse langue qui se lèche les babines).

Cependant, je n'arrive pas à considérer ce film comme un pur chef-d'oeuvre dans la mesure où la montée en puissance baisse en intensité après le point culminant correspondant à la séquence du bal tant dans le fond que dans la forme, qui aurait du clore la séance, au lieu de la prolonger avec cette conclusion avec le règlement de comptes mère/fille et le trauma de sa camarade qui semblent de trop sans être forcément de mauvaises séquences, ne faisant qu'insister sur ce qui a déjà été exposé tout du long. Reste au final un modèle du genre sur l'adolescence et ses déboires précédant la pénétration dans l'âge adulte qui marque bien les esprits, et une belle parabole sur la différence, bien qu'un peu noyée au milieu du style provocateur et manipulateur de De Palma, qui était décidément l'un des grands sales gosses du cinéma de l'époque. Un style qui est également au service de sa thématique centrale autour du regard et de ses conséquences sur le groupe et l'individu.

Note : 8/10
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Re: Sudden Impact, Le Retour de l'Inspecteur Harry - 7/10

Messagepar padri18 » Lun 21 Juil 2014, 21:33

dunandan a écrit:Le retour de l'inspecteur Harry, Clint Eastwood, 1983


Bon je viens de le regarder, assez d'accord avec ce que tu en dis mais je me suis quand même un bout emmerdé une bonne partie du film à cause de ce trauma qui plombe le film. Moi qui m'attendais à une véritable remontée de niveau après le troisième volet, je suis un peu déçu.
Reste une dernière partie diablement efficace avec notamment ce plan de Harry et son gun :love:. Je pense que je lui met comme au troisième volet un 6/10.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Lun 21 Juil 2014, 21:46

Perso je le trouve quand même un peu meilleur mais dans mes souvenirs l'écart de qualité était plus grand. Comme quoi faut pas trop se fier à ses souvenirs ^^.
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Invasion Los Angeles - 8/10

Messagepar Dunandan » Mar 22 Juil 2014, 00:05

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Invasion Los Angeles, John Carpenter (1988)

Ah ça fait du bien cette bonne petite bobine réalisée avec amour et sincérité made in '80. Avec peu de moyens, Carpenter réussit à livrer une oeuvre percutante à la manière de 1984 sur l'abêtissement et le contrôle des consciences individuelles de la basse population par la télévision, la publicité, et le consumérisme, manipulée par des entités appartenant à la haute classe bourgeoise. Et pourtant, il y a quelque chose de naïf dans la façon de faire de ce réalisateur, puisque tout passe par l'artifice de lunettes de soleil (donnant une classe folle à ses protagonistes principaux) qui permettent de percer à jour les apparences, et des ficelles parfois un peu grosses dans le scénario (dixit les évènements qui s'enchaînent selon une logique implacable), et malgré cela ça passe tout seul. Faut dire que l'esthétique westernienne est réussie (avec au passage un joli moment sur les joies de la vie communautaire), portant en son sein un personnage solitaire qui se laisse entraîner dans l'aventure malgré lui et va finir par se prendre pour un véritable justicier de la cause perdue, et que le propos est sacrément puissant, le tout avec une petite touche de second degré qui fait du bien où ça passe (du coup je les aime bien ces lunettes et ces "facilités" qui me rappellent un peu les délires légers et ludiques des Aventures de Jack Burton).

On ne peut pas dire que le tempo soit super rapide, c'est même parfois limite contemplatif, ce qui fait qu'on s'ennuie un poil au tout début lorsque les choses se mettent place, mais la maitrise du Scope et du cadre de Carpenter (qui contribue à instiller une atmosphère vraiment spéciale) compense, livrant des plans d'une force évocatrice parfois très puissante à partir de trois fois rien (l'avancée répressive des policiers contre les rebelles, les messages subliminaux qui nous arrivent en pleine tronche par des mots simples et d'une signification universelle). Sans oublier d'autres éléments qui contrebalancent cette première impression, comme 1) si le personnage principal n'a pas le charisme de Snake, son air sympathique et débonnaire colle bien à l'intention du métrage (réveillez-vous), et 2) il y a des pics de violence surprenants (toujours l'infiltration du western dans le quotidien urbain), mâtinés à une touche d'humour licencieux (comme lorsque le héros et son pote se mettent sur la gueule pour que le premier lui foute les lunettes sur le nez et commence enfin à "voir", ou les insultes gratinées contre les envahisseurs).

Même si tout est cousu de fil blanc, et que les SFX ont vieilli, ça ne paraît donc jamais cheap ou trop ennuyeux, bien au contraire. Du pur divertissement fantastique qui ne pète pas plus haut que son cul (c'est ça qui est bon avec ce genre de série B), et doté d'un fond profond qui ne contredit jamais l'objectif de nous faire plaisir avant tout (le clin d'oeil final aux réal' de la violence est vraiment fun est bien vu). Pour finir, si on n'arrive pas au niveau du nihilisme crépusculaire de The Thing (son chef-d'oeuvre), le dénouement est loin d'être tout rose en rappelant que l'individualisme, l'indifférence, et l'égoïsme, sont décidément difficiles à défaire.

Note : 8/10
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Val » Mar 22 Juil 2014, 00:12

Et ouais, ça fait du bien par où ça passe cette oeuvre de Big John, à l'époque où il était LE plus grand.
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Tree of Life (The) - 10/10

Messagepar Dunandan » Mar 22 Juil 2014, 17:56

CHALLENGE ETE 2K14

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Tree of Life, Terrence Malick (2011)

Parler d'un film de Terrence Malick n'est guère chose facile tant il tend justement à rendre compte de l'indicible. Et pourtant son sujet n'a pas l'air si ambitieux à première vue, prenant comme point de départ une famille américaine tout ce qu'il y a d'ordinaire. Sauf qu'il ouvre grandes ouvertes les portes de la transcendance et de la grâce. Par la narration, qui n'emprunte aucun fil chronologique logique. Par la forme, qui fait de chaque chose, les petits moments quotidiens tout comme l'architecture naturelle ou artificielle, une occasion de les sublimer à égalité, de rendre compte d'une altérité qui échappe continuellement en chaque lieu en empruntant tantôt au naturalisme (ces fameux plans verticaux vers la cime, le soulignement de la symétrie qui confine à l'harmonie, la caméra qui épouse le mouvement de la vie ou capture sa lumière et ses ombres), tantôt à une symbolique forte. Par la musique qui puise dans le répertoire classique pour magnifier l'émotion qui s'y déroule. Et enfin par la voix-off, qui renvoie aux interrogations de chacun, incarnant ici celles du père, là celles de la mère, ou là encore celle du frère. Tous reliés par cette sorte de synthèse formidable du Livre de Job et des Psaumes de la création.

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Ainsi, ce qui m'a frappé avant tout, c'est la façon dont Terrence Malick nous plonge dans son univers qui brise plus que jamais les schèmes classiques de la manière de raconter une histoire, pour nous faire vivre une expérience sur des "mondes" aussi diversifiés que la création, la famille, la vie, la mort, la culpabilité, la paternité, la fraternité, les jeux d'enfants, la grâce, tout cela mélangé dans un maëlstrom d'images et de sons censés faire éclore un large panel d'émotions. Pour simplifier, ce film, comme dans Le Nouveau Monde, est un Rise & Fall, mais encadré par deux grandes séquences en rapport à la création (peut-être rêvée/fantasmée par l'un des frères ?), incarné par ailleurs par les deux pôles peut-être un poil stéréotypés et idéalisés, que sont la père et la mère, éduquant et aimant leurs enfants d'une façon quasi opposée. L'un par la force et le contrôle de soi-même pour les préparer à la dureté de l'existence, l'autre par la tendresse et l'émotion pour apprécier l'instant. Un manichéisme ensuite brisé, préparant à l'émotion des clashs et des dysfonctionnements qui s'ensuivent, laissant alors la place à un récit de transmission et d'apprentissage pour chacun, enfants comme parents (la séquence onirique de fin peut d'ailleurs se comprendre comme une renaissance où chacun a eu son rôle à jouer dans leur croissance mutuelle), avec des passages qui me rappellent particulièrement La Ballade sauvage avec sa réflexion sur la contamination dramatique de la violence. C'est ça qui me plaît ici avec Malick, cette façon d'apporter plein de petits contrastes à une image pas si parfaite et proprette de la famille américaine moderne, mais préférant en même temps poser/faire poser des questions, plutôt que de dire explicitement d'où vient la racine du bien ou du mal (le père et la mère apparaissent également impuissants face au destin ouvert de leurs rejetons). Ainsi, malgré ses élans irrésistibles vers le sublime, il reste tout de même à hauteur d'homme, tout en ayant l'ambition d'embrasser tel un film-choral les inquiétudes de chacun.

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C'est le genre d'oeuvre qui pourrait puer la condescendance et la prétention si elle ne nous ramenait pas finalement à une simplicité dans les intentions, résumée par un seul mot, amour. Et c'est en effet la principale émotion qui est ici reproduite à l'infini, durant 2h20 de pellicule, sous ses différentes formes, dans un flux continu où l'image apparaît toujours mobile, comme la vie que la caméra essaie d'effleurer sans cesse, mue par un désir insatiable. Un tracé jamais ennuyeux, tant l'expérimentation formelle et narrative (qui me fait énormément penser à la Trilogie des Qatsi mixé à du Tarkovski et à du Kubrick, mais en plus facile d'accès) confine à l'art et à une saine contemplation vers la beauté qui nous entoure et de ce qui la pourrit de l'intérieur, sans jamais nous imposer de leçon morale, préférant toujours l'émotion et la métaphore à l'explication. Quant au casting, comme d'habitude chez ce brillant formaliste qui est aussi un très bon directeur d'acteurs, c'est un sans-faute. On retiendra surtout Brad Pitt, impérieux dans le rôle du père aimant qui essaie d'être dur mais juste, et Jessica Chastain, absolument magnifique dans ce rôle de Pocahontas moderne, sensible et tragique à la fois, représentant ainsi deux façons très différentes d'aimer et de vivre. Les enfants-acteurs brillent aussi de justesse et de naturel.

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Bref, un film pour les amoureux des belles images, de la contemplation, et de la spiritualité, qui aiment l'idée que tout est dans tout. Un trip onirique et existentiel à la fois mélancolique, puissant, et revigorant, où on se sent à la fois rempli et vidé, et qui donne l'envie de s'y replonger tant il regorge de petites nuances qui font sa richesse exubérante, et pourtant au fond très simple.


Note : 10/10
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Waylander » Mar 22 Juil 2014, 18:00

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Mar 22 Juil 2014, 18:05

Merci ^^. Balèze celui-là. Premier cinéaste auquel je fous deux 10 :mrgreen: (petite préférence pour Le Nouveau Monde, mais bon dur de les hiérarchiser réellement).
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