[oso] Mes critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Sam 12 Juil 2014, 21:14

Merci ^^

Formellement, c'est un truc de cinglé, j'ai halluciné du début à la fin :shock:
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar Alegas » Sam 12 Juil 2014, 22:53

Il va falloir corriger ce référencement.
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Jour se lève (Le) - 8,5/10

Messagepar osorojo » Mar 15 Juil 2014, 21:19

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LE JOUR SE LÈVE

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Marcel Carné (1939) | 8.5/10
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CHALLENGE DÉCOUVERTE JUILLET / AOUT 2K14 •



C'est dans un climat maussade post font populaire que baigne Le jour se lève, la tranche de vie touchante de deux âmes esseulées qui souhaitent se réunir. Mais elles doivent pour cela se jouer d'un destin qui leur est défavorable et d'un homme, dont la manipulation des esprits est le jeu favori, qui tente de s'emparer du leur. Fable humaniste touchante, Le jour se lève est également une oeuvre innovante, le terrain de jeu d'un cinéaste inspiré qui essayera d'y bousculer quelques conventions ainsi que la linéarité narrative typique de son époque.

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Il s'essaye en effet pour l'occasion à une narration essentiellement composée de flashback pour illustrer la descente aux enfers de son personnage. Procédé de mise en scène novateur qu'il emprunte à la littérature mais qui n'avait, jusque là, pas été porté au cinéma (ou rarement); il prend alors grand soin de le penser pour l'écran. Désireux d'assumer son idée, Marcel Carné la met en place en usant de longs fondus enchaînés qui ne laissent aucun doute quant à leur fonction d'autant plus qu'un petit arrangement musical les annonce également. C'est fait avec sobriété mais une assurance nécessaire, la frontière entre présent et passé est clairement définie, l'histoire peut être racontée...

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Résumer Le jour se lève à ce fait quelque peu historique, que seuls les plus mordus jugeront digne d'intérêt, serait lui faire injure tant il est plus que cela. La plume inspirée de Jacques Prévert, à l'origine de dialogues savoureux, y trouve la fougue et le talent d'un trio d'acteurs en grande forme. Le monstre Jean Gabin prouve une nouvelle fois son aisance face caméra, mais surtout sa forte implication dans ses rôles et compose un personnage d'ouvrier mélancolique auquel on s'identifie en quelques secondes. Sa rivalité avec l'impeccable Jules Berry donne lieu à des affrontements croustillants, lors desquels se confronte le langage fleuri du travailleur au phrasé soigné du manipulateur philosophe. Joutes verbales électriques, dont l'ultime round prend aux tripes dès que son issue se dessine enfin. Entre les deux hommes, deux jolies jeunes femmes: Arletty offre aux films certaines de ses plus jolies scènes (ses dialogues avec Gabin fuyant, joueur puis morose) mais la jeune Jacqueline Laurent peine à se hisser au niveau de ses compères, privant, par la même occasion, son personnage d'un impact qui lui manque cruellement, empêchant son histoire d'amour, qui est pourtant le ciment du film, de trouver tout l'impact qu'on en espérait.

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Heureusement, une autre composante, son contexte social, permet de lui redonner un peu de saveur. Le jour se lève brosse le portrait d'une France ouvrière marquée par la crise que le front populaire n'est pas parvenu à résorber. On sent dans les rues de ce Paris peu glorieux un climat de précarité, que Marcel Carné illustre en quelques séquences furtives. Un homme se plaint de ne pouvoir se payer l'hôtel, Gabin parle des boulots difficiles qu'il a enchaînés toute sa vie, du chômage qu'il a connu, une femme quitte son appartement avec pour toute fortune qu'une collection de petites cuillères... Ce climat de restriction renforce davantage la puissance de cette quête d'un sentiment que l'on n'achète pas : celui de l'amour inconditionnel. Le personnage joué par Gabin est un homme entier, un travailleur honnête, qui a peu d'argent mais des principes. Tout spectateur un brin investi se ralliera à sa cause sans y réfléchir à feux fois.

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La force du final n'en est alors que décuplé. Un son suffit, il est confirmé dans la seconde suivante par une image terrible, plan somme de ce film, aussi précis et superbement éclairé que les nombreux autres qui l'ont précédé. Marcel Carné conclut son film avec un réalisme percutant, sans mettre les formes, sans en faire trop. Le jour se lève est une belle leçon d'authenticité à la française, un joli représentant de ce cinéma crédible, passionné, finement dialogué et interprété avec un naturel saisissant, comme la France savait alors en produire. Une découverte que tout amateur de ce cinoche à papa en mode vieille France, mais pas que, devrait apprécier.
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar Alegas » Mar 15 Juil 2014, 21:40

L'un des meilleurs films français all time à mes yeux. Vivement la sortie BR. :love:

Good job pour la critique. :super: (plus que 3 films et tu auras vu toutes mes propositions, continue comme ça :mrgreen: )
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Mar 15 Juil 2014, 22:00

J'irai pas jusque là, mais c'est clair qu'il est bien marquant ce film ! J'ai pas vu grand chose de Carné, je me prévois d'autres films du bonhomme pour plus tard ;)

Pour ta liste, j'en ai d'autres de prévus au programme :mrgreen:
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar Mark Chopper » Mar 15 Juil 2014, 22:01

Grosse préférence pour Quai des brumes pour ma part.
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar Alegas » Mar 15 Juil 2014, 22:03

Les Enfants du Paradis les mecs. Meilleur film du bonhomme.
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Main du Diable (La) - 7/10

Messagepar osorojo » Mer 16 Juil 2014, 21:19

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LA MAIN DU DIABLE

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Maurice Tourneur (1943) | 7/10
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CHALLENGE DÉCOUVERTE JUILLET / AOUT 2K14 •



Composer avec le fantastique en restant le plus sérieux du monde est une prouesse délicate. Le genre est généralement bien souvent accompagné d'un second degré qui permet quelques incartades burlesques, destinées à détendre l'atmosphère inquiétante que laisse généralement sur son passage la main du diable, lorsque lui est donnée la possibilité de s'exprimer. Maurice Tourneur fait, lui, le pari de traiter son film sans le justifier d'un second degré accessoire. Il s'autorise bien quelques inserts comiques au moyen de scénettes amusantes de la vie quotidienne, mais cela reste anecdotique.

Ce qui l'intéresse avant tout en revisitant le mythe de Faust, c'est ce sentiment humain bien particulier qu'est la soif de pouvoir. Ou comment un homme est prêt à perdre son intégrité pour pouvoir goûter, l'espace d'un instant, à la gloire et ce qu'elle représente. Argent, reconnaissance et amour, même si ce dernier n'est qu'intéressé. Le tableau peint par Tourneur dans la main du diable est bien sombre, toute sa première partie baigne dans une obscurité peu flatteuse, où les faux semblants règnent en maître, où les principes sont mis au placard pour goûter un moment à cette tendresse que la vie réserve aux mieux lotis.

Ce n'est finalement que lorsque ce peintre manqué, devenu brillant par tricherie, comprend que le bonheur éphémère qu'il vient de connaître, lui coûtera le prix fort, que Tourneur lui laisse entrevoir une once d'espoir. Entrent alors en scène des sentiments humains plus nobles, comme l’empathie que lui portera un groupe d'inconnus touché par son histoire peu banale ou l’élan de solidarité (quoiqu’un peu intéressée) qu’auront d'anciennes victimes à son égard. La séquence marquante du film, dans laquelle Tourneur et son équipe laissent parler toute l’étendue de leur fougue créative, lors de jeux d’ombres subtiles, à l'occasion desquels se mixent les possibilités visuelles, pour générer des plans d'un pittoresque à toute épreuve. Même si ce laisser-aller graphique déséquilibre complètement le film -le reste de la bobine est loin d’être du même niveau plastique-, il lui permet de s'inviter avec force dans nos souvenirs.

La main du diable est une jolie proposition fantastique, qui prouve aux sceptiques qu'il est bien possible de proposer ce genre de film sans verser dans l'exagération. Une main dans une boite, un jeu d'acteur contenu -très bon Pierre Fresnay- et un joli savoir-faire plastique rendent l'exercice possible. Dommage toutefois que ces atouts flamboyants ne soient présents que par fulgurance à l’écran et que certains seconds rôles un peu forcés (ce chef italien à l’accent insupportable par exemple) plombent quelque peu les intentions initiales de Maurice Tourneur, en attirant dangereusement le film vers cette caricature qu’il souhaitait pourtant éviter.
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar Mark Chopper » Mer 16 Juil 2014, 22:41

Tourneur a dû quitter le tournage en cours de route et c'est son assistant qui a mis en scène la fameuse séquence, d'où le déséquilibre.
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Mer 16 Juil 2014, 22:45

Merci pour l'explication, je ne la connaissais pas. Le passage est génial, mais c'est clair qu'on sent que c'est complètement à part, ça fait un peu bizarre ^^
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Sunset Limited (The) - 6/10

Messagepar osorojo » Jeu 17 Juil 2014, 20:14

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THE SUNSET LIMITED

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Tommy Lee Jones (2012) | 6/10
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CHALLENGE DÉCOUVERTE JUILLET / AOUT 2K14 •



Noir et blanc sont dans une pièce à la décoration spartiate pour refaire le monde et décortiquer l'humanité, ses croyances, ses paradoxes, sa volonté de vivre, mais aussi de mourir. The sunset limited transpose sur grand écran une pièce de théâtre portant la marque noire de son auteur, celle de l'acide Cormac McCarthy. Aux manettes de l'adaptation, Tommy Lee Jones s'attribue l'un des deux rôles titres et invite son copain Samuel L. Jackson pour l'occasion. Dès lors, l'attente monte d'un cran, voir ces deux grandes gueules du cinéma ricain se mettre sur la tronche à coup de verbes affûtés a quelque chose d'intriguant. Deux forts tempéraments talentueux peuvent-ils porter à bout de bras cette histoire uniquement faite de mots ? Comment l'acteur réalisateur va-t-il user de l'espace restreint qu'il s'accapare pour faire vivre un matériau pensé à l'origine pour le théâtre ?

Si la promesse tenue par les deux hommes est remplie avec les honneurs, il y a par contre bien à redire sur l'exercice de théâtre filmé en lui-même. Tommy Lee Jones ne parvient pas à faire sien l'espace qu'il occupe de ses caméras, résultat, on sent beaucoup trop ces dernières. Entre changements de plan sauvages et montage fait au hachoir, on peine à se sentir invité dans cette pièce qui nous restera étrangère. S'installe alors une distance désagréable entre ces deux hommes qui se battent à coup de phrase et nous, spectateur, qui devons nous contenter de la leçon de vie qu'ils assènent avec de jolies formules sans pouvoir la remettre en question.

Tout est débité avec une telle vélocité qu'il est difficile de conjuguer assimilation du phrasé et interprétation de son sens. Les deux acteurs débitent en continu leurs thèses contradictoires sur l'être humain et peu à peu, cette passion qui nous animait en début de film finit par s'estomper, le discours se perdant quelque peu dans un schéma de débat en mode ping-pong bien trop classique pour passionner pendant 90 minutes. Dommage, la fin est, elle, réussie: avec une simple porte et des mots finement choisis, le sens même de la joute verbale qui s'est tenue est remis en perspective.

S'impose en fin de séance un sentiment particulier, cette impression d'avoir assisté à un film solide, dont la puissance des dialogues est indiscutable, dont le fond, très dense, est passionnant, mais qu'on aurait aussi bien pu lire dans un bouquin. Certes il y a bien ce duel magique entre Preacher Jackson et Punk Lee Jones qui rend cette adaptation croustillante, mais je ne peux m'empêcher de penser, après coup, que la lecture du script m'aurait certainement plus passionné que sa version imagée un brin poussive.
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar Kakemono » Ven 18 Juil 2014, 11:03

Bien joué pour La Main du Diable. :D
Et merci pour la précision Mark, j'ignorais l'apport de l'assistant de Tourneur. :super:
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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar Mark Chopper » Ven 18 Juil 2014, 11:10

J'aimerais voir d'autres films fantastiques français de l'époque (au sens large : années 30 à 50), mais le choix me paraît plus que limité :?
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Adam's Apples - 7,5/10

Messagepar osorojo » Dim 20 Juil 2014, 21:34

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ADAM'S APPLES

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Anders Thomas Jensen (2005) | 7.5/10
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CHALLENGE DÉCOUVERTE JUILLET / AOUT 2K14 •



Dernière proposition en date de l'auteur du caustique Les bouchers verts, Adam's apples en reprend le même sens du surréalisme pour, cette fois, illustrer une fable humaniste dans laquelle il est question de foi, d'optimisme et de rédemption. Thématiques denses, qui pourraient s'avérer bien lourdes si elles n'étaient pas accompagnées à loisir par l'absurde et l'absence salvatrice d'un quelconque point de vue moral. Dans Adam's Apples, si Anders Thomas Jensen choisit de revenir sur les lieux de ce pêché originel qui a plongé l'homme dans une quête de rédemption perpétuelle, c'est pour mieux faire comprendre à son spectateur qu'il est plus facile de trouver cause à ses malheurs que courage pour les laisser derrière soi.

En plongeant Adam, un nazillon au sang chaud condamné par la société à quelques mois de travaux d'intérêt général, au coeur de la petite communauté de repris de justice du pasteur Ivan, le cinéaste danois illustre son message par un combat aussi surréel qu'explosif, entre deux acteurs sacrément investis (Mads Mikkelsen en grande forme), qui portent avec fougue les symboliques fortes de sens d’un homme qui ne fait pas les choses à moitié.

Passé maître dans l’art de doser messages sous-entendus et ironie noire, on retrouve dans Adam’s Apples toute l’acidité qui le caractérisait déjà dans le terrible Les bouchers verts. Entre revendication polie et farce malsaine, il conviendra d’être réceptif aux univers quelque peu déjantés et ne pas prendre chaque situation au premier degré sous peine de passer un mauvais quart d'heure. Mais pour qui sait apprécier l’humour noir écrit tout en douceur, pimenté quand il le faut d’une violence inattendue, Adam’s Apple devrait être une séance tour à tour touchante et divertissante. D’autant plus qu’elle est propulsée par une mise en scène maîtrisée, à la photographie plus qu’avantageuse.

Rares sont les oeuvres comiques versant sans retenue dans l'humour noir qui ne se prennent pas les pieds dans le tapis. Après deux films très réussis dans ce genre si particulier, il semble légitime de considérer Anders Thomas Jensen comme un digne funambule de cet exercice périlleux. De quoi espérer fortement son retour derrière l'objectif dans un futur pas trop lointain.
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Auteur: Dunandan

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Re: [oso] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Dim 20 Juil 2014, 21:37

Tiens je ne savais pas qu'il avait fait un autre film distribué en France. C'est dans la même verve ?

Sinon après ce film t'avais pas envie d'une tarte aux pommes ? :mrgreen:
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