Tesis de Alejandro Amenábar
(1996)
Premier film d'Alejandro Amenábar et confirmation directe de la naissance d'un talent. De la part d'un individu n'ayant jusque là réalisé que des courts-métrages (dont l'un est la base même de ce premier long) c'est clairement admirable sur de nombreux points. Alors évidemment, on est loin d'une œuvre parfaite, mais le fait est que les réserves sont assez minimes au final,
Tesis étant un film qui, de base, ne cherche pas trop l'ambition. Déjà, on y trouve cette manie du cinéaste de transcender son postulat de départ en prenant une tournure particulière. Ici, alors que le début du métrage laisse clairement penser à un petit thriller sur les snuff-movie,
Tesis se révèle être non seulement une analyse du genre façon
Scream avant l'heure (un parti-pris intéressant qui pourra néanmoins agacer, notamment via les rebondissements poussifs mais assumés qui sèment le doute jusqu'à la fin) mais aussi et surtout une formidable réflexion sur le pouvoir de l'image et ses conséquences dans la société d'aujourd'hui.
Sur ce point là,
Tesis fait très fort en s'imposant presque vingt ans après sa sortie comme un film visionnaire, aux répliques prophétiques (le discours sur la situation du cinéma espagnol évidemment, mais surtout cette réplique sur l'importance de donner au spectateur ce qu'il a envie de voir, réplique qui prend un tout autre sens à l'heure où le torture-porn de fiction est accepté massivement par le public). C'est véritablement tout ce propos qui permet à
Tesis de ne pas vieillir et d'être toujours d'actualité, un mérite qui revient aussi à la mise en scène d'Amenábar qui, malgré un budget minuscule, se débrouille de façon admirable pour livrer quelque chose de tout sauf cheap, voire même quelques scènes brillantes (la séquence du couloir dans le noir, la découverte du professeur décédé, etc...). Un petit mot sur le casting, si Fele Martinez n'est pas spécialement le point fort du film malgré un personnage forcément attachant, c'est davantage Ana Torrent qui reste en tête (dommage qu'elle n'ait pas eu une carrière à sa hauteur par la suite) et surtout Eduardo Noriega dans son premier grand rôle, et qui le condamnera malgré lui à jouer éternellement les bad-guys beaux gosses.
7/10