Judex, de Georges Franju (1963) L'histoire : Un banquier malhonnête reçoit un message signé "Judex" qui lui demande de distribuer ses biens aux pauvres pour se faire pardonner ses méfaits. Il se garde d'obéir et meurt peu après, lors des fiançailles de sa fille...Georges Franju rend ici hommage au cinéaste Louis Feuillade qui avait signé en 1917 un
serial en douze épisodes nommé
Judex. L'amour du réalisateur des
Yeux sans visage pour la période du cinéma muet transparaît à chaque plan et se mêle à l'influence de Cocteau et de l'expressionnisme allemand... A tel point que ce long-métrage ne fonctionne que lorsque ses interprètes demeurent silencieux, notamment lors de la
scène du bal masqué, fascinante et hypnotique, qui a en grande partie fait sa réputation. Mais dès que les comédiens parlent, tout s'effondre : ils jouent faux, comme s'ils récitaient leur texte, venaient de se réveiller et avaient pris un antidépresseur (ce n'est d'ailleurs pas un hasard, soit dit en passant, que l'on fasse des reproches à Christophe Gans sur sa direction d'acteurs puisque les références de Franju sont également les siennes...). Pour en revenir à
Judex, les acteurs sont non seulement à la rue, mais leurs personnages se limitent à des caricatures qui n'évoluent pas, comme le justicier bien lisse ou la jeune demoiselle en détresse. Seule la belle Francine Bergé dispose d'un rôle intéressant, mais elle joue à ce point comme une quiche qu'elle en devient indéfendable (même si elle porte très bien ses tenues moulantes). On s'ennuie, malgré les rebondissements, du fait d'un rythme indolent, alors que le potentiel était là. Tous ces défauts, déjà présents à un degré moindre dans
Les Yeux sans visage, font de la découverte de ce film une expérience quelque peu pénible. Pour le coup, un
remake modernisé ne serait pas de refus. Mais ce n'est pas en France, dans le contexte actuel/frileux de production, qu'un film d'aventures avec un justicier masqué pourrait être mis en chantier.
Note : 4/10