[Velvet] Mes critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Jeu 26 Juin 2014, 21:59

Marrant, ça me fait penser à une séquence de Holy motors ... :mrgreen:
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Velvet » Jeu 26 Juin 2014, 22:19

osorojo a écrit:J'ai prévu de le voir, donc j'ai juste survolé ta critique, je m'y arrêterai plus en détails quand je me serai fait mon propre avis :super:

Une question cela dit, vu que j'ai vu Scarlett monopoliser tes lignes, si on l'apprécie pas spécialement (j'mets les formes, je la trouve vraiment moyenne pour ma part), on peut kiffer quand même ou je vais m'énerver au bout de 5 min ? :mrgreen:


La première partie du film, elle est assez naturelle. Elle est un peu le film dans le film. Durant la deuxième partie, par contre, tu risques de tiquer par moments je pense niveau acting. Mais elle s'en sort très bien selon moi.
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Bird People - 7/10

Messagepar Velvet » Ven 27 Juin 2014, 17:43

Bird People de Pascale Ferran (2014) - 7/10


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Avec Bird People, Pascale Ferran offre là un film contemporain touchant mais imparfait, affublé de quelques longueurs et de quelques naïvetés un peu désuètes sur cette société de consommation libéralisante et la technologie qui guide nos pas quotidiens. Derrière ces effets de style un peu ringard, notamment les voix off un poil grotesque, se cache un film perplexe et calme comme de l’eau de roche, qui trimbale ses valises à travers un hôtel vers l’aéroport de Roissy, lieu de pèlerinage de beaucoup de travailleurs et qui verra son champ narratif s’envoler vers des contrées rêveuses et presque surnaturelles. Le début du film commence comme le faisait un peu Her de Spike Jonze, en pointant du doigt ces hommes et femmes anonymes surconnectés dans un train ou un bus. Une masse bondée de personnes toutes plus solitaires les unes des autres, où le contact humain est quasiment absent. Le propos du film est visible au premier regard, tout en restant imaginatif.

Puis derrière cette collectivité en ébullition, la réalisatrice va s’intéresser aux individualités, à deux personnes en particulier. Leur point commun : cet hôtel, lieu de passage, sans âme, ni attache, animé par une mise en scène assez fine parfaitement bien découpée et qui trouvera quelques sommets de talents visuels avec les scènes aériennes de sa seconde partie. Bird people met en scène un cadre américain qui voyage pour affaire et qui doit prochainement prendre un vol pour Dubaï. Audrey, elle, est une étudiante ayant arrêtée ses études, et qui se consacre à son petit boulot de femmes de chambres. Audrey et Gary ne se côtoient pas, ils se croisent sans réellement se voir, mais ils sont atteints par le même sentiment, celui de cette solitude « occidentale ». Bird People s’avère très épuré dans ses faits et gestes, minimaliste dans ses intentions, laisse divaguer sa caméra au plus près du pain quotidien de des deux protagonistes. Ils ont la même volonté, vouloir quitter leurs obligations, changer d’air.

Pascale Ferran parle de cette société accablée par le travail, dont les journées se suivent et se ressemblent, sans qu’il puisse exister un possible affranchissement personnel. Il y a un léger aspect arriéré et cliché à cette description du monde de l’entreprise (la réunion avec un traducteur, le chef). Ce n’est pas gênant mais ça fissure un peu la qualité des intentions thématique d’une œuvre qui ne manque pas de charme. Bird People se déroule sur un laps de temps réduit, une nuit ou deux. Sans réelles explications précises, Gary va fuir ses responsabilités et ne va pas prendre son vol pour tout quitter (travail, famille) pour prendre un nouveau départ alors qu’Audrey va prendre son envol au sens propre comme au figuré dans une partie surnaturelle (ou rêvée). C’est ce qu’il y a de plus beaux dans son film, intériorisant au maximum l’indicible dépression sourde qui s’immisce en eux jusqu’au moment où ça explose comme lors de cette longue scène de rupture (par skype) pleine de rancune et miroir de cette société culpabilisante des conséquences de nos choix sur les autres.

Un homme, une femme plus jeune, la solitude nocturne, l’incompréhension, ça rappelle un peu Lost in Translation même si les deux films sont diamétralement opposés. Pascale Ferran, à la moitié de son film, change d’horizon, surnaturelle, « animale ». Au premier regard, on reste un peu perplexe, puis cette sensation de liberté de ton et de narration dégage une poésie salutaire sensitive qui procure beaucoup de plaisir. Certaines scènes aériennes font vaguement penser à celles d’Enter the void de Gaspar Noé. A ce moment, on divague, on vole, on surprend quelques discussions, Pascale Ferran ne surécrit pas ses personnages à défaut de trop montrer ses intentions. La petite étincelle du film est là devant nos yeux, le charme opère, c’est cette identification (personnelle) à ses deux protagonistes. C’est terriblement commun, ces deux personnages sont humains, défaillants comme tout un chacun, silencieusement en souffrance pour au final lever les yeux et retrouver le simple plaisir d'une main tendue.
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Film: Bird People
Note: 6/10
Auteur: Val

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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Val » Ven 27 Juin 2014, 19:15

Il me fait très envie celui-là depuis quelques temps. Malheureusement, je ne pense pas pouvoir le voir en salles.
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Raid 2 (The) - 8/10

Messagepar Velvet » Dim 29 Juin 2014, 10:22

The Raid 2: Berandal de Gareth Evans (2014) - 8/10


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The Raid 2 est un film présentant une force de frappe assez improbable. Un spectacle jouissif pétaradant et inspiré. Quand il lâche les chevaux, il ne fait pas semblant, fracasse tout sur son passage. Surtout que le travail sonore ne laisse rien au hasard et nous fait ressentir la moindre parcelle de fracture. Autour de cet enchainement de bastons gargantuesques, Gareth Evans n’en oublie pas de faire un film mais il est difficile d’être trop dithyrambique à cause d’un manque de fluidité narrative lié aussi à un certain systématisme esthétique de la part du réalisateur où l’on voit apparaitre plus des vignettes scénaristiques qu’une réelle intrigue globale, notamment dû ses innombrables petits travellings avant et arrière qui monopolisent presque toute l’intention de sa mise en scène. D’ailleurs, par moments, on se met à penser Nicolas Winding Refn. Sans la maestria du danois.

The Raid 2 fait souvent très mal et ne lésine pas sur les effets de style grâce à des combats portés par une énergie vorace magnifiquement chorégraphiés. Gareth Evans n’est pas manchot lorsqu’il s’agit de faire vivre ces scènes là et de leur donner une puissance féroce. L’une des premières scènes de combats du film, se déroulant dans les toilettes de la prison où l’on verra Rama se battre contre une vingtaine de mecs, est sans doute la scène la plus impressionnantes du film. Dans un tout petit espace, The Raid 2 arrive à fasciner avec un découpage ultra rapide comblé de quelques plans séquences d’une maitrise qui aspire le respect. The Raid 2 est un peu trop long, s’accommodant d’un scénario un peu bâtard, classique avec une histoire de mafieux dont le fils veut prendre les rênes du territoire en incorporant l’infiltration d’un jeune flic pour démanteler toutes cette armada corrompue.

Il n’empêche que l’histoire en elle-même tient la route et apporte son petit lot de protagonistes charismatiques (Rama, Bejo, Prakoso). Le personnage de Rama fait forte impression à l’image de cette séquence où il frappe le mur de sa cellule pour s’entrainer à se battre. D’une rapidité et d’une puissance de feu. C’est le couteau suisse du film, il se bat avec tout et n’importe quoi avec une brutalité sans égale comme le prouve ce combat à trois entre lui, la fille aux marteaux et l’homme à la batte. Le défaut du réalisateur se trouve sans doute encore dans sa cohérence, faire imbriquer parfaitement son sens de l’explosion généreuse de combats survitaminés avec un scénario digne de ce nom. On se trouve parfois devant des scènes un petit peu bouche trou, un petit trop automatique. Mais The Raid 2 joue aussi beaucoup sur ses qualités.

Le petit plus du film, c’est aussi toute la préparation visuelle qui annonce l’exécution des scènes d’actions. Cette montée en pression, ultra graphique souvent au ralenti, faisant resurgir les gimmicks de personnages plus badass les uns que les autres (le mec à la batte de baseball, le clochard à la machette, la fille aux marteaux). Une sorte de calme esthétique avant la tempête sanglante, à l’image de toute la mise en place de la scène de bravoure dans la cour boueuse de la prison. Cassage de crane, de bras, de jambes dans une maitrise visuelle assez impressionnante. Grace à un rythme plutôt bien dosé entre scène concernant l’intrigue et scène purement défouloir, la longueur du film ne se fait pas sentir. The Raid 2 est un film d’action burné et parfois violemment excessif d’une maitrise cinématographique valant le détour malgré ses quelques faiblesses narratives. Un film d’une générosité et une envie d’en découdre peu communes.
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Room in Rome - 7/10

Messagepar Velvet » Mer 09 Juil 2014, 17:32

Room in Rome de Julio Medem (2010) - 7/10 - Challenge découverte


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Room in Rome dépeint avec un érotisme feutré la nuit de deux femmes qui viennent tout juste de se rencontrer. Un petit moment de vie inégal mais plein de grâce. Restant tout la soirée dans une chambre d’hôtel, le réalisateur va les voir se rapprocher, s’éloigner puis s’aimer jusqu’à n’en plus soif. Bizarrement, le film part très mal, avec ces faux airs kitchs et désuets de Woody Allen avec cette grande Russe un peu cruche, et cette petite jeune femme espagnole accoutrée comme un garçon manqué d’une dizaine d’années (pour bien nous montrer que c’est elle la plus lesbienne des deux hein, facepalm). Puis étant sous le charme l’une de l’autre, elles vont se déshabiller, se toucher, pour ne plus se quitter, pour ne plus remettre leurs vêtements durant toute la durée du film (ou presque). A partir de là l’essence même de Room in Rome va naitre, s’intéressant de près à l’alchimie de deux corps. La mise en scène, qui arrive à s’extirper facilement de son idée de huit clos, magnifie avec pudeur la beauté des deux femmes grâce à un subtil travail sur le cadrage et la luminosité. Leur peau, leur bouche, leur main, leur geste, leur attraction tout est savamment épluché aux moindres détails. La force du film reste allégrement son naturel tactile. Malgré la nudité permanente des deux femmes, il n’y a aucune gratuité ni aucune complaisance dans l’effet de style, on pénètre, si je puis dire, dans l’intimité de ses deux femmes, dans l’osmose, dans l’appréhension de l’inconnu comme tout le monde peut l’avoir vécu.

C’est beau, jamais outrancier, mais terriblement sensuel, notamment à travers la plastique somptueuse de la sublimissime Natasha Yarovenko. Les confidences sont alors plus précises, moins mystérieuses, parfois brutalement tragiques. Le film n'explore pas seulement leur attirance physique mais prend le temps de se pancher sur leur émotion distincte. Autant Room in Rome arrive à souvent enchanter visuellement, autant narrativement le film ne va pas forcément au bout de ses idées. J’aurai préféré voir quelque chose de plus jusqu’auboutiste dans le contemplatif, dans l’emboitement charnel, alors que pendant ce temps-là Room in Rome s’enferme dans un processus narratif parfois un brin redondant et répétitif : révélation mystérieuse puis silence et pleurs, puis réconciliation sur l’oreiller. Parfois envahi par une musique pompeuse trop présente, le film dégage tout de même une atmosphère poétique, humaine, presque commune, laissant apparaitre leurs passions et les questionnements amoureux. L’alchimie est parfaite entre les deux femmes, notamment durant cette fin très bien écrite, où une fragilité non artificielle se dévoile. Room in Rome est un joli petit film érotique, d’une sensualité à consommer sans modération.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Mer 09 Juil 2014, 17:39

Chouette un film x sur le topic de Velvet :voleur:.

Non mais là même si j'aime beaucoup le gif, tu devrais quand même le mettre en [/spoil], ou bien choisir une image un peu moins explicite ...
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Mark Chopper » Mer 09 Juil 2014, 17:43

Ho hé, c'est bon hein... Il fait un temps de merde, ça réchauffe.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Velvet » Mer 09 Juil 2014, 17:48

Le gif est soft. :mrgreen:
De toute façon, la dame, elle préfère les bouteilles de vin. :chut: :eheh:
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Mer 09 Juil 2014, 17:50

A la revoyure ... ça passe. Ce n'est pas "pire" que les pubs pour gel douche :chut:.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Moviewar » Mer 09 Juil 2014, 17:51

J'en garde de très bons souvenirs de celui-là :mrgreen:
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar nicofromtheblock » Mer 09 Juil 2014, 19:28

Moi, je trouve qu'il se bonifie à la deuxième vision. :chut:
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar Mark Chopper » Mer 09 Juil 2014, 19:31

Tu l'as regardé avec tes deux mains libres la seconde fois ?
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2014

Messagepar osorojo » Mer 09 Juil 2014, 20:20

Tain, j'ai cru que t'avais critiqué Ken Park en voyant le gif.

Bon, inutile de dire que je le cale dans le challenge celui là, j'sais pas pourquoi :mrgreen:
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Amants du Pont-Neuf (Les) - 9/10

Messagepar Velvet » Jeu 10 Juil 2014, 12:03

Les Amants du Pont-Neuf de Leos Carax (1991) - 9/10


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Cracheur de feu, vagabond sans domicile fixe, Alex vit, survit sur le bord d’un pont délaissé par des travaux en cours. Il occupe une petite parcelle du pont, Hans lui en occupe une autre. Il se drogue pour dormir, pour exister. Puis vint la rencontre avec Michèle, une artiste peintre, qui va bientôt perdre la vue. Ne plus voir de visage la hante, seule sa mémoire lui permettra d’avoir un regard sur le monde. Elle dessine pour se rappeler. Elle disparait par peur de ne plus contempler. Les amants du pont neuf n’est pas une critique sociale malgré ce contexte défavorable. Les premières minutes du film nous précipitent dans un réalisme social acre, sans être miséreux ni faussement dénonciateur. Leos Carax arrive à se détacher de cette vie patibulaire, pour ne pas se donner bonne conscience, pour au final faire vivre le thème central de son film : l’amour et tout ce que cela conditionne à travers le regard de notre humanité.

Le ciel est blanc, les nuages sont noirs. Les amants du pont neuf ne s’embarrasse pas de multiples rebondissements, nous ne sommes pas en présence d’une comédie romantique. Leos Carax délaisse un peu de son penchant pour la nouvelle vague, sa prose littéraire et trop littérale, pour faire naitre un film d’une poésie tragique, d’une simplicité humaine à l'image de son décor où l’amour ne tient qu’à un fil mais reste intacte quelque soient les secousses. Des fulgurances par ci par là époumonent le film de toute sa splendeur comme cette scène fantastique de cracheur de feu vécue comme un moment d’ivresse et de terreur absolue, Carax s’intéresse toujours autant à triturer son image avec son montage désarticulé, à passer d’un réalisme crapahuteur à un onirisme rêveur comme durant cette scène improbable de jet ski.

Alex sera prêt à tout pour garder Michelle près d’elle, quitte à ne pas l’épargner de sa maladie. Seul le regard aveugle qu’elle porte sur lui le fait vivre, par peur de la voir disparaitre si elle arrive à se soigner. C’est aussi ça l’amour, être égoïste. Comme dans Mauvais Sang, les deux acteurs, Denis Lavant et Juliette Binoche sont terrassants de naturels, pas une seule faute de gout. On s’attache très rapidement à eux. On les regarde danser sous les feux d’artifices qui illuminent le ciel de Paris, on les obverse rire après une bonne cuite, courir nus sur une plage de sable, se faire du mal par peur de l’absence de l’autre, contempler une peinture comme dernier souffle d’une vie qui nous échappe. Le réalisateur écrit parfaitement ses personnages, ne tombe jamais dans un pathos larmoyant, ne nous écrase pas d’un passé tortueux. Seul le présent compte (ou presque), et malgré les consignes de Hans, l’amour a bien sa place, partout, nulle part.

Le regard, les yeux, les images qu’on perçoit. On oublie bien des choses, se dégage des Amants du pont neuf, un sentiment de liberté presque infiniment renfermé sur lui-même, un espoir désespéré, un film simple mais nuancé. L’amour n’a pas de toit, ni d’environnement, ni de revendication. Il est partout malgré les difficultés que cela engendrent. Alex, pour cela, dépassera la ligne jaune, pour au final mieux se retrouver. Leos Carax, par moments, touche au miracle, dans cette scène du parloir, le discours de Michèle transperce, est d’une vérité et d’une beauté inestimable. Les idées, les mystères, les émotions se succèdent les unes aux autres dans une œuvre libre et délicieuse.
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