Je comprends ce que tu dis, sur la place de la femme face à la violence de l'homme (moi j'aime bien ce propos, binaire certes, mais magnifiquement montré par une rimbanbelle d'idées de mise en scène) mais le coup de la prostituée esclave, je ne l'ai pas ressenti comme cela. Pour moi, c'est la femme qui est en jeu, sa fragilité et son pouvoir fantasmatique, sans question de prostitution.
Tu y vois une hiérarchie entre le motard et elle. Un qui domine et elle qui exécute. Pour moi, ils font partis d'un tout, au meme niveau. L'un utilise la force physique, l'autre utilise sa force charnelle, son attraction. L'un est destructeur, elle est le fantasme. Au service d'une mission. Laquelle? J'en sais rien. D'ailleurs, lors du rituel avec le difforme, on aperçoit un troisième extraterrestre, sans peau humaine sur lui. Peut etre le régisseur de tout cela? Certains veulent la "baiser", mais ce n'est pas eux qui viennent à elle, c'est elle qui les drague, elle qui leur dit des mots doux. Un fille t'accoste, elle est magnifique, te fait du rentre dedans, est ce une pute pour autant? Non. Certes, elle a un but, mais c'est une prédatrice, qui cherche de la chair fraiche. Pour ça que j'ai du mal avec le lien avec la prostitution. Une prostituée, bien que ça soit plus compliqué que cela j'en doute bien , attend et subit la pulsions des hommes ou femmes qui viennent à elles.
Elle, ou du moins l'extraterrestre qu'elle est, est une sorte de Terminator, qui joue de son corps pour aguicher le plus offrant et le plus cupide. Ils veulent la baiser, oui, mais pourquoi? Parce qu'elle les y incite. Dans la forme, ta théorie est plausible, mais dans le fond, le rapport de force est inversé à la prostitution. Le film ne montre pas, surtout dans sa première partie, la victimisation de la femme, mais l'hypnotisation qu'elle émane, se jouant de la vacuité de l'iconisation de son corps, qui s'approprie le sujet du film: le regard humain. Elle domine, elle est le bourreau. Se servir de son corps comme une arme.
Après, elle décide de tout arrêter, d'enlever ses chaines comme tu dis. Oui. Mais une prostituée voudrait tout arreter pour qu'on ne lui fasse plus de mal ou pour qu'elle ne soit plus l'objet d'un désir pervers. Elle, veut tout arreter, pour au contraire, ne plus faire de mal aux humains, comme si sa mission qui conduit à la mort, n'avait plus de raison à ses yeux. L'empathie. Et c'est à partir du moment où elle devient humaine, qu'elle est mise en danger. Le rapport de force encore une fois. Elle était un extraterrestre, elle pense etre devenue une femme.
Après la fin, force physique contre force charnelle, une vision primitive des rapports humains, encore une fois, il brule la femme mais aussi l'extrarrestre qu'elle est. J'aime beaucoup cette fin, très belle, où elle regarde son propre visage, comme elle regardait le visage d'une femme à terre au début du film, mais cette fois çi: avec de l'empathie.