L'Insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera (1984)
Difficile de s'exprimer sur une telle œuvre tant elle m'a prise aux tripes du début à la fin. J'ai toujours un rapport très égoïstes aux œuvres, qu'elles soient cinématographiques ou littéraires. C'est à dire que celles que j'aime le plus, j'ai l'impression qu'elles ont été crées pour moi, par quelqu'un qui ressentait, pensait, vivait la même chose. C'est ce sentiment rare d'être en total connexion avec l'esprit de l'artiste que j'ai ressenti en lisant ce livre. A travers les destinées de quatre personnages principalement (2 hommes, 2 femmes), Kundera dépeint certes le quotidien et la vie sous le régime communiste mais pas uniquement. C'est avant tout la vie sous toutes ses formes, toutes ses contradictions, ses dilemmes, ses hésitations qui est décrite.
J'ai beaucoup pensé aux Misérables de Hugo pendant ma lecture. On retrouve cette ambition d'un « roman monde », un roman qui ne se contenterai pas de l'action mais irait au delà pour embrasser une forme de portrait de l'humanité dans sa totalité. Ainsi, Kundera n'hésite pas à intervenir à la première personne dans la narration pour donner son avis, à revenir en arrière pour disserter sur tel ou tel point, revenir sur la définition ou l'acception que l'on donne a tel ou tel terme. Ainsi, ce sont des dizaines et des dizaines de thèmes extrêmement différents qui sont traités, philosophiques ou non, sur la question de l'engagement politique, du sexe, du corps, de la pudeur,... Le tout soutenu par une langue magnifiquement maîtrisée et qui ne tombe jamais dans le style ampoulé ou la surenchère. De plus, les chapitres très courts aèrent le texte et le rendent très agréable à lire. Une merveille d'intelligence, de subtilité, d'humanisme,... Je crois que j'avais besoin de lire un tel livre à ce moment de ma vie. Inutile de dire qu'il s'agit désormais de mon roman préféré.