[Val] Mes Critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

Témoin dans la Ville (Un) - 9/10

Messagepar Val » Mer 02 Juil 2014, 10:53

UN TÉMOIN DANS LA VILLE
Id.
- Edouard Molinaro - 1959

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Film plutôt méconnu, Un Témoin dans la ville est une curiosité dans la filmographie de Edouard Molinaro, cinéaste dont le souvenir reste plus associé à la comédie populaire française qu'à ce type de long-métrage, ce qui explique sans doute le relatif oubli dans lequel le film est tombé. Très marqué par le Film Noir, le film de Molinaro démarre de suite par la mise en scène de l'assassinat d'une femme par son amant dans un train. Relaxé par la justice, l'amant en question reçoit chez lui la visite du mari de la défunte, décidé à venger la disparition de sa femme. Ayant mis au point un stratagème précis pour que les soupçons ne se portent pas sur lui, il se retrouve nez à nez avec un chauffeur de taxi à la sortie de la maison de sa victime. Fuyant d'abord, il va ensuite tenter de retrouver ce chauffeur pour s'assurer qu'il ne parlera pas.

Comme tout bon Film Noir qui se respecte, un très grand soin est apporté à l'ambiance du film. Ainsi, se déroulant presque entièrement de nuit, il se dégage une atmosphère très particulière. Cela est sans doute renforcé par le fait qu'a aucun moment le film ne devient manichéen. Constamment, on est balancé entre ce pauvre Ancelin (Lino Ventura en très grande forme) qui a simplement voulu venger sa femme et ce chauffeur de taxi, témoin involontaire de la fuite d'Ancelin. La traque qui s'engage en devient passionnante puisque l'on est à la fois le traqueur et le traqué. Aussi, le film est rempli de séquences mémorables : la rencontre entre Ancelin et le meurtrier dans ses appartements, la course poursuite finale (longue et dont certains plans évoquent déjà les courses poursuites Friedkiniennes), la traque dans le métro,... Clairement un très grand petit film.

9/10
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Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar pabelbaba » Mer 02 Juil 2014, 11:27

T'es sûr de ton coup pour la comparaison avec Friedkin? :mrgreen:

Sinon très sympa ces avis. :super: Pour Antonioni, je pense qu'il ne raconte rien, il essaye juste de transporter le spectateur dans une dimension spéciale. Enfin c'est comme ça que je vois ses films. Sauf l'Avventura, qui m'a trop laissé sur le bas côté.
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar Val » Mer 02 Juil 2014, 11:51

Ouais je suis sûr :mrgreen: , revois la scène où

Ventura essaye d'échapper aux autres taxis


y a des plans qui ressemblent furieusement à ceux de Friedkin (avec les moyens de l'époque c'est sûr), je trouve.

Je suis pas trop inspiré sinon en ce moment pour mes avis, ça se ressent à la taille. :mrgreen:
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A l'est d'Eden - 8,5/10

Messagepar Val » Ven 04 Juil 2014, 19:51

A L'EST D'EDEN
East of Eden
- Elia Kazan - 1955

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Choisissant d'adapter la quatrième partie du roman de John Steinbeck, Elia Kazan signe avec A l'Est d'Eden un film sur la recherche de l'amour et de la reconnaissance paternelle très juste et très fort. Le film marque la première des trois apparitions officielles à l'écran de James Dean qui fait ici toute la démonstration de son talent. Son jeu pourra en horripiler certains qui lui reprocheront son application de « la méthode » mais il me semble que cela donne une fragilité a son personnage immédiatement perceptible de sorte que, dès sa première apparition dans les premiers plans, on est de suite avec lui, on ressent sa détresse et sa peine. Kazan réussit ensuite à rendre son film passionnant grâce à une excellente gestion du rythme et une pléiade de thèmes traités qui donne au film une épaisseur et une complexité étonnante pour ce qui était une grosse production de l'époque (on y parle entre autre de la rivalité entre frères, de l'hypocrisie familial, des gamins que l'on envoie a la guerre en sachant qu'ils n'en reviendront pas,...). La mise en scène de Kazan est une autre réussite, j'adore personnellement les plans obliques soulignant les scènes de crises familiale.

8,5/10
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Dead man - 8/10

Messagepar Val » Ven 04 Juil 2014, 21:33

DEAD MAN
Id.
- Jim Jarmusch - 1995

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Rares sont les cinéastes dont les films provoquent chez moi des réactions aussi diverses que les films de Jim Jarmusch. Je passe de l'ennui profond (Permanent Vacation, Coffee and Cigarettes) à l'indifférence (Broken Flowers, Only Lovers Left Alive) jusqu'à l'adoration (Mystery Train). Dead Man fait partie de la dernière catégorie. Sur une idée improbable - un jeune comptable un peu gauche tue par accident le fils du notable de la ville qui met sa tête à prix, pendant qu'il se lie d'amitié avec un indien le prenant pour le poète William Blake provoquant ainsi un bouleversement chez le jeune comptable, se traduisant par une quête initiatique jonchée de cadavres – Jarmusch livre un film que l'on devine très personnel et absolument réjouissant.

Difficile d'intellectualiser un tel film (certains y verront une parabole sur la mort) tant il fonctionne essentiellement sur le ressenti. Ainsi, l'atmosphère est extrêmement travaillée, sublimée par un noir et blanc de toute beauté et par la musique de Neil Young. Le cinéaste réussi aussi à ne pas tomber dans le post-modernisme total en insérant un léger décalage à son film, de part ses personnage barrés et ses discussions improbables, sans pour autant en faire un film cynique cherchant à se moquer du western, genre dans lequel il s'inscrit. Difficile aussi de ne pas penser à La Nuit du Chasseur tant l'imagerie fantastique de ce dernier semble avoir inspiré nombre de plans de ce Dead Man et la présence de Robert Mitchum dans son dernier rôle n'être pas anodine. Johnny Depp, qui cherchait encore à casser son image de 21 Jump Street, trouve un rôle qui lui convient parfaitement dans ce jeune homme naïf tombant peu à peu dans le mystique. Un film lent, contemplatif et terriblement envoûtant.

8/10



(Les captures sont de Waylander, merci à lui :wink: )
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Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar osorojo » Ven 04 Juil 2014, 21:44

J'aime beaucoup ce Jarmush emprunt d'une belle poésie, à la fois dans la philosophie qu'il déploie que dans la beauté formelle qui l'anime. Johnny Depp y est magnétique. Une séance que j'avais vraiment vécue profondément, mais qui comme tu le dis joue tellement sur les sentiments qu'il est difficile de lui trouver des mots :super:
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Parents - 7/10

Messagepar Val » Sam 05 Juil 2014, 01:06

PARENTS
Id.
- Bob Balaban - 1989

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Œuvre tombée dans l'oubli depuis de nombreuses années après avoir connu un certain succès en vidéo clubs en son temps si l'on en croit les spécialistes de films bis, Parents est la première réalisation pour le cinéma de Bob Balaban, qui aura surtout œuvré à la télévision, et qui est principalement connu comme second rôle du cinéma américain (on a récemment pu le voir chez Wes Anderson : le narrateur loufoque de Moonrise Kingdom , c'est lui). Situant son récit dans l'Amérique « moyenne » des années 1950, il raconte l'histoire d'un jeune garçon, Michael, assaillit de cauchemars sanglants et qui commence à s'interroger sur l'attitude de ses parents, allant jusqu'à les soupçonner de cannibalisme.

Proche de l'Oeuvre d'un Joe Dante qui aurait décidé de plonger les pieds joints dans le gore, Parents égratigne l'American Way of Life et ses banlieues proprettes décidément bien trop propres sur elles pour ne pas dissimuler quelque chose. Nous plongeant dans le point de vue de Michael, le film nous présente des adultes tous plus inquiétant les uns que les autres, et ce dès le départ : l'institutrice, l'assistante sociale, le nouveau patron du père dont l'entreprise ne semble guère embêtée par les questions morales et surtout les deux parents en question. Entre la mère et son sourire forcée et le père campé par un Randy Quaid tour à tour grotesque en scientifique grassouillet et foncièrement inquiétant derrière ses lunettes rondes, l'angoisse de ce gosse n'en paraît que plus légitime.

Toutefois, le film ne part pas non plus dans le n'importe quoi et Balaban prend son temps pour poser son univers et se révèle particulièrement doué pour faire monter la tension et créer une atmosphère fantastique. Ainsi, pas de déchaînement de scènes gores mais une évolution progressive de scènes en scènes jusqu'au final pendant lequel on regrettera une utilisation excessive des ralentis et que le film n'ose pas aller aussi loin qu'il aurait pu. A l'appui de la mise en scène, la musique est une réussite, entre le thème principal de Angelo Badalamenti aux sonorités ironiquement joyeuses et les sons inquiétants de Jonathan Elias venant accompagner les scènes oniriques.

Sans doute maladroit et un peu trop en retenu, Parents est un premier film curieux et attachant de part son scénario original et son énergie communicative. Les quelques défauts que l'on pourra trouver lui donne aussi son charme. Pas un chef d’œuvre, ni même un classique, mais une curiosité sur laquelle les amateurs de bizarreries devraient se pencher.

7/10
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Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar angel.heart » Sam 05 Juil 2014, 19:29

Elle sont bien cool tes dernières critiques. :super:

Et bravo pour avoir eu la motivation de critiquer plus de films. Même juste quelques lignes, ça fait plaisir à lire. Faut que j'en prenne de la graine... :idea:
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Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar Val » Sam 05 Juil 2014, 19:32

Ouais j'essaie de me mettre un bon coup de pied au cul, et c'est vrai que ça finit par marcher un peu : je passe déjà moins de temps à écrire mes avis.
Après, j'ai toujours des moments de faiblesses, j'ai quelques critiques en retard. :mrgreen: :super:
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Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar osorojo » Sam 05 Juil 2014, 21:12

Ca a l'air bien sympa Parents, je ne connaissais pas du tout, je vais essayer de le choper :mrgreen:
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Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar Val » Sam 05 Juil 2014, 21:21

Inconnu pour moi aussi jusqu'à ce que 1Kult en parle brièvement il y a quelques semaines à l'occasion de sa sortie chez Metropolitan.
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Bunny Lake a disparu - 8/10

Messagepar Val » Sam 05 Juil 2014, 22:53

BUNNY LAKE A DISPARU
Bunny Lake is Missing
- Otto Preminger - 1965

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Souvent oublié dans les sujets consacrés à son réalisateur voir déprécié par certains, Bunny Lake a disparu démontre une belle vitalité de la part d'un cinéaste dont la carrière touchait progressivement à sa fin. On suit les quelques heures d'enfer d'une jeune mère dont la fille a été enlevé alors que tout le monde se met a douter de l'existence de l'enfant en question. Prenant place dans le Swinging London des années 60 et s'inscrivant dans la catégorie du cinéma paranoïaque, le film est une franche réussite qui arrive a surprendre constamment son spectateur par un scénario très malin et de plus en plus passionnant. Preminger s'amuse avec nous tout du long, en hésitant pas à changer le point de vue de la narration avec une habileté telle que le changement passe presque inaperçu au départ. Ainsi, on épouse d'abord la situation de la mère, puis on se retrouve dans la position de l'inspecteur pour revenir à celle de la mère sans que cela ne gêne le suivi du film. Le casting est excellent avec Carol Lynley en mère tentant de convaincre tout le monde que sa fille existe bel et bien et à été enlevé, l'inquiétant et trop rare Keir Dullea, trois ans avant d'embarquer pour Jupiter devant la caméra de Kubrick, et enfin l'immense Laurence Olivier, apportant tout son flegme au lieutenant pour lequel le public éprouve immédiatement un sentiment d'identification.

8/10
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Belladone de la tristesse (La) - 8/10

Messagepar Val » Dim 06 Juil 2014, 02:46

LA BELLADONE DE LA TRISTESSE
Kanashimi no Belladonna
- Eiichi Yamamoto - 1973

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Quasiment invisible en France, où il ne fût d'ailleurs jamais exploité malgré sa présentation à Avoriaz en 1975, La Belladone de la tristesse (autrefois « La Sorcière ») constitue une expérience à part entière qui repousse les limites de ce que l'on peut attendre du cinéma. Le film pourrait se présenter comme l'accouplement entre Alejandro Jodorowsky et Ralph Bakshi qui auraient pris toutes les substances hallucinatoires existantes et qui auraient invités une bande de potes à venir faire une apparition, de Gustav Klimt à Chagall, en passant par Philippe Druillet ou Giger. Difficile aussi de résumer le film. Histoire classique de deux jeunes gens pauvres qui s'aiment et qui vont affronter le pouvoir. La femme Jeanne sera en effet violée par le seigneur et les habitants du village. Détruite, elle reçoit la visite du diable en personne qui lui propose un marché et finira par faire d'elle une sorcière. Mais loin d'être maléfique, elle se révélera un contre-pouvoir face au tyrannique seigneur qui a envoyé tant d'hommes a la guerre et n'a pas pu épargner la peste de s'abattre sur le village. Ainsi, le film se veut un hommage au rôle des femmes dans les révoltes, et en particulier la Révolution Française, comme le montre les dernières images du film dont la présence de « La Liberté guidant le peuple ».

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Le film est d'une folie furieuse constante. Aucun plan ne semblent pareil au précédent, même les dessins ne se ressemblent plus au fur et à mesure du film, comme si il y avait eu une overdose d'idées, d'envies et que ce film était l'occasion de toutes les faire cohabiter. Ainsi, se succèdent des séquences hypnotiques et fascinantes : le viol de Jeanne à la fois beau visuellement et terriblement violent, la peste s'abattant sur le village, la fuite de Jeanne à travers la forêt, … La folie semble avoir contaminé ce film où le diable prend l'apparence d'une bite et la voix caverneuse de l'immense Tatsuya Nakadai. On sent l'influence de l'érotisme japonais, genre alors fleurissant à l'époque, par l'omniprésence de la sexualité dans le film sans pour autant se transformer en vulgaire film pour érotomanes. Souvent composé d'images fixes, les plans sont d'une beauté renversante mais d'une beauté presque dérangeante parfois. En effet, il y a un je ne sais quoi de macabre qui émane de ces images, presque une forme d'angoisse sans doute provoquée par l'épure qui règne sur ces dessins. Difficile donc de s'exprimer sur cette œuvre. Difficile aussi de savoir si on y a compris quelquechose où si l'on a simplement « aimé ». A ce stade la question ne se pose plus, il ne reste plus que l'expérience psychédélique qui laissera sans nul doute des images et des sensations profondément gravées en mémoire.

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Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Dim 06 Juil 2014, 03:16

Intéressant ton avis. Tu l'as découvert comment ? (je n'ai pas trouvé d'édition DVD).
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Re: [Val] Mes Critiques en 2014

Messagepar Val » Dim 06 Juil 2014, 03:17

En effet, je crois qu'il n'existe aucun DVD hormis au Japon. Personnellement, je l'avais enregistré sur Arte fin 2013 (première présentation du film en France hors festival je crois). Des copies de cette diffusion tournent sur le net je crois. :mrgreen:
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