[Dunandan] Mes critiques en 2014

[angel.heart]

Il est dans mon top 5 survivals, mais, de ces 20 dernières années, je garde quand-même une préférence pour Wolf Creek et The Reef, que je trouve bien plus tendus en terme de purs survivals, là où Battle Royale joue sur plusieurs tableaux...

[zack_]

Même dérive mortelle m'a plus tendu que The reef c'est pour dire

Faudrait que je fasse une MAJ du panorama Je te le rajoute

[Creeps]

The Grey
Bon je dis ça j'ai pas vu les autres ! (et je lui préfère BR)

[Dunandan]

House by the river, Fritz Lang (1950)

Première fois que je suis globalement déçu par un film de Fritz Lang. On reconnaît tout de suite son talent à travailler les contrastes et le cadre, et il confère une certaine atmosphère impressionniste aux intérieurs de la maison domestique et de la rivière. Sauf qu'il ne réussit pas à rendre son histoire réellement captivante. Pourtant sur le papier c'est vendeur, cette idée d'un écrivain en panne d'inspiration, qui s'appuie sur son meurtre surgi par hasard pour écrire, et de ce comportement machiavélique et manipulateur visant à faire tout ce qu'il faut pour qu'il ne paraisse pas coupable aux yeux des autres, quitte à salir la mémoire de sa victime ou ses proches.

Ainsi, l'affiche de l'éditeur français Wildside ne rend pas vraiment justice au réel contenu du film, qui est au fond davantage une peinture de moeurs qu'un serial killer movie, où on s'attarde surtout sur les conséquences multiples du crime, et tout particulièrement les deux réactions possibles articulées autour des deux frères qui y ont pris part. Mais même en intégrant ce point (je n'ai rien contre les films qui déjouent mes attentes premières), c'est cousu de fil blanc, où on développe inlassablement cette idée de départ avec assez peu d'audace dans le déroulement ou le traitement. Par contre l'idée de figurer le traumatisme de ce meurtrier malchanceux, qui au fond n'est pas un mauvais bougre (du moins au départ), par des images qui font penser aux derniers moments de sa pauvre victime, à la manière d'un ensorcellement, était bien vue, mais ça aurait mérité d'être plus poussé ou développé dans ce sens.

Dommage ainsi que la forme ne compense pas davantage un script qui ne laisse pas beaucoup de grains à moudre. A ce titre, j'aurais aimé qu'on affine un peu plus cette filiation entre le fleuve (présenté dès le départ comme un mauvais augure ou un avant-signe de la fatalité) et cet homme pour apporter un peu plus de folie au récit, alors que l'intérêt repose plutôt sur les dialogues au ton théâtral et les relations inter-personnelles (avec beaucoup d'allusions sexuelles) dont certaines manquent d'intérêt comme celles avec la bonne secrètement amoureuse de son maître. Certes, en grattant un peu, il y a un petit sous-texte sur l'inégalité des différences sociales, mais on s'en tape un peu tant c'est traité au second plan avec juste quelques chicanes sans aller bien plus loin.

Au niveau de l'interprétation, je n'ai pas non plus été complètement convaincu. Seule celle du tueur aux allures banales et communes sort du lot. J'aime bien son personnage contrasté, où faire le mal devient presque une question d'habitude en situation de survie, mais qui connaît en même temps une véritable évolution, passant du pauvre bougre à un véritable salopard où la fin justifie les moyens, tant pour écrire et vendre son bouquin que pour sauver ses miches. J'ai par contre trouvé l'interprétation du frère fade, incarnant pourtant un rôle important puisqu'il représente le sentiment vivant de culpabilité autour du crime, ainsi que tout ce qui reste d'humain et qui est progressivement perdu par l'autre. Mais bon il se contente de déprimer et de nourrir la mauvaise conscience, ce n'est pas bien folichon. Et le reste du casting n'est pas franchement mémorable, la faute aussi à une écriture qui manque un peu de mordant (c'est trop gentillet à l'image de son dénouement, et on ne sent que trop rarement la menace venant du tueur ou de ce qui peut lui arriver avec l'enquête en progression).

Au final, j'ai largement préféré Désirs humains du même réalisateur qui développe aussi cette idée du crime associé à la séduction, mais avec davantage de panache et de chair, et des acteurs/personnages autrement plus intéressants à suivre (excepté le tueur, je le répète). Pas un mauvais film en soi, mais simplement anecdotique dans le genre, à cause d'un script et d'un casting qui s'inscrivent tout juste dans la moyenne, alors que la forme tabasse dans l'ensemble (une habitude chez ce réalisateur). A voir tout de même pour tout amateur de films noirs (même s'il s'agit plus selon moi d'un drame social).

Note : 6/10

[Dunandan]

The Grey
Bon je dis ça j'ai pas vu les autres ! (et je lui préfère BR)

Ouais m'enfin j'aime beaucoup ce film mais ça n'a pas grand à voir ... Et puis entre l'environnement neigeux et des loups qu'on voit à peine, et le désert australien et un badguy qui tabasse, j'ai choisi mon camp, même si pour le moment l'écart dans mon système de notation n'est que d'un demi-point .

[Dunandan]

La vie rêvée de Walter Mitty, Ben Stiller (2014)

Ben Stiller nous livre un sympathique hymne au voyage, où il nous emmène dans des endroits magnifiques et éloignés, en soulevant des questions très modernes (la crainte de ne pas vivre ses rêves et de suivre une vie monotone). Bon le soucis, c'est que ça caricature un brin sur tous les niveaux. Ainsi, son personnage "préfère" se rêver dans des situations improbables plutôt que de les vivre, ou bien la relation par internet tandis que son amoureuse travaille à deux pas de son travail. Et c'est la même chose pour la plupart des personnages secondaires, du boss impitoyable et incompétent, aux autochtones rencontrés avec qui on joue gentiment avec les clichés, jusqu'au photographe qu'il doit rejoindre pour obtenir le fameux 25è cliché, cette "quintessence" censée faire la dernière couverture du magazine Life, le lieu où il bosse comme archiviste des photos. Il y avait peut-être moyen de faire plus subtil dans ce décalage ironique selon lequel il fait voyager les gens, alors que lui-même est un sédentaire.

Cependant, malgré ses nombreux petits problèmes de traitement, le voyage est beau (merci le chef op' et le directeur photo, même si l'effet paraît un peu trop artificiel, approved national geographic magazine), les transitions vers l'imaginaire sont souvent jouissives et variées (on pense aux Simpson, au cinéma indien, ou au cinéma muet dans la forme, et à bien d'autres influences) même si on moralise parfois sans raison cet aspect là (ok c'est toujours bon de se rappeler qu'il ne faut pas s'y cantonner, mais sans cela il ne serait jamais passé à l'acte), et l'intention du métrage qui rend hommage aux orfèvres de ce type de magazine est honorable (malgré une fin un peu trop appuyée dans ce sens), avec un petit brin de folie lorsque Mitty "se réveille" et se bouge dans des conditions et lieux pour le moins atypiques et qui laissent rêveurs.

Certes, on voit Mitty toujours trop attaché à ses dépenses et à ses responsabilités, toujours penché vers sa feuille de budget, reflétant aussi les limites du métrage dans ses ambitions. Bref, se dépasser oui, mais dans un certain cadre et le temps d'un moment seulement (il voyage d'ailleurs selon un concours de circonstances et non par choix) avant de reprendre le cours "normal" de la vie. Il prend ainsi conscience de certaines choses, s'affirme, grandit un peu, mais cela ne le poussera pas à changer fondamentalement d'existence alors qu'il semble s'y emmerder. On reçoit à la place un (demi) happy-end, assez agréable certes, mais plutôt sage et conventionnel.

Sinon j'aime bien le casting principal. Ben Stiller a ici un air légèrement dépressif et décalé par rapport à la réalité (bizarre d'ailleurs qu'il ne jouisse pas davantage de son voyage, peut-être parce qu'il travaille toujours au fond), et me fait penser à Jim Carrey dans le film de Michel Gondry. Kristen Wiig, je ne la connaissais pas, et me fait penser à Zooey Deschanel en plus âgée (c'est dire qu'elle est charmante et pleine de naturel). Et Sean Penn est impeccable en routard photographe excentrique, et change de ses rôles où il tire la gueule, et j'apprécie ce qu'il transmet comme message par rapport à ce que la photo ne peut capter comme essentiel dans la vie (et cette partie de foot en Himalaya avec le coucher de soleil, c'est juste magique). Et enfin la BO accompagne parfaitement le défilement des belles images, avec des paroles qui touchent le coeur.

Bref, pas un chef-d'oeuvre, et malgré certains défauts (beaucoup dus à une vision naïve du monde made in America), ce film permet de passer un joli moment rempli de belles choses et intentions. Le genre de film qui pourrait bien vieillir car il a tout le potentiel pour être un bon petit feel good movie.

Note : 7/10

[Dunandan]

BILAN DU MOIS DE JUIN

Nombre de films vus : 26
* 11 revus
* 15 découvertes

USA : 19
HK : 4
Japon : 3

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Top 3 découvertes :

Déception du mois :

Choupinette du mois :

(Meiko Kaji, Lady Snowblood)

[Dunandan]

Hannibal Lecter : Les Origines, Peter Webber (2007)

LE film inutile de la saga H. Lecter. Pourtant, l'idée de revenir sur la personnalité sombre et complexe de ce psychopathe hors-normes avait de quoi faire saliver, même si j'avoue qu'il était traité de manière inégale au cinéma. Encore faut-il avoir quelque chose à donner. Or, Peter Webber se plante sur toute la ligne. Dommage car le début nous laisse dans la faible illusion que ça va être pas mal (une bande de hors-la loi durant la seconde guerre mondiale qui bouffent leur prochain pour survivre, et tombent sur la soeur de Hannibal, ce dernier ayant à vivre avec ces dernières images), mais tout le reste c'est du nawak du début à la fin dans l'écriture, tout en soulignant qu'on fait table-rase de presque tout ce qu'on savait à propos de lui, ne laissant que quelques clins-d'oeil maladroitement intégrés (maniérisme, attrait pour les lames et l'anatomie, etc.).

Côté casting et interprétation, c'est aussi raté. Entre Gong Li qui fait de la pure figuration (elle incarne une japonaise immigrée en France qui comprend Hannibal car elle partage le même trauma familial, et va lui enseigner l'art samouraï, WTF ?) et Gaspard Uliel qui fait ce qu'il peut mais ne convainc que rarement, singeant les tics de l'ex-interprète Anthony Hopkins, ce n'est pas la joie. On s'encombre aussi de bad guys manichéens et transparents au possible. Et puis l'écriture une nouvelle fois : ah bon, on devient cannibale par mimétisme et vengeance ?

Et donc on s'emmerde, car tout le scénario tourne autour de ce trauma à la con, qui ne permet jamais de développer la psychologie de Hannibal, ce qui fait perdre tout intérêt envers ce faux Begins. Ainsi, quand il se met en chasse avec l'enquête en parallèle, ben il ne se passe rien de palpitant, tout est joué d'avance, et on comble un peu avec de la violence gratuite pour nous faire croire qu'il s'agit bien d'un film sur Hannibal.

Ce n'est pas mal réalisé, mais sans idée de mise en scène, écrit à la truelle, paresseux, sans substance. Le film raté et inutile par excellence qui ne vaut pas mieux que les remakes insipides qu'on nous refile par dizaines ces derniers temps.

Note : 1.5/10

[Dunandan]

The grand hotel Budapest, Wes Anderson (2014)

Je pensais l'apprécier moins que Moonrise Kingdom, mais en fait je le mets à peu près au même niveau à la seconde vision, après l'avoir mieux digéré. On retrouve d'abord ce qui fait le charme des films de Wes Anderson, à savoir son utilisation ... colorée des couleurs, son attrait pour le cadrage centré et une composition de plan où chaque détail semble pensé à l'extrême jusqu'au gimmick, et une bande-son en diapason (mélange génial d'instruments à cordes et de choeurs) avec les images.

Ce nouveau Wes Anderson mixe beaucoup de genres comme la comédie burlesque et l'enquête policière à la Agatha Christie. Mais son noyau à mon humble avis, c'est le mystère entourant son personnage principal, Mr Gustave, incarné avec un plaisir communicatif par Ralph Fiennes, qui rappellera aux fans les manières de Mr Tenenbaum par sa personnalité fortement ambivalente, formant un drôle de duo avec son lobby boy. A la manière de Tarantino, le reste du casting est aussi très bon (mention spéciale à Willem Dafoe dans le rôle d'un tueur psychopathe), et si certains ne font qu'un bref caméo, chacune de leurs apparitions est remarquée et remarquable.

Mais la grande nouveauté pour un Anderson et ce qui fait son sel, c'est le contexte de la guerre, qui confère une tonalité assez tragique et profonde à l'ensemble. Elle n'apparaît toujours qu'en arrière-plan, mais son rapprochement progressif vers le centre de l'action fonctionne comme un ingénieux compte à rebours contre un monde raffiné et civilisé en train de disparaître, défendu en premier lieu par le sophistiqué Mr Gustave et son hôtel grandiose. Car s'il y a une chose qu'on ne peut reprocher à ce film, c'est son sens du rythme, et on ressent plus que jamais la grosse influence de Fantastic Mr Fox qui confère un ton cartoonesque au film, avec une grosse pointe de folie et un sentiment d'urgence constant qui finissent par égratigner ce cadre polissé à l'extrême (mais déjà bien barge à la base).

Certes, Wes Anderson prend peu de risques dans la voie qu'il poursuit, continuant à approfondir inlassablement ses obsessions tant visuelles que thématiques (avec une fois de plus un gros sens du cadre et une obsession pour les familles déglinguées). Mais en même temps, son style unique et décalé, cette impression d'assister à des aberrations visuelles où rien ne colle malgré qu'on nous laisse croire le contraire, avec des personnages qui finissent par exister dans des situations pourtant bien cadrées, me donne toujours envie de voir le suivant.

Note : 8/10

[caducia]

Il faut que je le revoie celui-là surtout depuis que je l'ai vu en vrai.

[Dunandan]

Tu as vu quoi en vrai (vraie question ) ?

[caducia]

L'hotel et la statue dont s'est inspiré le réal.

[Dunandan]

L'inspecteur Harry ne renonce jamais, James Fargo (1976)

Troisième de la saga, la qualité de cet opus est clairement en dessous de ses prédécesseurs, la faute à un script plus que moyen en dépit des bonnes intentions qui l'habitent, avec des énormités dans la façon dont procèdent les nouveaux adversaires de l'Inspecteur Harry, une sorte de groupuscule révolutionnaire qui par ailleurs a un pauvre charisme (leur chef, on dirait une sorte de hippy, et le truc avec les prostituées, What the fuck ?). D'un autre côté, c'est bien beau d'essayer d'approfondir le côté humain du personnage de Inspecteur Harry avec cette fois-ci une emphase sur la gente féminine (pour contredire son côté machiste, après l'avoir fait pour son côté raciste), mais bon se coltiner une Julie Lescaut durant 1h30, avec une seule punchline récurrente qui insiste sur l'exaspération de son partenaire à l'égard de cette dernière, alors qu'on l'apprécie à la base pour son côté jusqu'au-boutiste "à la limite du Vigilante" (il faut ce qu'il faut pour arrêter les méchants ...), ce n'est pas forcément ce qu'il y avait de mieux à faire. On perd de son mordant et de son ambivalence morale qui faisaient partie de l'intérêt qu'on lui porte (je retiens tout de même une réplique mémorable en rapport avec son insigne).

Malgré tout, on est toujours content de retrouver l'un des plus beaux rôles de Clint, avec quelques bons moments qui rappellent combien il est le flic le plus bad-ass de son district, par exemple dans la façon musclée dont il résout un hold-up au début, ou dont il règle le compte au big-boss de la confrérie au bazooka à la fin. Mais entre les deux, c'est classique (corruption des flics, de la mairie, des journaux, de l'église, et tout le tralala), un peu mou du genou (tout le passage avec le chef de la confrérie noire et les méfaits de l'autre groupe est assez ridicule et peu crédible), avec quelques scènes gratuites pour les yeux (maisons closes, tournages porno), et d'autres plus couillues mais en deça de ce qu'on a pu connaître en termes de classe ou d'intensité.

Quant au duo entre Callahan et sa coéquipière, il fonctionne finalement assez bien (l'interrogatoire durant sa candidature est bien marrant), même si encore une fois ça rend l'homme au colt .44 un peu trop gentil. Mais voilà, c'est toujours bon à prendre tous les nouveaux aspects explorés (la relation entre son flingue et le sexe ...) quand on apprécie le personnage comme c'est le cas pour moi. Heureusement que Clint lui-même reprendra la franchise pour le quatrième épisode et ainsi lui redonner un coup de fouet.

Au final ça se regarde assez bien si on ne fait pas trop le difficile. Et puis la musique est sympa, et le polar des années 70, même en bas du panier, c'était quand même quelque chose, plus sulfureux et osé que beaucoup de nos productions actuelles, malgré les concessions faites ici et là pour plaire visiblement à un public plus large.

Note : 6/10

[pabelbaba]

Nan, il est vraiment pourri celui-là : vilains en mousse, script en carton, coéquipière exaspérante, Clint en petite forme, ça vaut tout juste la moyenne.

[Mark Chopper]

Yep, ça surnote à fond les manettes. Il est à chier.