SPOILERS !
De l'avantage de ne rien savoir des films avant de les voir. C'est ce qui m'est arrivé pour Under the Skin dont j'avais seulement lu ces derniers jours que le film avait un côté expérimental et je me suis retrouvé face à une très bonne surprise. D'abord énigmatique, le film s'ouvre par plusieurs plans ésotériques avant de nous présenter une jeune femme aux cheveux d'ébène qui prend le volant d'une camionnette et commence à chasser les hommes qu'elles croisent sur la route, leur promettant une aventure sexuelle avant de les tuer (ce qui donne lieu a une scène sous-marine impressionnante). Toute la première partie se résume à cette idée ce qui lui donne un côté répétitif qui pourra déjà en rebuter certains mais, pour peu que l'on ait été happé par l'atmosphère du film, il y a une certaine fascination à observer Scarlett Johansson, magnifiquement filmée et mise en valeur avec cette chevelure d'ébène, véritable femme fatale tout droit sortie d'un Film Noir.
Toutefois, le film commence à s'essouffler dans sa seconde partie, qui suit le moment avec le jeune homme défiguré et qui souffre clairement d'un manque de rythme et de l'opacité de son propos. En effet, en délaissant le caractère expérimental de la première partie, Jonathan Glazer décide de ne pas limiter son film à une expérience sensorielle et d'en faire quelque chose de plus. Ainsi, quel sens donner à cette histoire de mante religieuse qui se met à déprimer ? Peut-être peut on y voir une métaphore de la prostitution ou de la violence faite par les hommes aux femmes (sans pour autant tomber dans le pamphlet facile, ce qui serait navrant). En effet, « Laura » semble être plus ou moins soumise à un mystérieux motard qui l'oblige apparemment à capturer des hommes pour les « vider » dans tous les sens imaginables. Touchée par l'innocence du jeune défiguré, Laura refuse d'aller jusqu'au bout de sa mission et part s'isoler dans un coin paumé où elle rencontre un homme qui pour la première fois la traitera non plus comme un objet, une enveloppe mais bien comme une être humain. D'ailleurs, pendant toute cette partie, elle observe son corps sous toutes les coutures, comme pour tenter de se réapproprier ce corps que d'autres avait aliéné, la limitant à une façade, une apparence. Ainsi, qui y a t'il « Under the Skin », sous cette peau, cette apparence ? Un corps dont la destruction totale sera réalisée par le viol final. A côté, le motard est toujours là, prêt à recommencer avec une nouvelle femme, comme au début du film. Peut-être suis je complètement à côté de la plaque vis à vis des intentions de cinéaste, mais c'est à l'heure actuelle la seule façon que je vois d'interpréter le film. Reste au final une belle expérience de pure mise en scène dans la première partie, un peu gâchée par une seconde plus faible.
8/10