Vraiment très sympa ce
slasher/survival dans la droite lignée de Tobe Hopper, avec qui il partage cette attirance pour les rednecks et les paysages désolés de l'arrière-pays. Mais hormis sa finalité et ses intentions, beaucoup de points différent entre eux dans les deux premiers tiers du film. D'abord par sa mise en place assez longue et plutôt détendue, le temps de s'attacher aux personnages principaux (ce qui mine de rien a de l'importance pour ce qui suit), de jeunes gens immatures qui font la fête et respirent l'envie d'aller à l'aventure. Ils sont incarnés par des acteurs qui n'ont pas l'air professionnels, ce qui rime ici avec immersion et empathie. L'intrigue est épurée, avec des dialogues légers qui contribuent à la crédibilité et au naturel du propos. D'autre part, en faisant de l'Australie un personnage à part entière. Comme Hopper dirait-on, mais McLean met bien plus en avant son décor naturel, et surtout, superbement mis en valeur par une photographie et des angles de caméra à tomber, il en fait ressortir plusieurs atmosphères différentes, faisant de la nature un lieu à la fois beau et inquiétant (alors que Hopper insistait carrément sur ce dernier aspect). Très contemplatif par moments, ce film montre bien la solitude plus ou moins voulue des personnages, et on se sent paumés avec eux.
Et quand vient enfin le moment qu'on attend plus ou moins, on ne fait pas dans la dentelle. Et pourtant, chose étonnante, peu de surenchère dans les effets. Mais si les scènes de violence/torture sont assez rares, quand elles arrivent, c'est sec et ça fait bien mal (le tranchage de doigts devient une habitude chez ce cinéaste). Sur ce point, cela me fait penser à
Martyrs pour ce côté crapsec et sans concession, mais je le préfère largement à ce dernier 1) pour sa plus grande retenue (vs violence gratuite), 2) pour ses personnages sympas mais pas lisses pour autant, comme l'attestent leurs petits commentaires désobligeants vis-à-vis de la populace du bled (vs énervants et/ou transparents). Ainsi, le suspens n'est pas uniquement basé sur le degré de cruauté possible de leur bourreau, mais se cristallise autour de plein de petits détails qui font un tout (atmosphère, réactions, etc.). Et dans le même sens, le déroulement narratif qui nous fait suivre chacun à leur tour est bien trouvé, et a ce petit côté pervers de nous donner de l'espoir pour eux alors qu'on voudrait vraiment qu'ils s'en sortent. De même, le choix du
badguy qui n'a l'air de rien au début, au pire un pauvre tocard, ça le fait bien au final, imprévisible et bien salaud (ah le petit clin d'oeil à
Crocodile Dundee). Ce qui n'empêche pas d'être iconisé à mort par une mise en scène stylisée qui n'en fait pas trop (la poursuite en bagnole & sa dernière apparition, avec la façon de jouer avec l'éclairage naturel, c'est juste énorme).
Pas de gros bémols finalement, sinon peut-être un début un peu longuet qui se contente de raconter en filigrane une histoire d'amitié et d'amour naissant, qui a le mérite de s'éloigner des clichés du genre et de nous offrir un gros potentiel d'attachement. Mais d'un autre côté c'est l'un des films de genre les mieux réalisés que j'ai vu depuis longtemps qui utilise vraiment bien son environnement naturel, et qui parvient à instaurer une véritable ambiance et tension au métrage avec un certain réalisme dans le ton et le déroulement, tout en créant une dimension dramatique viscérale et touchante autour des personnages.
Après son film de crocodile, Greg McLean s'impose donc pour moi comme l'une des nouvelles références du genre avec James Wan et surtout Rob Zombie duquel il se rapproche le plus, avec surtout un gros talent dans la manière d'exploiter le cadre de l'action (cf
captures).