[Mark Chopper] Mes critiques en 2014

[Dunandan]

4.5, une bonne note ? Sans cette fameuse conclusion, je n'imagine même pas ...

[Mark Chopper]

4.5, une bonne note ?

Pas sûr qu'on se soit compris...

[Dunandan]

Oui j'ai répondu trop vite ...

[Mark Chopper]

Inferno, de Danny & Oxide Pang (2013)

L'histoire : Keung ne parle plus à son frère Tai Kwan qu'il estime responsable de la mort de leur père. Tous deux sont pompiers et l'incendie de l'immeuble où travaille Keung va le contraindre à se rapprocher de Tai Kwan...

Un simili-Backdraft made in HK/Chine mis en scène par des jumeaux au C.V. plus que douteux (Bangkok Dangerous, The Eye : au secours). Sur le papier, ça ne fait pas très envie... Il faut reconnaître que le film catastrophe reste un genre prisonnier de codes établis : le slasher mis à part, je n'en vois pas d'autre qui répète à ce point la même formule, qui recycle les mêmes situations et personnages caricaturaux jusqu'à l'overdose... C'est bien simple : même la pornographie se révèle parfois plus inventive. A défaut de faire de l'ombre au film de Ron Howard, ce Inferno parvient tout de même à remplir sa mission. A savoir divertir, grâce à un rythme bien géré pendant deux heures et des personnages principaux écrits avec justesse, qui permettent d'offrir une réflexion intéressante sur le thème du devoir. Les frères Pang ne marqueront pas l'histoire du cinéma, mais emballent bien leur produit et peuvent compter sur Lau Ching-wan et Louis Koo, parfaits comme souvent, pour tirer l'ensemble vers le haut... Certains personnages secondaires font un peu de peine, mais ce film permet de passer un moment agréable. En résumé : recommandable (à condition de ne pas être allergique aux flammes en CGI), mais vite oublié.

Note : 5,5/10

[Dunandan]

Before Sunrise, de Richard Linklater (1995)

L'histoire : Un jeune américain et une jeune française se rencontrent dans un train à destination de Vienne. Ils décident de flâner ensemble dans cette ville, toute une nuit, et apprennent à se connaître...

La trilogie Before Sunrise, Before Sunset et Before Midnight constitue, à mon sens, ce que le cinéma nous a offert de plus juste sur le thème du couple... Un homme, une femme, de longues plages de dialogues et rien d'autre, ou presque. Un traitement minimaliste pour un résultat imparable. L'âge joue beaucoup dans l'appréciation de tel ou tel chapitre de la trilogie et je regrette, d'une certaine façon, d'avoir découvert ce premier film aussi tard... L'identification, dans mon cas, fonctionne davantage avec Before Sunset et c'est un regard empreint de tendresse et de nostalgie que je porte sur ce couple incarné par Ethan Hawke et Julie Delpy, sur ces personnes qui découvrent, pour la première fois peut-être, un sentiment d'intime connexion sans avoir encore pleinement conscience de sa rareté. Tour à tour léger et profond, Before Sunrise est l'exemple type du film faussement simple : la mise en scène de Richard Linklater, très européenne, se révèle souple et discrète, toujours au service de ses personnages, les dialogues frappent en plein cœur et l'empathie pour les personnages de Jesse et Céline fonctionne comme rarement... On vibre pour ce couple qui se forme et, surtout, on songe à son propre parcours, à l'affrontement que se livrent sans cesse, dans la vie, surtout amoureuse, le principe de plaisir et le principe de réalité.

Note : 8/10

[Mark Chopper]

A War Named Desire, d'Alan Mak (2000)



• CHALLENGE BOM JUIN 2K14 •

L'histoire : Un homme part en Thaïlande à la recherche d'un frère qu'il n'a jamais connu, pour lui réclamer l'argent qu'il a dérobé à leurs parents. Il se retrouve alors mêlé à une guerre de triades...

Le polar made in Hong Kong a survécu, un temps, à la rétrocession de 1997 et retrouvé une certaine respectabilité grâce à des titres comme Infernal Affairs ou des films produits/réalisés par Johnnie To... Mais il a quelque peu perdu, au passage, son caractère enragé et foutraque au profit d'une certaine sobriété, assez rare du temps du heroic bloodshed à la John Woo. Le charme de A War Named Desire vient donc de son caractère anachronique : il ressemble plus aux productions des années 1980 et du début des années 1990, avec leurs qualités et leurs défauts. Côté qualités : l'interprétation habitée de Francis Ng (une habitude à cette époque), une relation conflictuelle entre frères et quelques moments de grâce en termes de chorégraphie/de mise en scène (une danse qui tourne au gunfight, une poursuite en voitures à la fin). Côté défauts : une écriture si brouillonne qu'elle rend une intrigue pourtant simplissime assez obscure au cours de la première demi-heure, des acteurs quelconques et une photographie pour le moins dégueulasse (la faute au DVD français peut-être ?). Au final : un bilan mitigé. Pour les crevards/nostalgiques du genre qui ont fait le tour des références.

Note : 5/10

[pabelbaba]

Même avis que toi sur celui-là. Scalp devait encore être en mode Bisounours et Godfather...????

[Mark Chopper]

Je l'ai souvent dit, mais s'il y a bien un genre où Scalp a toujours été bisounours, c'est le polar HK. Des chinois qui se flinguent, ça le rend trèèèèèèès indulgent.

Et puis des gunfights sur de la techno ou de la dance, c'est criminel.

[pabelbaba]

C'est clair, pas normal de kiffer à ce point Une Balle dans la Tête sans avoir des +1 et +2 (très) persos.

En revanche, un truc qui m'a plu et dont tu n'as pas parlé, c'est le décor thaï, avec son climat moite qui imprime une ambiance différente de celle des polar HK habituels.

[Mark Chopper]

Mouais, j'ai du mal avec les polars HK délocalisés (comme celui que j'ai vu récemment qui se déroule à Tokyo). HK est pour moi un élément essentiel du genre, presque un personnage à part entière.

[Scalp]

Aigri.

[Mark Chopper]

Tu es secrètement amoureux de Francis Ng, ça fait sens maintenant.

[pabelbaba]

Y'a de quoi...

[Scalp]

Si tu savais le nombre de mecs dont je suis secretement amoureux.

[Alegas]

Le Septième juré, de Georges Lautner (1962)

L'histoire : Un pharmacien respecté de tous assassine une femme dans un moment de folie. L'amant de cette dernière est accusé du meurtre et le pharmacien, qui se retrouve juré à son procès, va tout faire pour l'innocenter...

Le résumé laisse fantasmer un savant mélange du Douze hommes en colère de Lumet et de Crime et châtiment de Dostoïevski. C'est le cas, mais pas seulement... Le premier acte s'inspire ainsi du classique de l'auteur russe, avec cet homme qui cherche à rationaliser ce crime qui le ronge (avec un abus de voix off à la clé, seul défaut du film) et le second, assez jouissif, le voit refaire le travail de tous ceux qui accablent un accusé inventé de toute pièce. Mais la grande force du film se situe ailleurs : dans cette peinture d'une ville où les notables jouent tous un rôle hypocrite, jouissent en secret d'un fait divers qui malmène la banalité et la routine de leur existence et tentent de profiter d'un meurtre afin de dynamiser leur carrière. Peu importe la culpabilité pour eux, ou la présomption d'innocence pour le public : seul compte le bénéfice que l'on peut tirer de l'événement. Les preuves et les aveux n'ont aucune importance : on juge moins un suspect qu'un mode de vie jugé irrespectable afin de défendre sa propre engeance. Bernard Blier, bouleversant, comprend que toute sa vie n'a été qu'un mensonge, car il a choisi, à un moment donné, de privilégier le confort d'une vie de petit bourgeois plutôt que l'instabilité du bonheur. L'homme est coupable et s'accroche à la liberté, avant de réaliser que tout ce qui constitue son existence s'apparente déjà à une prison. Une réussite à découvrir.

Note : 8/10