L'Ange de la vengeance, d'Abel Ferrara (1981)• CHALLENGE BOM JUIN 2K14 • L'histoire : Deux viols successifs conduisent une jeune femme muette à se livrer à de sanglantes expéditions punitives lors de virées nocturnes effectuées dans les rues de New York...Le cinéma d'Abel Ferrara n'a plus aucune valeur, à mon sens, depuis la sortie de
The Blackout en 1997. Découvrir ce film tourné à l'aube de sa carrière permet donc d'oublier, pendant quatre-vingts minutes, qu'il n'est plus aujourd'hui que l'ombre du cinéaste qu'il était, réduit à cadrer tant bien que mal le bide de Gérard Depardieu dans une production VOD racoleuse... Après un début officieux dans la pornographie (
9 Lives of a Wet Pussy : un programme sans doute velu que je me suis épargné) et officiel dans l'horreur bas de gamme (
Driller Killer : du boulot d'amateur), Ferrara a signé avec
L'Ange de la vengeance un film annonciateur d'une carrière intéressante. Au carrefour du
rape & revenge et du
vigilante movie, celui-ci se révèle, à défaut d'être totalement abouti, riche de promesses. Au rayon des défauts : un côté brouillon, des seconds rôles à la ramasse et une vision un brin caricaturale de l'homme en queutard ambulant (une plaie du genre). Les qualités, toutefois, l'emportent. A commencer par l'interprétation habitée de Zoë Tamerlis Lund dans le rôle-titre, jeune muette victime de viols qui sombre dans la folie et exécute des hommes dans des rues sordides. Rares sont les cinéastes qui ont aussi bien filmé la ville de New York de l'ère pré-Rudolph Giuliani, avec ses quartiers crasseux que l'on redoute d'arpenter et foutrement cinégéniques... Tiré vers le haut par de vrais moments de grâce, notamment cette scène où l'héroïne, déguisée en religieuse en vue d'un bal masqué, embrasse ses munitions,
L'Ange de la vengeance synthétise les qualités des productions du genre des années 1970 (aussi bien américaines, qu'asiatiques et européennes) et peut servir de porte d'entrée pour découvrir une filmographie ô combien inégale, mais parfois attachante.
Note : 7/10