[elpingos] Mes critiques en 2014

[Alegas]

Pour ça encore faudrait-il que le Top revienne.

[Mark Chopper]

Oui, il revient quand ? Et on conserve le nombre de 200 films ?

[Alegas]

Bah c'est bien 200 films non ?

[Mark Chopper]

Je me disais que la BoMbase (qui a été diminuée récemment) n'était peut-être pas assez chargé pour un top 200. Pourquoi pas 150 ? ou 100 ?

[Alegas]

Elle a certes été diminuée mais sauf erreur le nombre de critiques actuel est supérieur à celui que l'on avait lorsque le Top avait été initié.
Perso, la question que je poserais serais plus sur le fait de ne garder qu'une version du Top.

[zack_]

Exact le nombre a été compensé par les quelques mois passés Pas contre pour ta proposition si c'est le bon ToP qui reste, c'est à dire le modéré pour éviter les petits malins de (dé)brider le classement

[elpingos]

JACKY AU ROYAUME DES FILLES
-------------------------------------------
Riad Sattouf (2013) | 6,5/10

Dans un paysage comique français souvent aseptisé et convenu, Jacky au Royaume des filles fait office d'un OFNI burlesque déjanté, tout droit sorti de l'imagination anti-cartésienne de son auteur bédéaste. Car loin de se reposer sur ses lauriers de l'extraordinaire Beaux Gosses, Sattouf dérape ici encore plus méchamment et crée un univers loufoque, sur la base d'un ersatz de Cendrillon et complètement décalé. En effet au pays de Bubunne, les hommes sont des "couillards" qui portent le niqab, vénèrent le dieu Cheval et vivent sous le joug des matriarches colonelles. Une société inversée qui fait sérieusement rire et réfléchir, aussi bien sur le rapport des sexes (les femmes violent allègrement les hommes), les régimes totalitaires (et/ou islamico-extrémistes), et donc la bêtise humaine. On peut donc reconnaître à Sattouf d'avoir réussi à créer un décor désopilant et acéré, bien aidé par des acteurs comiques assez savoureux (Vincent Lacoste omniprésent irradie le métrage par sa "benêterie"), et des trouvailles verbales et visuelles nombreuses. Mais malheureusement l'intrigue, elle, peine à transcender cet ensemble de très bonnes idées. Et c'est d'autant plus dommage en regard de l'originalité ambiante. Car même si la conclusion enfonce le clou d'un mauvais esprit volontairement irrévérencieux, la trame de Jacky à la ville se suit malheureusement avec ennui. La faute à des acteurs un peu bancals à ces instants (Gainsbourg et Hazanavicius ne sont pas dans le ton), des enjeux expédiés et un cocktail politico-romantico-comique assez mal balisé. Cela dit, le film par ses libertés azimutées et sa féroce originalité secouent le paysage. Et il ne peut que plaire a minima les amateurs de dérapages cinématographiques (peut-être pour le coup un peu mal contrôlé).

[pabelbaba]

La BA laissait entrevoir tout ce que tu dis, des idées sympas, mais un truc assez chiant en général. C'est dommage, le délire me plaisait bien, mais peu de chance que ça passe à la téloche.

[elpingos]

Ha ouais la téloche je pense que c'est mort ... (trop barré, et puis y a de l'explicit content ..)

[pabelbaba]

Du coup je passerais peut-être à la caisse. Enfin y'a bien une chaîne de la TNT un peu déglingo pour passer des trucs comme ça.

[padri18]

THE SIGNAL
-------------------------------------------
William Eubanck (2014) | 7/10

Petit film fantastoche, assez poussé dans son son mix assez bien digéré de références. 2e film de William Eubanck après Love et un film un brin plus "classique" dans son approche, un peu plus dans l'air du temps, avec quand même cette ambition un peu folle d'un scénario jusqu'au-boutiste, et d'un vrai film de SF auteurisant, un peu comme un District9 meets Twilight Zone meets Akira. Bref un beau petit bordel, assez osé, et plutôt efficace.

Clairement le film est imparfait : la recette est un peu lourde, des artifices et des effets de manche polluent le métrage, des fautes de style ponctuent le récit dans mon jugement totalement subjectif. Mais d'un autre côté, on voit qu'Eubanck continue de tracer un sillon intéressant, entre posture et fascination. Il transcende ici son scénario à la K.Dick en y réinjectant une vraie science de l'image; et à 2-3M$ de budget seulement, le rendu est impressionnant, même si la BA en envoyait plus (trop). Preuve d'un certain talent, en tout cas d'imagination, cette patte visuelle, arty-stique, imprègne, explore et triture les méandres d'une histoire assez taiseuse, obscure même, qui tient malgré tout en haleine.

Car les jeunes acteurs sont bons, Laurence Fishburne patibule bien, et le face-à-face a un côté flippant, dur et étrange, franchement réussi. Car aussi les pièces du puzzle s'emboîtent finalement plutôt bien, les métaphores et les thématiques aussi. le rendu, même si quelque peu azimuté, a aussi quelque chose de plaisant. Et le dénou(déchaîn)ement final, finalement inattendu, est lui aussi plutôt réussi. En tout cas clairement on n'en attendait pas tant.

Si tant soit peu on accepte son postulat global, le film s'apprécie alors pour son côté risqué et couillu, et au final quelque part rationnel malgré les apparences, ce qui sied plutôt bien à ce genre de ciné. Avec son Signal, Eubanck se fait donc en tout cas une jolie carte de visite et rejoint le club des jeunes réalisateurs/créateurs au futur et potentiel évident. Car son film, même si un peu fauché, est quand même un pari maîtrisé d'une série Z ambitieuse, et a toutes les chances d'être un petit succès.

[padri18]

Bon allez je me met ça dans la liste des choses à mater, le trailer me plait bien déjà, ton avis enfonce le clou

[osorojo]

Le consensus du 7 ! Je l'avais catalogué daubasse celui là, je sais pas pourquoi, du coup, j'vais peut être m'y pencher à l'occase, un ti SF / fantastique qui se tient, c'est pas fréquent ^^

Edit : ah, ben c'est pas celui auquel je pensais finalement ! NIckel, ça en fait deux dans les cartons xD

[elpingos]

L'EXTRAVAGANT VOYAGE
DU JEUNE ET PRODIGIEUX
T.S. SPIVET
-------------------------------------------
Jean Pierre Jeunet (2013) | 7,5/10

Avec ce joli petit film, plus enfantin que d'habitude, et moins ambitieux, Jeunet convertit habilement les nombreuses thématiques de son histoire pour en faire un très bel objet de cinéma, dont la simplicité en est la principale qualité et limite.

Malgré un début un peu sage, gentillet, qui peut faire craindre à un "fabuleux destin de TS Spivet", le héros embarque rapidement sur les rails de son voyage, permettant alors à Jeunet, de tirer le meilleur parti de cette fuite en avant. Le rythme, l'humour et la beauté sont au service de cette histoire originale, faite de science, d'imaginaire, de satire, d'émotion et de drame. Un mille-feuilles pas si simple, pas si naïf, dont le thème principal, l'enfance, est pourtant parfaitement illustré, entre légèreté et gravité, et interprété par son petit acteur plutôt sympathique et des 2nd rôles efficaces.

Une parenthèse, enchantée mais pas que, dans un décor enchanteur, un peu cliché, mais pas que non plus; le road-movie tranquille évolue vers autre chose, tout ne se passe pas comme prévu, et la morale n'est pas tout à fait là où on l'attendait. Le scénario n'est jamais présomptueux, heureusement, et dans cette relative simplicité, il conserve un ton assez juste, évitant finalement assez bien le côté racoleur et/ou carte postale. Et tant pis si la patte Jeunet ne s'exprime pas tant que ça, que certaines idées font déjà-vu, et si le film ne va pas plus loin que sa ligne claire un peu toute tracée; car ce qu'il perd en majesté et en profusion, il le gagne en efficacité et en fraîcheur.

Et la belle histoire de T.S. Spivet, certes mignonne, d'être souvent sur le fil gracile de la juste émotion, et le petit film d'être au final une histoire de vie assez touchante. Sous des faux airs d'épure un peu criarde, la peinture légère de l'Amérique et de l'enfance révèle des détails d'une gravité insoupçonnées. Et c'est tant mieux de retrouver Jeunet là où ne l'attendait pas. Vivement le prochain.

[Alegas]

Comment elle fait plaisir cette critique !