X-Men : Days of Future Past, de Bryan Singer (2014) L'histoire : En 2023, les espèces humaine et mutante ont été décimées par des robots Sentinelles. Grâce aux talents de Kitty Pride, Wolverine voit son esprit envoyé cinquante ans plus tôt, dans son propre corps du passé, pour empêcher la guerre...X-Men : Days of Future Past se présente, sur le papier, comme un
film somme pour la saga, une réunion des castings de la première trilogie et de
X-Men : Le Commencement ainsi qu’un moyen de corriger les graves erreurs d’écriture de
X-Men : L’Affrontement final. Ou comment apporter une conclusion digne de ce nom au travail accompli depuis quatorze ans, avec des hauts et des bas, avant de penser l’inévitable renaissance… Soit un programme très ambitieux. Hélas, le résultat à l’écran ne traduit jamais cette ambition. Ni sur le fond ni sur la forme. Il fallait éviter, en priorité, un piège pour présenter une histoire digne de ce nom : se reposer sur le
fan service. Or,
X-Men : Days of Future Past ne propose rien d’autre, ou presque. Seul Wolverine, parmi l’ancienne équipe, passe d’une époque à une autre. Pourquoi lui et pas un autre ? Le choix de Xavier, d’un point de vue stratégique, s’imposait comme une évidence. Mais une explication fumeuse l’écarte et précipite le griffu dans le passé. Soit un prétexte pour mettre de nouveau la star de la franchise en avant… Une star beaucoup plus à l’aise et intéressante dans
Wolverine, le combat de l’immortel, qui voit son rôle ici réduit au rang de
sidekick comique. De même, faire de Mystique la mutante la plus recherchée ressemble moins à un impératif d’écriture qu’à un moyen vaseux de profiter de la popularité de l’oscarisée Jennifer Lawrence… Or, il est difficile d'écrire un scénario qui tienne la route quand il ne pense qu'à mettre ses stars en valeur.
Tout ceci ressemble à de l’enculage de mouches ? Peut-être, mais aucun spectateur ne perd son temps à les enculer quand il apprécie ce qu’il voit à l’écran. Or, à l’exception d’une scène qui voit Quicksilver voler la vedette à l’ensemble du casting, Bryan Singer livre un travail plat. Son futur apocalyptique, réduit à un espace très réduit, se révèle d’une laideur à faire peur, comme un jeu vidéo daté. Jamais on ne ressent la menace des Sentinelles sur le monde, jamais les personnages du futur ne semblent incarnés. On ne ressent pas non plus une apocalypse imminente dans le passé, la légèreté étant trop présente (Vaughn et Mangold avaient bien mieux géré l’humour sur les deux opus précédents) et la menace présentée radote celle des deux premiers films signés Singer (Bolivar Trash, Robert Kelly, William Stryker : même combat). Il faudrait se renouveler et prendre quelques risques, plutôt que de bâcler la même histoire. D’où l’impression que la plupart des personnages n’évoluent pas (Magnéto) ou suivent un parcours incohérent au sein de la saga (Mystique). Seul le traitement de Xavier présente une certaine qualité d’écriture… En résumé : un manque de spectaculaire, une ambiance mal retranscrite, un humour qui jure avec le ton annoncé, du
fan service à gogo, aucune ampleur. Et une fin honteuse, façon retour de Bobby Ewing dans
Dallas, qui voit l’ego de Bryan Singer annuler purement et simplement le travail de ceux qui lui ont succédé sur la saga, le mauvais comme le bon.
Reste un divertissement sympathique grâce au charisme de ses interprètes, malgré un ventre mou passé le départ de Quicksilver. On était en droit d'espérer mieux.
Note : 5,5/10