7 ANS DE RÉFLEXION
• CHALLENGE BOM MAI 2K14 •
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Billy Wilder (1955) | 7.5/10
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7 ans de réflexion est l'adaptation d'une pièce de théatre ayant cartonné quelques années auparavant et en garde quelques manières. Dans sa mise en scène d'abord, presque en huis clos, mais aussi et surtout dans l'abondance de ses dialogues, très écrits, qui font à la fois la force du film mais aussi hélas par moment sa limite. Ils nous extirpent un peu trop de la réalité que souhaite y aborder Billy Wilder. Son histoire d'adultère est croustillante, mais on sent qu'il n'a pas pu aller aussi loin qu'il l'aurait souhaité, la faute à un certain Hays qui a partiellement orienté l'intrigue, en faisant de ce coureur d'un été un simple farceur à l'imaginaire débordant plutôt qu'un homme réellement assailli par ses pulsions charnelles. C'est un peu dommage parce qu'on sent Billy Wilder désireux de franchir cette frontière à de multiples reprises, mais il doit se contenter de quelques baisers volés qui ne veulent pas dire grand chose, sinon que l'homme peut rapidement basculer.
Cette petite faiblesse, à mon sens en tout cas, du script est cependant très vite comblée par la belle inspiration dont fait preuve Billy Wilder pour faire vivre les talentueux acteurs qu'il a à sa disposition, dont la jolie Maryline qui s'accapare, dès sa première apparition, l'attention du spectateur le plus éteint de la salle. On comprend aisément d'ailleurs, quand on la découvre aujourd'hui, ce mythe qu'elle a été dans les années 60. Face à la jolie ensorceleuse, le pétillant Tom Ewell a fort à faire et y parvient sans forcer. Probablement nourri aux piles energizer, il incarne son personnage avec une gestuelle folle et un phrasé à toute épreuve. Qu'on adhère ou non au style, sa performance est assez incroyable.
D'autant plus qu'il peut compter sur le joli savoir faire de Billy Wilder pour faire des rêves de son personnage de jolis moments de mise en scène. Chaque incursion de Wilder dans les pensées tantôt paranoïaques, tantôt fantasmatiques, de ce quadra qui doute de sa fidélité est superbement rendue. C'est d'ailleurs à ce niveau que Wilder se détache un peu de la pièce de théâtre dont il s'inspire en parvenant à apporter à ce matériau de base la force de l'image manipulée.
Lorsque la séance se termine, c'est avec le sourire qu'on sort de la projection. La fougue dont fait preuve Wilder et ses acteurs dans 7 ans de réflexion en font un moment on ne peut plus divertissant, qui sait nous faire sourire par l'acidité de sa thématique principale et captiver notre attention par la force de ses personnages. Quel dommage que Wilder n'ait pu aller au bout de son propos, j'aurais personnellement apprécié de voir ce petit saligaud de Richard Sherman succomber aux charmes insolents de cette voisine pétillante, qui n'a nul besoin de nom pour qu'on se rappelle de son joli minois !