Ip Man, Wilson Yip, (2008)
Difficile de ne pas prendre de plaisir à ce
Kung fu pian tout à l'honneur de Ip man, le célèbre professeur de Bruce Lee. Pourtant on aurait pu se retrouver avec une énième glorification sans saveur d'une icône taxée de nationalisme exacerbé, comme le script le suggère. Certes, le récit paraît parfois manichéen opposant japonais tous plus mauvais les uns que les autres (avec une petite nuance qui fait toute la différence, ce karatéka qui ne vit que pour écraser les autres avec ses poings, donc doté d'un respect tout relatif pour ses adversaires), à l'aura angélique d'un pratiquant martial jamais écorchée. Mais c'est sans compter une intrigue qui regorge de petits nuances, une réalisation carrée et efficace qui offre parmi les combats les plus jouissifs et mis en forme de ces dernières années (surtout le un contre dix, et celui contre le maître du Nord), et un artiste martial à la pointe de son art, qui montre qu'il sait aussi faire l'acteur, je pense bien sûr à Donnie Yen, plus iconisé que jamais en même temps d'être autre chose qu'un pur démonstrateur de ses capacités.
En effet, la manière d'insister sur l'humain et la cellule familiale de Ip Man permet d'apporter la dimension émotionnelle nécessaire entre chaque duel, jamais gratuit par ailleurs, puisque chacun couvre un aspect différent de la personnalité du maître, glorifiant les valeurs philosophiques des arts-martiaux tels que le respect de soi-même et des autres, ou la non-violence et l'humilité. Et même l'aspect patriotique durant l'occupation japonaise est joliment détourné, et passe tout seul, car au fond, ce sur quoi insiste
Ip man une nouvelle fois (un fait véridique certainement romancé, mais quel Biopic ne l'est pas ?), c'est l'humain avant tout et non la confrontation gratuite au nom d'un idéal politique, ce que la puissante scène avec le sac de riz ensanglanté nous rappelle avec rigueur. Et si on ajoute au tableau les petites touches d'humour bien dosées du début qui permettent une véritable empathie pour Ip Man, pris entre les reproches de son épouse qui pense qu'il ne leur consacre pas assez de temps (mais n'hésite pas à le laisser lorsque sa virilité est mise en cause), et sa passion pour les arts-martiaux, et un bel hommage au
Wing Chun via de chouettes clin d'oeil à son esprit (comme le rapport à la femme et l'enseignement aux plus faibles) et sans entorse majeure dans son exécution, cela donne l'un des meilleurs du genre de la Nouvelle Vague avec
Wu Xia et
Fearless.
Note : 8.5/10