[elpingos] Mes critiques en 2014

[elpingos]

CAPTAIN AMERICA
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Joe Johnston | 2011 | 5,5/10

Allez rapidement, car y a pas grand chose à dire sur la fond et la forme. Un divertissement Marvel potable à peu près dans la lignée des autres avec peut-être la particularité du contexte historique, de la genèse du héros, tout ça, même si malheureusement tout reste quand même assez mal exploité voire simpliste. Si le début est pas mal, ça laisse place ensuite dans la 2e moitié à pas mal de remplissage, du vu et revu (le labo secret, les poursuites à n'en plus finir, etc..), des enjeux expédiés, et les poncifs habituels sur l'époque, la guerre, les femmes, les méchants, tout ça. Et le mythe du gentil héros américain bien lisse (cf capture) et bien patriotique dans toute sa splendeur pour un bon film popcorn bien aseptisé qui remplit le cahier des charges habituels. Bref rien de transcendant, pour un filon qui n'a guère que le spectaculaire et la gonflette à proposer.

[Dunandan]

A LA MERVEILLE
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Terrence Malick | 2012 | 8,5/10

Plus aérien que jamais, mais aussi terrien, le nouveau récit de Terrence Malick s'affranchit des barrières scénaristiques pour prendre la forme d'un poème sur l'amour et le paradis perdu, où une Eve et un Adam de notre époque, opposés, cherchent pourtant à s'aimer, à vivre ensemble et à se construire le chemin d'une vie commune. La foi elle-même s'interroge et lutte contre ses propres doutes. Des questions donc, des doutes et à ce titre le style de Malick prend tout son envol, la caméra mouvante voyage, elle affleure les choses, les scènes se multiplient sans cesse, s'arrêtent brutalement pour mieux se répondre, et l'alchimie une fois de plus se fait, se forme, avec une langueur fascinante. Car la beauté des instants, heureux ou difficiles, la sensibilité et le lyrisme, éclatent constamment, et on ne peut que se laisser porter par l’entrelacs des fils et des plans qui le composent et guetter les moments de grâce, nombreux, de ce poème filmique, tout entier dirigé vers une certaine philosophie et un certain rattachement à la terre, et donc à l'autre. Mais peut-être un peu plus redondant et désespéré que d'habitude, moins accessible aussi à cause de ses constantes évocations et cette absence de repères, voulue, avec notamment un style élégiaque un peu trop étiré, To the wonder n'a pas pour moi la même majesté des grandes œuvres de son auteur. Mais néanmoins, l'ambition est bel et bien renouvelée, et Malick s'inscrit ici dans un registre de prime abord plus personnel, mais finalement beaucoup plus proche de son public et universel qu'il n'y paraît. Car philosophes et actuelles, ces différentes silhouettes, féminines notamment, les plus fortes chez Malick, et leur danse évocatrice, envers et contre tout dans une quête insondable, a quelque chose de magnifique, d'insensé mais de profond et de touchant ; et on ne peut que s'extasier devant un style libéré, totalement unique, et dans une certaine mesure quasi parfait. Une nouvelle pierre de marque dans l'oeuvre d'un grand cinéaste.

[Dunandan]

Pinaise, tu me donnes encore plus envie, là (j'attends de voir Tree of life avant ^^)

[elpingos]

J'ai eu peur qu'il soit trop hermétique, j'étais prévenu, et j'ai donc pris mon temps pour le voir... Mais c'est un grand film clairement.

[Velvet]

Tu me donnes envie de lui donner une deuxième chance à ce Malick. Je les adore tous sauf ce dernier, trop maniéré à mon goût.

[elpingos]

Je ne pense qu'il ne faut juste pas en attendre autant que ses autres films. La barre est tellement haut de toutes façons, il ne pouvait pas revenir avec un nouveau chef d'oeuvre (sachant que je pense que ses meilleurs films sont derrière lui ) ... Même s'il peut encore nous surprendre, je pense qu'il va plus peaufiner son style et moins se concentrer sur l'ampleur de ses histoires, au sens spectaculaire. Il a certainement des choses à dire, d'un point de vue philosophique, et avec l'image. Mais point de posture péremptoire, Malick n'a pas de réponses. Il interroge et il montre...

[nicofromtheblock]

Belle critique.

Je n'arrive jamais à faire des critiques des films de Malick : c'est trop sensoriel.

[elpingos]

Merci nico Moi au contraire, elles m'inspirent les oeuvres de Malick. Même trop peut-être, et à la manière d'un Way et de sa critique très juste (mais impressionnante), je pourrai en faire des caisses ...

[Alegas]

UN ÉLÉPHANT ÇA TROMPE ÉNORMÉMENT
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Yves Robert (1976) | 8,5/10

Une des mes comédies françaises préférées, Un éléphant.. (et sa suite Nous irons tous au paradis) a beau être d'une autre génération que la mienne, il constitue pourtant pour moi un sacré feel good movie que je revois chaque année avec plaisir. Car en effet le film d'Yves Robert porté par des acteurs au top, Rochefort en tête, Brasseur, Bedos et Lanoux, me touche particulièrement; car il diffère des comédies potaches et burlesques de l'époque, adoptant à la fois un ton plus adulte, de vraies réflexions, certaines graves ou truculentes, et refusant la mièvrerie coutumière. Car ici, ce film qui pourrait s'apparenter au Coeur des hommes est pour autant 10x mieux, 10x plus drôle, 10x plus intelligent que cette pâle copie ratée et opportuniste. Enchaînant les 4 histoires entremêlées de ces 4 potes quarantenaires et de leurs déboires respectifs à la recherche d'un revirement dans leur vie, le film est un modèle à la fois de coolitude et de dynamisme, d'humilité devant ces persos humains et d'efficacité dans le ton et les nombreux thèmes abordés. Les relations sont au cœur du récit, les rapports sociaux, l'épicurisme, l'hédonisme et le refus de vieillir. Les dialogues de Jean-Loup Dabadie sonnent juste, et les situations cocasses, cultes et familières s'enchaînent à la perfection. Et parce qu'il traite tous ces sujets avec justesse, que ses persos sont si drôles, attachants, humains et incarnés, le film d'Yves Robert et sa suite constituent pour moi l'une des plus grandes réussites du cinéma comique et populaire français. Rien de moins.

[pabelbaba]

Pas aussi enthousiaste que toi, mais c'est aussi une comédie que j'aime beaucoup.

Et t'as oublié de parle d'Anny Duperey!

[elpingos]

Ouaip Annie, la femme en rouge ...

Pour me faire pardonner mon oubli :

[osorojo]

J'aime aussi beaucoup le diptyque qu'il forme avec Nous irons tous au paradis.

En famille ça passe tout seul ^^

[Dunandan]

ELEPHANT
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Gus Van Sant | 2003 | 9/10

Un film qu'il est facile de porter aux nues et difficile aussi de vraiment rejeter. Car la forme adoptée par Gus Van Sant pour retranscrire les faits divers de Columbine évite tous les écueils, les pathos et possède quelque chose d'idoine et d'immédiat. Son film est comme l'éléphant de son titre : énorme, évident. Son immédiateté, la clairvoyance de son emprise, est due en partie à sa narration croisée et la pureté de sa mise en scène. En plan séquence, les images de cet esthète sont à la fois poétiques et profondément évocatrices, réelles. En convoquant beauté et réalisme, impressionnisme presque, à la manière d'un Hopper, Van Sant implique le spectateur dans son théâtre du réel quasi fantasmatique, mais pourtant œuvre totale de cinéma-vérité; sans pour autant poser de jugement sur ces personnages proches et fascinants, tels des cobayes anonymes et fantasmés qu'on suivrait à la loupe sous une cloche de verre cristalline; son illustration est très plastique mais derrière une forme à la fois de banalité du quotidien mais aussi d'instantanés de grâce, la noirceur qu'elle couve a quelque chose de fascinant. Car la balade a priori tranquille, avance pourtant de façon inversement chaotique vers la même conclusion funeste; et les instants de vie, de beauté prennent un sentiment d'urgence, mais toujours au final assez dénué de passion, sans vulgarité ni pathos. La fin attendue, redoutée, ne détonne pas : la catharsis n'évoque rien d'autre qu'un déclenchement de violence terrible, glaçant mais presque banal, une suite logique dans cette histoire là en question, et son dénouement tragique. La justesse dans le ton de chaque instant de ce film en fait un constat très posé, respectueux, esthétique et objectif à la fois, d'un fait divers dramatique, mais où les différents points de vue (et les subjectivités donc) deviennent notre, d'une lucidité palpable. Ce film-objet est tellement prégnant, évident, beau et triste, dans son clair-obscur qu'on n'oublie pas cette journée de cours dans un lycée presque comme les autres et ces élèves là, presque comme les autres aussi.. Et la stature droite et mortifère, et la sacralité de cet éléphant là, font de ce film bien plus qu'une simple œuvre de cinéma...

[dagokhiouma]

ah oui quand même

faut bien qu'il y ait des gens à qui ça plaise ce truc et apparemment il y a du monde

[Dunandan]

Ben moi aussi j'étais surpris lorsque je l'ai revu de l'avoir tant apprécié à la revoyure, et c'est très bien si on se laisse happer par la proposition sensorielle et formelle de Gus Van Sant.