DU SANG ET DES LARMES
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Peter Berg (2013) | 7/10
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On ne peut pas dire que Peter Berg soit un mec avare. Quand on voit la tonne de poudre qu'il distribue à ses comédiens tout au long de son film, on se dit que l'homme a un sens du spectacle qui ne souffre d'aucune économie. A ce titre, il faudrait être ingrat pour ne pas reconnaître à son dernier film le côté divertissant de sa mise en scène, fait d'une caméra plongée au coeur de l'action, montée sur ressort et accompagnée par un travail sonore titanesque.
A ceux qui brandiront l'habituelle critique du patriotisme facile faisant office de recrutement pour les commandos ricains, je répondrai que ça doit être l'une des premières fois qu'on les voit s'en prendre autant dans la tronche. Alors, ouais, c'est peut être exagéré vu ce qu'ils ramassent, mais en même temps, il faut aussi reconnaître à ce corps de métier de forger des hommes bien plus solides que la moyenne. J'ai beaucoup aimé à ce titre l'introduction faite de camps d'entraînement, ça pose l'ambiance de jolie façon. Peter Berg parvient même à nuancer quelque peu son propos, suffisamment pour que ce dernier ne soit pas uniquement fait d'americanisme primaire. Reprocher à ce type de film son patriotisme, c'est refuser de lui laisser une chance, vu que par la nature de son sujet, il est évident qu'il en sera pourvu. Et puis, dans Du sang et des larmes, c'est plus la carte de la fraternité qui est mise en avant, l'armée ricaine n'est à mon sens pas vraiment mise en valeur, au contraire (aucun soutien pour le commando, com' en carton, les talibans qui déboîtent un régiment aeroporté complet etc ...).
Du sang et des larmes est donc un film plutôt bien géré dans son déroulement, Peter Berg parvient à caractériser suffisamment ses personnages pour que l'on soit touché par ce qui leur arrive. En outre, il attribue à chacun d'eux des acteurs aux gueules bien charismatiques (Marky Mark cartonne et Ben Foster a toujours la classe), ce qu'il faut pour leur donner une belle épaisseur. Mais il a un peu plus de mal à mener sa barque jusqu'au bout sans qu'on trouve le temps long. Les 2h n'étaient certainement pas nécessaires pour illustrer une seule embuscade. Le temps s'égrène parfois trop lentement pour ce qu'il y a à raconter. Encore ce syndrome des 2 plombes à respecter, même si ça doit être au détriment de l'efficacité.
Du sang et des larmes remplit son contrat, à savoir un devoir de mémoire sur une opération militaire d'un commando américain qui a tourné au vinaigre. Les personnages parviennent à trouver suffisamment de substance pour qu'on les suive avec attention et Peter Berg, même s'il en fait parfois beaucoup mais beaucoup trop (la scène avec le gamin est un bon exemple de bons sentiments bien dégoulinants) et qu'il nous martèle un peu trop souvent que son film est indiscutable puisque tiré d'une histoire vraie. Ah, qu'est-ce qu'ils peuvent être casse bonbon avec ces cartons surexplicatifs qui nous empêchent toute contestation. Mais la belle tenue de l'ensemble, son côté spectaculaire, ses acteurs investis et la générosité de Peter Berg font qu'on passe tout de même un joli moment.