House of the Devil Ti West (2009)
Revu avec plaisir ce putain de bon bis, délicieusement 80's (voir même 70's...), qui renoue avec l'ambiance des bonnes vieilles bobines d'exploitation, dès ses toutes premières minutes (où, sur le son d'une guitare percutante et d'un bon gros synthé, le titre apparait à l'écran en gros lettrage jaune, à l'ancienne...), sans pour autant jouer la carte de l'hommage bien appuyé et ultra-référentiel (façon Grindhouse).
Le rythme est particulièrement lent, lancinant même... Comme à son habitude, Ti West prend bien son temps pour nous raconter sa p'tite histoire (épurée au possible). Grosso-merdo, on peut dire que le film se déroule en trois temps.
Dans la première demi-heure, il nous fait donc évoluer aux cotés de son héroïne, qui, avec son casque de walkman sur les oreilles, arpente les rues d'une ville semblant quasi-déserte et baignant dans un climat automnal. On en sait peu sur cette fille, mais le fait de nous balader à ses cotés nous familiarise vaguement avec son quotidien, ses habitudes... On pourra constater par la suite que, bien qu'elle ne soit jamais montrée comme une personne mauvaise, elle n'est pas non plus un modèle de vertu (elle est un peu fouineuse, fait monter les enchères quand on lui propose un salaire et qu'elle se sent en position de force...).
A un quart de métrage et après une scène de meurtre aussi brutale qu'inattendue (et qui aura fortement contribué à accentuer la bizarrerie et le coté mystérieux de l'œuvre), un début d'intrigue se met en place, celui-ci sert surtout de prétexte à déboucher sur un exercice de style en huis-clos, très proche dans son traitement du film de maison hantée, où Ti West impressionne réellement par sa mise en scène qui communique avec les grands classiques du genre, de ceux qui privilégiaient l'ambiance et la suggestion... Et, pour ce qui est de créer une solide ambiance avec trois fois rien, le réal fait preuve d'un savoir faire qui force le respect ! Une fois encore, on ne peut pas dire qu'il se passe énormément de choses à l'écran, mais pourtant, ça fonctionne à merveille. Tout est dans l'ambiance, dans la façon d'installer la tension en suggérant une ombre derrière une porte, un bruit peu rassurant... C'est aussi parfaitement géré dans la façon de dévoiler au compte-gouttes la menace au spectateur, sans pour autant lui faire prendre trop d'avance sur l'héroïne, car, pour le gros de l'intrigue, celui-ci n'en sait guère plus qu'elle...
Il faudra donc attendre le dernier quart d'heure de métrage pour connaitre le fin mot de l'histoire et que la retenue cède place à une horreur frontale, lors d'un final bien plus graphique et grand-guignolesque que ce qui a précédé... Un basculement dans le fantastique pur et dur qui aurait pu être bien casse-gueule (sachant que là on débarque carrément dans l'ultra-bis, proche du cinoche d'un Norman J Warren, en moins fauché et beaucoup plus maitrisé tout de même...), cela fonctionne pourtant très bien, encore une fois, grâce au traitement...
La longue attente aura provoqué des questionnements chez le spectateur et celui-ci aura dû attendre les dernières minutes pour se prendre les réponses en pleine gueule, dans un climat d'urgence, à la fois lourd et hystérique.
Ça aurait pu faire basculer le film en zone nanardesque, je trouve personnellement que ça en accentue la puissance et ça achève d'en faire un des indispensables du cinoche de genre pour la décennie passée. Même s'il est clair que ça n'est pas pour les grands pressés...
Ti West, c'est un bon !
8,5/10