Les avis de vos dernières lectures

[Dunandan]

Ah mais je suis d'accord, et je suis le premier à dire que l'image est le premier vecteur d'histoire dans un film, mais dans Gravity, même le niveau symbolique, sans être pauvre, se réduit finalement à peu de choses. C'est très épuré, préférant mettre l'emphase (à raison) sur le cadre et la tension suggérés par la technique. Le cinéma est tellement riche qu'il faudrait revoir ses critères pour chaque film (m'enfin c'est le film qui me les livre, même si bien sûr il y a aussi une expérience/vision qui se crée par notre ressenti/histoire/approche du ciné personnels ...).

[osorojo]

Je viens de finir Ravage de Barjavel. Il va falloir que je digère le livre, sa dernière partie notamment qui peut prêter au débat tant elle est peu nuancée

Si l'on y croit trouver des valeurs propres à l'écrivain, il y a de quoi rejeter le bouquin. Mais on peut aussi, je pense que c'est plus dans ce sens là qu'elle a été écrite, la prendre comme une extrapolation d'un idéal de vie qui ne l'est jamais. l La campagne, son travail de la terre et son apologie de la rudesse contre le progrès privant l'homme de l'effort n'étant finalement peut être pas la solution non plus.

En tout cas, premier Barjavel, et pouah, quelle plume. Les scènes d'apocalypse sont superbement retranscrites, on est projeté dans un Paris pris dans les flammes avec grande violence :/

Sinon, j'ai lu aussi Mission stellaire de Van Vogt, mais c'est sympa mais pas marquant. Il se lit vite mais sera rapidement oublié aussi je pense ^^

[Waylander]

La campagne, son travail de la terre et son apologie de la rudesse contre le progrès privant l'homme de l'effort n'étant finalement peut être pas la solution non plus.
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Alors c'est quoi la solution ? Priver l'Homme de l'effort c'est faire de lui un fainéant et un être faible qui grossit, qui ne fait plus rien et qui ne connaît plus rien or le corps ,par nature , est fait pour travailler (j'entends là chasser, bouger, marcher , cultiver etc...). On le voit bien avec les pays industrialisés : fort taux d'obésité, fort taux de suicide, fort taux de cancers , forts taux de pollution et j'en passe. Si ni l'un ni l'autre ne sont la solution alors c'est qu'il n'y en a peut-être pas en finalement : il faut juste trouver un équilibre.

[osorojo]

Tu sais si je lance ça, c'est surtout pour rebondir sur le bouquin ^^

Barjavel dans Ravage dénonce une société surindustrialisée (les légumes sont cultivés de façon industrielle par des procédés qui en accélèrent la croissance rendant tout travail des champs inutile) en simulant par écrit l'effondrement de cette société le jour où l'électricité devient absente. S'ensuit une apocalypse, une disparition par les flammes des villes qui pensaient être invincibles.

On suit donc le retour à la terre d'un groupe de survivants. La dernière partie du bouquin fantasme une société qui se défend de retomber dans les travers du progrès mais en trouve d'autres.

Ce n'était donc pas mon avis, je parlais de ma lecture

[Waylander]

Ouais mais ça engande une petite disucission et je vois ce que tu veux dire. La course au progèrs uniquement c'est pas bien mais vivre sans chercher à améliorer son confort c'est pas une solution c'est clair (c'est justement le débat entre les différentes idéologies écolos : certains veulent revenir à la Préhistoire..... ).

Ce qu'il faut c'est ajuster notre consommation à notre dépense énergétique qui, globalement, tend à s'amincir. Or on mange comme 4 alors qu'on ne fait pas grand chose de nos corps (je parle vraiment de manière générale). Nos pays bouffent 80% des ressources de la planète justement pour éviter de vivre comme le Tiers-Monde et c'est ça qui déséquilibre tout. Il ya la fameuse théorie de la décroissance. Lis un peu dessus c'est intéressant mais simple : le Tiers-Monde augmente son niveau de vie tandis que nous on le baisse un peu mais s'emp^cher de se faciliter la vie quelque part c'est contre-nature (Mark va me tuer pur avoir dit ça) : toutes les espèces cherchent à gagner en confort.

[pabelbaba]

L'Homme aux Yeux de Verre d'Henry de Monfreid

Du bon petit roman d'aventure. Ca aurait pu faire l'objet d'une simple nouvelle je pense, mais Monfreid s'arrête sur un tas de détails, s'étend pas mal sur les états d'âmes des personnages et ça participe de l'ambiance une peu lascive du livre. Le rythme n'est donc pas particulièrement trépident, mais le péripéties s'enchaînent sans trop de mollesse. En tout cas ça m'a donné envie d'en lire d'autres!

[Waylander]

J'ai terminé le 1er roman du scénariste de TRUE DETECTIVE et je dis dire que j'ai trouvé ça pas mal et très touchant. Un road movie frais, lent, apaisant mais dépressif , morose et sans concessions. Il se lit très vite notamment grâce au découpage en plusieurs petits chapitres et 5 parties distinctes.

Résumé : 1987, La Nouvelle-Orléans. Le même jour, Roy Cady apprend qu'il a un cancer du poumon et que Stan, son boss proxénète et dealer, lui confie une mission qui ressemble fort à un piège. Sorti vivant de ce traquenard, Roy prend la fuite, emmenant avec lui Rocky, petite prostituée, et Tiffany, quatre ans. Le début d'une cavale sur les routes brûlantes du golfe du Mexique jusqu'à Galveston, Texas. Et la tentation d'un répit dans un motel paumé au milieu d'autres âmes perdues... Mais comment échapper à une bande de tueurs quand on a en sa possession des documents compromettants et beaucoup de sang sur les mains ? Vingt ans plus tard, Roy est homme à tout faire. Son corps martyrisé porte les stigmates d'un terrible drame. Il n'a pour seuls compagnons que son chien et ses livres. Quelqu'un est à sa recherche...

Je pense sincèrement que ce livre pourrait plaire à Mark.

On ne cesse pas d'être qui on est simplement parce qu'on a dans la poitrine un blizzard qui ressemble à des paillettes de savon.

J'ai essayé de concevoir ce que signifierait ne pas exister, mais je n'avais pas l'imagination nécessaire.

L'idée atroce de l'infini dans le travail. Cette sensation de ne jamais pouvoir gagner.

Le mariage était une construction sociale qui transformait le plaisir en arrangement commercial.

Ces centres commerciaux bourrés de gens qui veulent à toute force acheter des trucs m'énervent ; et j'avais l'impression de voir chaque jour de plus en plus de gros. D'énormes femmes se dandinaient entre les rayons, défaisant des cintres , vérifiant des étiquettes , abandonnant des pantalons dépliés sur d'autres articles. Des femmes bouffies qui paraissaient malheureuses et qui avaient faim de dépenses. J'ai découvert que tous les faibles ont en commun une obsession fondamentale ; ils font une fixation sur la notion de satisfaction. Partout où l'on va, les gens - hommes et femmes- sont comme des pies attirées par ce qui brille. Pour certains d'entre eux , ce qui brille c'est les autres , et là il vaudrait mieux se mettre à la drogue.

Tu nais et 40 ans plus tard tu sors d'un bar en boitillant, étonné par toutes tes douleurs. Personne te connait. Tu roules sur des routes sans lumière et tu t'inventes une destination parce que ce qui compte , c’est le mouvement. Et tu te diriges ainsi vers la dernière chose qu'il te reste à perdre , sans aucune idée de ce que tu vas en faire.

[...] une tristesse mêlée d'ennui. Et cette résignation que j'avais vue toute ma vie sur des visages : celle des gens qui abandonnent , qui vont du côté où ils n'auront pas à lutter.

Quand je lisais , je me plongeais tellement dans les mots et ce qu'ils disaient que je ne sentais plus le temps passer comme d'habitude. J'étais étonné d'apprendre qu'existait une liberté qui n'était constitué que de mots. Puis j'ai eu l'impression d'avoir raté une étape cruciale , longtemps auparavant. J'avais toujours été bon manuellement : je savais souder , assembler des tuyaux , démonter un moteur , boxer et tirer. Mais je commencais à comprendre que certaines de mes capacités n'avaient servi qu'à me contraindre , à me transformer en fonction , en objet utilitaire. Ça m'avait échappé jusqu'alors.

Je me trompais quand je sais à Rocky qu'on peut choisir ce qu'on ressent. Ce n'est pas vrai. Il n'est même pas vrai qu'on puisse choisir le moment où on ressentira quelque chose.

[Val]

L'Insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera (1984)

Difficile de s'exprimer sur une telle œuvre tant elle m'a prise aux tripes du début à la fin. J'ai toujours un rapport très égoïstes aux œuvres, qu'elles soient cinématographiques ou littéraires. C'est à dire que celles que j'aime le plus, j'ai l'impression qu'elles ont été crées pour moi, par quelqu'un qui ressentait, pensait, vivait la même chose. C'est ce sentiment rare d'être en total connexion avec l'esprit de l'artiste que j'ai ressenti en lisant ce livre. A travers les destinées de quatre personnages principalement (2 hommes, 2 femmes), Kundera dépeint certes le quotidien et la vie sous le régime communiste mais pas uniquement. C'est avant tout la vie sous toutes ses formes, toutes ses contradictions, ses dilemmes, ses hésitations qui est décrite.

J'ai beaucoup pensé aux Misérables de Hugo pendant ma lecture. On retrouve cette ambition d'un « roman monde », un roman qui ne se contenterai pas de l'action mais irait au delà pour embrasser une forme de portrait de l'humanité dans sa totalité. Ainsi, Kundera n'hésite pas à intervenir à la première personne dans la narration pour donner son avis, à revenir en arrière pour disserter sur tel ou tel point, revenir sur la définition ou l'acception que l'on donne a tel ou tel terme. Ainsi, ce sont des dizaines et des dizaines de thèmes extrêmement différents qui sont traités, philosophiques ou non, sur la question de l'engagement politique, du sexe, du corps, de la pudeur,... Le tout soutenu par une langue magnifiquement maîtrisée et qui ne tombe jamais dans le style ampoulé ou la surenchère. De plus, les chapitres très courts aèrent le texte et le rendent très agréable à lire. Une merveille d'intelligence, de subtilité, d'humanisme,... Je crois que j'avais besoin de lire un tel livre à ce moment de ma vie. Inutile de dire qu'il s'agit désormais de mon roman préféré.

[Dunandan]

Lu à ton âge, ça me donne bien envie de le relire (peu de souvenirs, mais même sensation de prise aux tripes que toi). Tu en as lu d'autres du même auteur ? J'ai beaucoup aimé également Le Livre du rire et de l’oubli.

[Val]

C'était mon tout premier. J'ai en stock La Vie est ailleurs et La Fête de l'insignifiance, son dernier qui vient de paraître. Mais je pense que je suis parti pour tout lire à terme.

[Velvet]

Tiens, j'allais le commencer "l'insoutenable légèreté de l'être". Tu me donnes encore plus envie.
Dernièrement j'ai fini Risibles amours du meme auteur (Kundera). Recueil de 7 nouvelles assez prenantes sur des moments de vies, des instants qui vont changer le cours du temps pour des individus auxquels on s'identifie assez facilement pour certains. Ca se lit facilement, le style est jamais pompeux, à la fois doux mais caustique. Difficile d'en parler à chaud comme ça, car malgré leur subtile simplicité, beaucoup de thématiques humaines sont mises en place. Ca me reste en tete.

[elpingos]

Oui L'insoutenable a aussi été une énorme claque pour moi .. Lu pendant une année d'études à Montréal, c'est le genre de livre qui change la donne ...

[osorojo]

Je viens de finir Fondation Tome III.

J'suis un peu déçu à vrai dire par le cycle pour le moment. C'est grand, ça c'est clair, Asimov maîtrise et la fresque d'anticipation qu'il dépeint est sacrément cohérente. Mais je trouve que l'ambition du truc fait qu'on a du mal à s'attacher à son histoire. On enchaine les pages, admiratif du travail accompli, mais triste aussi d'enchaîner autant les persos et les storyline, comme si tout était trop lointain, impalpable.

Bizarre comme sentiment, irréprochable sur le fond, et même sur la forme, mais ça ne sera pas un coup de coeur pour moi.

[Jack Spret]

Les deux derniers tomes devraient te réconcilier avec la saga.
Exit ce côté omniscient du destin de la Fondation, Asimov a resserré la timeline et on s'attache d'autant plus à l'univers.

[osorojo]

Ah, tu m'intrigues, vu que le 4e a été écrit longtemps après le 3, sur une demande bien appuyée de son éditeur, j'me suis dit qu'il serait en dessous. Mais s'il se concentre sur une période plus courte, ça va se déguster sans forcer ^^

Je vais l'enchaîner du coup, merci pour l'avis

Coucou sinon