A LA MERVEILLE----------------------------------------------------
Terrence Malick | 2012 |
8,5/10 Plus aérien que jamais, mais aussi terrien, le nouveau récit de Terrence Malick s'affranchit des barrières scénaristiques pour prendre la forme d'un poème sur l'amour et le paradis perdu, où une Eve et un Adam de notre époque, opposés, cherchent pourtant à s'aimer, à vivre ensemble et à se construire le chemin d'une vie commune. La foi elle-même s'interroge et lutte contre ses propres doutes. Des questions donc, des doutes et à ce titre le style de Malick prend tout son envol, la caméra mouvante voyage, elle affleure les choses, les scènes se multiplient sans cesse, s'arrêtent brutalement pour mieux se répondre, et l'alchimie une fois de plus se fait, se forme, avec une langueur fascinante. Car la beauté des instants, heureux ou difficiles, la sensibilité et le lyrisme, éclatent constamment, et on ne peut que se laisser porter par l’entrelacs des fils et des plans qui le composent et guetter les moments de grâce, nombreux, de ce poème filmique, tout entier dirigé vers une certaine philosophie et un certain rattachement à la terre, et donc à l'autre. Mais peut-être un peu plus redondant et désespéré que d'habitude, moins accessible aussi à cause de ses constantes évocations et cette absence de repères, voulue, avec notamment un style élégiaque un peu trop étiré, To the wonder n'a pas pour moi la même majesté des grandes œuvres de son auteur. Mais néanmoins, l'ambition est bel et bien renouvelée, et Malick s'inscrit ici dans un registre de prime abord plus personnel, mais finalement beaucoup plus proche de son public et universel qu'il n'y paraît. Car philosophes et actuelles, ces différentes silhouettes, féminines notamment, les plus fortes chez Malick, et leur danse évocatrice, envers et contre tout dans une quête insondable, a quelque chose de magnifique, d'insensé mais de profond et de touchant ; et on ne peut que s'extasier devant un style libéré, totalement unique, et dans une certaine mesure quasi parfait. Une nouvelle pierre de marque dans l'oeuvre d'un grand cinéaste.