[Alegas] Mes Critiques en 2014

[Mr Jack]

On a donc ici un film assez particulier, puisqu'il sera le premier long-métrage sur la Première Guerre Mondiale qui aborde son sujet avec un caractère humaniste et pacifiste. Ici, on voit bien que ce n'est pas la guerre en elle-même qui intéresse Renoir, mais bien les répercussions qu'elle peut avoir sur des hommes de différentes nationalités, de différentes cultures et de différentes couches sociales.

Faut pas non plus oublier de mettre le film en relation avec le Front Populaire et le fait que Renoir en était partisan. L'importance du film (grand film pacifiste, comme tu l'as dit) vient aussi du contexte historique, et il n'a cessé de prendre de l'ampleur quand on pense aujourd'hui qu'après ce film, il y aura la désillusion du FP et les portes de la WW2 qui vont s'ouvrir. Le film parait donc aujourd'hui comme un ultime message d'espoir avant l'enfer (et rien que pour ça c'est un mythe).

[Alegas]

Bah tu vois c'est ce qui me gêne finalement chez Renoir, tout cette obsession à vouloir balancer son propos social sans pour autant prendre ses personnages avec compassion. Dans celui là ça passe, mais par exemple dans La Règle du Jeu ou La Bête Humaine bah je vois que des persos fonctionnels vis à vis du message du film.

[Alegas]

Park Row (Violences à Park Row) de Samuel Fuller

(1952)

Voilà un Fuller déjà plus convaincant. Pourtant, on ne peut pas dire que ça commence très bien puisque le film démarre comme un spot propagandiste sur les valeurs du journalisme américain, avec plan-séquence sur la statue de Benjamin Francklin à la clé. Bref, une introduction pas subtile pour un sou qui débouche sur un film finalement assez plaisant. Alors certes, l'écriture est tout ce qu'il y a de plus classique, avec un groupe de journalistes intègres qui vont monter un journal ensemble pour s'opposer à la presse à sensations. On a droit à tout les poncifs, avec le vieillard, le gamin illettré qui rejoint l'équipe, la love-story avec la concurrence, le petit twist final qui permet une happy-end bien forcée, on sait toujours où on va et on sait pertinemment comment ça va se terminer mais force est de constater que, dans l'ensemble, le film fonctionne plutôt bien et arrive même par moment à avoir un vrai message sur la notion de concurrence aux Etats-Unis ou tout simplement sur la condition du journalisme au sein du même pays. Pas grand chose à dire d'autre si ce n'est que c'est plutôt bien joué et emballé, bref c'est du divertissement bien sympa mais il ne faut clairement pas attendre autre chose de ce Park Row sous peine d'être déçu.

NOTE : 7/10

[Mr Jack]

Ah mais ça je suis tout à fait d'accord, c'est d'ailleurs pour ça que comme toi je me fais un peu chier devant du Renoir. Même si j'aime bien La Règle du Jeu, ce que tu décris résume parfaitement le cinoche du monsieur qui reste quand même à mes yeux un des plus importants réals français (mais pas le plus palpitant, donc).

[Mark Chopper]

Je rejoins le groupe de ceux qui s'emmerdent devant du Renoir (bon, je n'ai vu que La Grande Illusion, La Bête humaine et La Règle du jeu).

[Kakemono]

Je rejoins le groupe de ceux qui ne s'emmerdent pas (ou peu) devant du Renoir (bon, je n'ai vu que La Grande Illusion, Partie de Campagne et Boudu sauvé des eaux).
Ouais bon OK Partie de Campagne ne dure que 40 minutes et c'est déjà trop... Mais je ne garde pas le souvenir de films emmerdants pour les deux autres.

[Mr Jack]

Ouais j'allais dire, tu t'es pas fait chier devant Partie de Campagne...J'ai vu que des extraits j'ai faillit roupiller

J'ai vu La Belle Equipe de Duvivier aussi et c'était encore plus chiant, de là à faire des conclusions il n'y a qu'un pas.

[pabelbaba]

Un peu à la bourre, mais elle est classe ta critique de Mean Streets!

[Creeps]

C'est quoi la tirade déchirante dans La Grande Illusion ?

[Alegas]

J'ai plus exactement la tirade en tête mais en gros ça évoque le futur des relations, amicales ou guerrières, entre la France et l'Allemagne. Et quand tu sais que la WW2 arrive deux ans plus tard voilà quoi.

[Alegas]

La Bête Humaine de Jean Renoir

(1938)

Je continue ma lancée dans la filmographie de Renoir, et ce film vient confirmer mon appréciation générale du réalisateur. La Bête Humaine, c'est déjà un ouvrage que je n'apprécie pas à la base, un peu comme le style d’Émile Zola en général, que je trouve trop descriptif et tourné vers un propos purement social. En ce sens, voir Renoir adapter cet auteur apparaît comme une évidence tant les deux ont cette volonté de faire des œuvres radicales sur le sujet, et si le réalisateur arrive a s'approprier les écrits de Zola, il n'arrive cependant pas à les transcender. Il en résulte donc un film à l'image du livre, à savoir un récit long pour pas grand chose, et dans lequel les personnages sont difficilement appréciables, puisqu'ils n'existent que pour des raisons purement fonctionnelles. Du coup, La Bête Humaine est parfaitement imprégné du style de Renoir, avec une forme difficilement attaquable puisque dès les premières minutes du métrage le réalisateur bluffe son public avec une séquence de locomotive en pleine marche filmée avec des angles de caméras assez étonnants pour l'époque, mais aussi hélas une froideur générale qui empêche toute empathie avec les protagonistes. Même la prestation de Gabin est bien moins convaincante que ce qu'il pouvait livrer dans d'autres films à l'époque, la faute très certainement au fait que, justement, le personnage sonne faux à l'instar de tout les autres. Un film assez surcoté en ce qui me concerne donc, même si j'ai bien conscience que Renoir ce n'est pas vraiment un réalisateur auquel j'accroche plus que ça, au contraire d'un Marcel Carné.

NOTE : 6/10

[Mark Chopper]

Entièrement d'accord avec toi. La scène d'intro est techniquement impressionnante... Mais c'est bien la seule fois que le jeu de Gabin me laisse une impression mitigée (oh putain, pendant ses crises, c'est gênant). Alors que chez Carné il est parfait. Et l'actrice est bien mauvaise...

[Dunandan]

Tu peux peut-être apprécier davantage le remake de Fritz Lang, Désirs humains. En tous cas formellement il est sympa et le thème du désir est bien exploité, même si on est loin de ses meilleurs essais. Et le lead féminin, c'est autre chose :

Le film de Renoir, j'ai du le voir il y a une bonne quinzaine d'années, je n'ai gardé aucun souvenir ^^.

[Alegas]

Alice doesn't live here anymore (Alice n'est plus ici) de Martin Scorsese

(1974)

Très surprenant pour un film considéré comme mineur. Alors oui, par rapport à la prestigieuse filmographie de Martin Scorsese, ce Alive doesn't live here anymore est évidemment un film mineur, pas spécialement ancré dans les gimmicks et thématiques de son auteur, mais pour autant la qualité du film n'a pas à rougir devant un Taxi Driver (que je trouve personnellement un peu surévalué mais ça j'en parlerais plus en détail dans ma critique à venir). Après la confirmation totale qu'était Mean Streets, Scorsese se voit offrir la possibilité de réaliser un petit film de studio au script pour le moins conventionnel qu'il accepte, très certainement pour pouvoir par la suite avoir le financement de son prochain film. Et si, au final, le métrage est évidemment assez atypique dans la filmographie du réalisateur, cela ne l'empêche pas de s'imposer tout simplement comme un bon petit film, prenant pour héroïne une femme qui, après la disparition de son époux violent, décide de refaire sa vie avec son enfant dans plusieurs petites villes, cherchant à la fois de quoi travailler, mais aussi un véritable amour.

De cette histoire qui aurait pu être sacrément banale dans les mains d'un réalisateur lambda, Scorsese en tire une très jolie petite fable sur la recherche du bonheur, à travers le prisme de la condition féminine, mais aussi par les yeux d'une femme qui doit, pour la première fois de sa vie, se prendre en main pour avancer. Si le film ne brille pas spécialement par sa mise en scène, classieuse certes (notamment via des jolis travellings circulaires) mais fonctionnelle, il en est tout autrement concernant l'interprétation, Ellen Burstyn trouvant là un de ses meilleurs rôles (l'écriture de son personnage, et notamment sa relation avec son enfant, jouant certainement beaucoup) pendant que les seconds rôles sont particulièrement réussis (Kris Kristofferson, Harrvey Keitel bien sur, mais aussi Jodie Foster dans le rôle d'un garçon manqué). Un petit Scorsese très sympa donc, très agréable à découvrir.

NOTE : 7/10

[Alegas]

Ponyo sur la falaise de Hayao Miyazaki

(2008)

Pas revu depuis la sortie cinéma, dont j'étais sorti à l'époque affreusement déçu. Depuis, j'ai compris que les critiques annoncent finalement à chaque film de Miyazaki un chef-d’œuvre, et j'ai donc revu mes attentes à la baisse et forcément la pilule passe un peu mieux. Alors clairement, on est devant un film bien mineur de Miyazaki, très certainement un de ses moins bon, mais ça n'en fait pas pour autant un mauvais film. Ponyo sur la falaise marque un véritable retour à un sujet enfantin, bien plus qu'un Totoro, et c'est là à la fois la force et faiblesse du film : posséder une empreinte enfantine tellement forte qu'on en oublie le fond, et donc ce qui pourrait captiver le public de plus de dix ans. C'est dommage car l'histoire est plutôt jolie, l'animation est juste magnifique, Miyazaki arrive même à pondre l'une des plus belles scènes de sa carrière avec la séquence du tsunami, mais c'est bien peu finalement pour un film qui manque d'enjeux, d'un véritable propos, voire même d'une certaine cohérence (car bon les éléments fantastiques qui sortent de nulle part sans raison, c'est la fête du slip ici). Bref, c'est toujours largement meilleur qu'un Château Ambulant (encore heureux) mais hormis la fameuse scène citée plus haut c'est assez oubliable, à voir une fois donc.

NOTE : 6/10