La planète des singes, Franklin J. Schaffner (1968)
Voilà, j'ai revu un des films de mon enfance. Alors paradoxalement je l'ai vu un paquet de fois alors que j'en étais pas un gros fan. Faut dire que les bons films de science-fiction
old school de cette qualité, ça ne courait pas les rues. Super idée que celle de l'évolution inversée, soutenue par une civilisation de singes cohérente et bien structurée. Bon il y a un petit hic, on dirait qu'ils sont une centaine à tout casser, on n'a pas l'impression qu'ils ont dominé la planète. Mais à part ce petit détail, tous ces petits échanges des personnages sur fond de classes maîtres/esclaves me passionnent, entre le cynique humain Taylor, les deux curieux scientifiques chimpanzés, et le ministre orang-outan de la science et de la foi à la langue de bois (qui s'avère plus complexe que sa méchanceté de surface). Des rapports complexes qui nous reflètent bien sûr l'image de notre civilisation dans ce qu'elle a d'obscur et de refoulé (on dirait l'archaïsme du Moyen-Age).
Par contre j'ai un gros soucis avec le rythme. Pourtant la réalisation est soignée, normal avec Schaffner aux commandes, le mec qui a fait
Le seigneur de la guerre et
Papillon. Au début et à la fin avec l'exploration de la planète, on a droit à des plans qui soulignent l'étrangeté du coin - on reconnaît le désert en question mais vous saisissez l'idée - et la solitude de ces naufragés qui sont loin de chez eux, puis le maquillage et les décors des singes ne font jamais trop kitsch et ont très bien vieilli. Mais les péripéties autour du langage qui occupe le centre du récit (et distingue les singes des humains), si elles ne m'ont pas déplu, me déçoivent à chaque fois du manque d'ampleur du truc, ça tourne qu'autour de ça et du racisme singes/humains. Le tribunal est par contre un grand moment de cinéma, et j'aime bien tous les petits détails sur la civilisation comme les lois de la religion du Grand Singe, et d'autres thèmes qui viennent se greffer autour de cette ligne directrice, comme le vice de connaissance qui brise les fondements de nos croyances, ce que réalisera le dénouement qui claque toujours bien, à partir duquel ce film s'est fait un nom dans le genre du post-apocalyptique.
Donc voilà, avec le
Soleil vert (dans lequel Charlton Heston est aussi en tête d'affiche et joue ici encore un magnifique connard - auquel on s'attache car politiquement incorrect, aspire à la liberté, et subit pas mal de trucs -, et ça lui va bien), il s'agit probablement de l'un des meilleurs films du genre de l'époque, qui avec assez peu de moyens parvient à nous faire croire à une histoire crédible, mais qui manque un peu de pêche pour que je l'apprécie davantage. Je trouve aussi qu'on voit un trop petit aperçu de cette civilisation, ce qui est assez frustrant, mais c'est en même temps sur cette limite que se base le script, et peut-être que les suites vont compléter cette expérience en demie-teinte. Donc pas ultime pour moi, mais une valeur et une référence sûres.
Note : 7.5/10