The Foreign Duck, the Native Duck and God, Yoshihiro Nakamura (2007)
Encore un réalisateur contemporain japonais que je découvre et prouve que le Japon est loin d'avoir dit son dernier mot au cinéma d'aujourd'hui et regorge de surprises qui ne riment pas forcément avec violence et nichons, ou trucs contemplatifs longs et chiants (image bête et réductrice retenue par une partie de la distribution occidentale). Ce sympathique film commence de la manière la plus familière et simple possible, un jeune étudiant qui déménage en banlieue pour se rapprocher de son université, et expérimente ainsi ce que c'est d'être le voisin du voisin, presque d'être un étranger dans son propre pays. Mais sa rencontre avec un étrange mais charismatique voisin de palier va l'entraîner dans une aventure qui commence par le vol d'un dictionnaire pour rendre service et donc s'intégrer. Ce qui suit nous conduit de surprises en surprises.
La grande qualité de ce film repose d'abord sur son écriture et sa gestion des tonalités, avec une histoire qui commence par une comédie, et glisse subtilement vers le drame, ce qui nous permettra de comprendre au final le sens du lien entre ces deux canards et un casier de vestiaire. Or, ces jeux de langage, quiproquos, et malentendus, sont le sujet principal du film, placés de manière à nous faire réfléchir implicitement sur le problème japonais de l'intégration des étrangers à leur culture. Sans trop révéler le contenu d'une intrigue qui repose beaucoup sur son mystère imbriqué comme des poupées russes, de jolis liens sont faits entre la musique de Bob Dylan qui crée une affinité naturelle entre individus par delà les barrières linguistiques, la défense des animaux comme image de la compassion naturelle pour son prochain, et le karma bouddhiste qui parachève la cohérence du tout. Des thèmes fort différents qui font donc sens par la suite, une fois les pièces du puzzle reconstituées. D'autre part, les acteurs sont étonnants de naturel et de justesse, et savent rendre leurs personnages très attachants, créant en filigrane une touchante petite communauté, qui montre jusqu'où peut-on aller par amitié ou amour.
Bref, superbe
feel good movie qui a réussi à me soutirer quelques larmes, gorgé de poésie, de métaphores, et de douce mélancolie, qui donne envie de se mettre au japonais, ceux qui le verront vont comprendre. Je lui reprocherais juste un léger flottement au milieu mais je passe volontiers par-dessus ce bémol pour un film aussi brillant par sa narration, son message humaniste, et le regard différent qu'il offre sur le cinéma japonais, sa culture, ses habitants, ses lieux communs, et la manière dont ils sont filmés. Un film qui parlera à tous ceux qui se sont sentis étrangers un jour chez eux ou ailleurs.
Dieu, si vous pouviez juste pour cette histoire fermer les yeux.
Et merci Mark pour la découverte.Note : 8.5/10