[Dunandan] Mes critiques en 2014

[Dunandan]

On n'a pas dit de films mauvais mais chiants. Et dans mon coffret Mk2 j'ai plein de munitions ...

[Dunandan]

Insomnia, Christopher Nolan (2002)

Ce polar est incontestablement l'un des films plus faibles que Nolan a réalisé jusqu'à présent, ce qui souligne la qualité des autres (à part le dernier Batman, aucune déception). Ok le script est classique, mais il est efficace, sans fioritures, va droit au but. Al Pacino reprend une fois de plus le rôle d'un flic entièrement dévoué à son métier, chewing-gum à la bouche et l'oeil vif. Un meurtre émerge d'une petite ville d'Alaska habituellement calme, avec donc des forces de police peu préparées. De nouveau l'introduction annonce le thème fédérateur, la zone grise du mal matérialisée plus tard en sentiment de culpabilité et de différence ambigüe bon/mauvais flic. Certes, le sujet et son traitement ne sont pas nouveaux, mais l'écriture étant bien ficelée, on suit sans s'ennuyer, et mine de rien ça annonce déjà les futurs Batman avec cette confrontation entre flic et meurtrier. Bonne idée d'ailleurs d'avoir choisi Robin Williams qui incarnait dans la tête du spectateur un gars sympathique, qui apparaît ici bien plus ambivalent et manipulateur, et montre un visage banalisé et humain du psychopathe.

Même si la réalisation abuse encore de fainéants champs/contre-champs, elle se permet ici de poser une séquence atmosphérique dans la brume de toute beauté, d'ailleurs le pilier central narratif et moral du film. Nolan commence aussi à gérer sa caméra au sein des grands espaces. Par contre la musique est une simple reprise impersonnelle de celle de Memento, et le cadre d'Alaska aurait mérité une meilleure utilisation. Ici ce dernier n'est qu'un prétexte pour empêcher son personnage de fuir la réalité et d'accepter la pleine vérité sur lui, même si ce n'est pas réellement sa faute (le grand thème du film qui en fait tout son sel). A part le duo Paccino/Williams, Hilary Swank en apprentie policière qui apprend vite les trucs du métier, et quelques personnages sympa mais sans épaisseur, le casting est maigre. Au moins on ne se perd pas dans les enjeux. Reste donc ce parcours du flic, tiraillé entre ses principes et la réalité du job, un dilemme moral mis en perspective par sa mauvaise (Williams) et sa bonne (Swank) conscience qui réussit à tenir le spectateur en haleine jusqu'au bout.

En conclusion, un bon petit polar "blanc" crépusculaire, assez classique mais suffisamment bien écrit, interprété, et mis en scène (superbe utilisation sensorielle de l'atmosphère pour refléter le caractère vacillant du jugement du flic), avec cette petite originalité du soleil qui ne dort jamais (comme la culpabilité du flic), pour m'empêcher d'être avare dans ma note finale. Un film aussi intéressant pour ce qu'il amène dans les oeuvres futures de Nolan.

Note : 7/10

[zack_]

C'est pas le soleil mais ta critique qui m'empêche de dormir!

[Dunandan]

Petite MAJ captures pour ma critique The Host.

[Dunandan]

Ten, Abbas Kiarostami (2002)

Au début la mise en scène fait peur. Champ/contre-champ dans une bagnole et parfois que du plan fixe, avec une femme persane comme fil directeur, qui discute avec des gens qu'elle accompagne un bout de temps comme un taxi. Une contrainte budgétaire certainement qui finit par bien s'accorder avec le sujet du film, l'indépendance des femmes en Iran et la conséquence sur son fils, contrasté par d'autres rencontres amicales/faites au hasard avec des personnages récurrents comme ce dernier. Peut-être aussi que c'est intentionnel, la parole trouvant ainsi un espace d'expression sûrement plus important qu'à l'extérieur. Certes, les échanges obéissent à une logique parfois un peu trop dialectique, ce qui casse leur authenticité, mais leurs confrontations révèlent des choses très intéressantes sur la société qui les entoure, bien que parfois inégales et redondantes (la relation mère-fils est la plus intéressante du lot), comme l'éducation, la parentalité, la religion, l'apparence, l'inter-génération, la sexualité, ou le mariage. En outre, même si on s'attache naturellement plus à cette femme libérée d'autant plus qu'elle est plutôt jolie et moderne, les autres disent aussi des choses qui ont du sens, faisant apparaître une vérité multiple. Ainsi, être indépendante pour une femme ne signifie pas la même chose pour son enfant qui a besoin de modèles plus classiques auxquels il peut s'identifier, le sexe et le mariage peuvent être détachés de l'amour et peuvent être autant une marque de liberté que d'oppression, et enfin on peut aller au Mausolée sans croire, juste pour trouver un lieu apaisant et se retrouver soi-même. Un film qui porte également sur l'expérience de la vie, ses gains et ses pertes qui ne sont pas les mêmes pour tout le monde.

Il serait donc dommage de s'arrêter au style épuré et minimaliste de ce film qui nous en apprend beaucoup sur cette société à multiples visages en train de vivre une période de transition importante, mais aussi sur la psychologie d'une femme libérée qui prend sa mesure avec son environnement relationnel qu'elle nous révèle par ses rencontres ou ses dialogues.

Pas très beau - au secours la photo naturaliste/pas travaillée - et répétitif en dépit de sa courte durée - c'est que du dialogue -, mais ces dix micro-histoires qu'on suit comme une pièce de théâtre filmé sont intéressantes et nuancées dans ce qu'elles avancent. Dommage que les réactions du fils paraissent trop en avance par rapport à son âge présumé, ce qui n'enlève rien à leur pertinence, mais on sent que ce sont des réflexions d'adulte sur l'enfance et non des pensées d'enfant, ce qui atténue l'approche réaliste du propos.

Note : 6/10

[Mark Chopper]

Kiarostami... Comment j'ai souffert avec son dernier. Bon, je suis au boulot, je ne peux pas poster de photo de Jade mais le coeur y est

[Dunandan]

Je savais que tu penserai à moi pour ce film, merci pour ton attention

Edit : en plus j'ai du me retaper la moitié de la critique car la page du forum avait buggé (bon heureusement j'ai pu restituer 95% du contenu).

[osorojo]

@ Oso : Bah la preuve t'as même pas réagi à ma capture

Comment tu m'as menti sur la marchandise quand même. Je te ferai plus confiance, t'as intérêt à convaincre Dr Mark de doubler la dose Laroche le prochain coup !

[Mark Chopper]

Cette photographie de Jade Laroche est proposée par
le Comité de lutte contre les films survendus par Dunandan qui attire
le chaland en lui faisant croire qu'ils sont aussi riches en scènes de
sexe que chiants, alors que non, ils sont juste chiants.

[Dunandan]

[osorojo]

Merci Mark !

[Mark Chopper]

Vu que tu partages tes critiques sur FB, ta femme et tes amis vont apprécier

[osorojo]

[Dunandan]

Pourquoi vous croyez que je me tape pas trop souvent de films chiants, si après ça me retombe dessus ... ?

Edit : du coup je rajoute les petites choses qui m'ont gêné dans la Double vie de Véronique. Pour ce genre de film j'ai toujours du mal à en parler, préférant me concentrer sur mes impressions positives que sur les mauvaises, tellement l'expérience a été singulière pour moi . Mais ça me paraît bien de les mentionner au moins à la fin, histoire que les prochains sur la liste soient prévenus ^^)

[osorojo]

Rho, mais Dun', prends pas tout au premier degré comme ça C'était une boutade hein, je te faisais pas un vrai reproche !