COWBOY BEBOP
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Shin'ichirō Watanabe (1998) | 9/10
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Après 26 épisodes montant crescendo vers un final dévastateur, il est difficile de quitter l'équipage du Bebop. Ma dose de bonne humeur, d'humour en finesse et d'inspirations diverses, si typique de cette série à part, va me manquer.
C'est pourtant avec scepticisme que j'ai avalé les premiers épisodes. Cette série souvent portée au pinacle à la fois par les fans invétérés de la japanim' et ceux qui habituellement n'y trouvent pas leur shoot de satisfaction y semblait en effet bien timide. Mais c'est bien cette délicatesse dans l'écriture associée à cette manière d'emprunter avec gourmandise aux références qui ont façonné nos générations, du western à papa au western spaghetti, du film noir cristallisé dans la classe au polar hardboiled Hk ou encore de la romance sensible au chanbara définitif, qui permet à la fois aux personnages de monter tranquillement en puissance et à Keiko Nobumoto de s'assurer la sympathie de ses futurs spectateurs.
Quand on a mangé du film au point de faire exploser la balance au moment de la pesée, qu'on aime la japanimation et plus généralement le monde de l'animation, alors nous vient cette impression d'être devant une oeuvre mature, motivée par une réelle passion pour le cinéma et plus largement par sa puissance émotionnelle, qui évite de surcroît de se diriger vers l'opportunisme de l'audience assurée. Pour preuve cette saison unique mais surtout la manière avec laquelle Cowboy Bebop s'évite d'emprunter au genre son habituelle habitude du cliff de fin d'épisode. Si l'on enchaîne ces derniers avec la patience d'un lion affamé devant un steak saignant, c'est bien parce qu'on se demande quelle nouvelle référence va être passée à la moulinette de l'hommage plutôt que pour ses 3 premières minutes censées rassasier notre éphémère curiosité. Ce qui fait véritablement toute la différence.
De cette matière première de premier choix, Shin'ichirō Watanabe signe une animation aux petits oignons, qui ne donne pas dans la facilité. Le chara-design très typé, marqué d'une belle personnalité dans le trait, baigne dans des ambiances faites de couleurs complémentaires et d'un sens graphique à toute épreuve. Chaque nouvelle enquête est l'occasion d'un nouveau challenge graphique très enthousiasmant (l'épisode de Pierrot le fou est un festival d'influences diverses).
Enfin, Cowboy Bebop finit de nous achever par ses ballades envoûtantes, empruntant au jazz sa sensibilité, à la folk son émotion et au rock contenu son énergie. Il n'en fallait pas plus à l'équipage du Bebop pour s'assurer une place de choix dans un coin de cervelle qui catalogue les petites oeuvres à part, dont on n'attendait finalement pas grand chose, mais qui parviennent, le temps d'un sentiment, à dérégler de façon éphémère cette pompe pourtant routinière qui assure notre prochaine inspiration.