47 Ronin, de Carl Rinsch (2013) L'histoire : Suite à la mort de leur seigneur, provoquée par un homme malfaisant et une sorcière, 47 samouraïs déchus mettent tout en œuvre pour le venger...Comment les dirigeants d'un grand studio américain ont-ils pu donner leur accord pour produire un premier long-métrage de plus de 100 millions de dollars qui mixe légende japonaise et fantasy avec un casting composé à 99 % d'interprètes nippons ? On tient ici le projet le plus suicidaire de l'année... Bien sûr, l'aspect fantasy tente sans doute de surfer sur le succès d'une certaine franchise réalisée par Peter Jackson et celui de la série
Game of Thrones... Mais le résultat à l'écran, tant du point de vue du bestiaire choisi que de la qualité des effets spéciaux, se rapproche bien plus d'un film
made in HK que d'un
blockbuster US et s'intègre mal à l'ensemble. Si les acteurs ne baragouinaient pas un anglais sans doute appris de manière phonétique (seul Hiroyuki Sanada ne fait pas saigner les oreilles) et si Keanu Reeves ne traînait pas son air de chien battu, on se croirait devant un
blockbuster asiatique... Le studio a fini par s'en rendre compte, un peu tard, et a remonté le film (le personnage
badass, à droite sur l'affiche, n'apparaît au final qu’une dizaine de secondes), massacrant sans doute la gestion d’une ellipse majeure, et a imposé quelques
reshoots pour donner plus d'importance au personnage de Keanu Reeves, qui paraît ici presque relégué au rang de
sidekick... Voilà pourquoi tout ne fonctionne pas, loin de là. On peut même parler de ratage (c’était inévitable). Certaines scènes, sur un strict plan esthétique, sont à tomber, quand d'autres semblent bien ternes et grises. Les personnages paraissent on ne peut plus unidimensionnels et il aurait fallu un récit plus ample et plus ambitieux pour que ce long-métrage devienne épique. On aperçoit les bribes d’un grand film couillu dans quelques scènes (mais seulement des bribes...) et on peut saluer le fait que l'
esprit du matériau d'origine n’ait pas été trahi (ne serait-ce que dans sa conclusion, atypique à ce niveau de production) malgré les libertés prises. Une version sans Keanu Reeves, tournée en japonais et plus longue d'une heure pourrait recevoir mes faveurs (on peut toujours fantasmer). Mais le résultat proposé tient, sans surprise, de la boursouflure cinématographique.
Note : 5/10