The Canyons de Paul Schrader (2014) - 0/10
On peut facilement qualifier The Canyons de désastre cinématographique. Pourtant, le projet avait de quoi attiser une certaine curiosité malgré une production un peu bordélique. Un grand écrivain en la personne de Bret Easton Ellis au manette d’un script se voulant aventureux et érotique peignant de façon acide le monde du cinéma, la bouillante et ingérable Lindsay Lohan jouant un premier rôle au côté de James Deen acteur pornographique hype et petit ami de la voluptueuse Stoya (veinard). Tout ce petit monde se retrouvant sous la houlette de Paul Schrader, réalisateur du très recommandable Autofocus, et profitant d’une caméo de Gus Van Sant en tant que psychiatre. Malheureusement The Canyons n’est pas l’objet culte pour hipster en manque de coolitude annoncé, mais confirme que Bret Easton Ellis est en manque d’inspiration, nous offrant avec ce film un ersatz libidineux des feux de l’amour. Ici, la Californie est froide, livide, fantomatique, lieu austère ne dissimulant aucun mystère qui en valent le coup. The Canyons échoue sur tous les plans et c’est peu de le dire. Le film peut s’analyser comme une vulgaire recette de cuisine peu recommandable et à ne pas concocter même sous la torture. Premièrement, vous prenez un zeste de Cartel de Ridley Scott. De longs dialogues interminables sur le sexe, sur la vie de jeunes riches dont la vacuité est le seul avenir dans une Californie fantomatique, tunnels de conversations à l’intérêt qui frise le néant, ne faisant jamais avancer un script se trouvant aux abonnés absents. Cette histoire insignifiante met en place un jeu de cache-cache sexuel entre un producteur pervers et voyeuriste qui veut faire payer à un jeune acteur le fait qu’il couche avec sa femme Tara. Tous ses personnages insolubles, à la moralité étroite, dépeignent une réalité ou un monde ressemblant à un sous Moins que Zéro. Avec ce premier ingrédient, vous ajoutez une assiette de Passion de Brian de Palma. Vous vous souvenez de ces scènes ridicules avec Naomi Rapace, de cette imagerie kitsch, cette odeur has been imprégnant le film, de cet érotisme daté et presque frigide, et bien là, c’est du même acabit. De plus, The Canyons est bizarrement très frileux en matière de sexe, mis à part une orgie à quatre mal branlée et aux spots lumineux indigents. Puis pour finir vous saupoudrez le tout, d’une mise en scène dégueulasse, d’une photographie apocalyptique, et d’une direction artistique tout droit sortis d’un mauvais épisode de Beverly Hills 90210. La prestation de James Deen nous fait comprendre que son talent de comédien est inversement proportionnel à la longueur de son « outillage » et Lindsay Lohan devrait arrêter le cinéma pour repartir dans un centre de désintox, et il est inutile de décortiquer la prestation comique (à son insu) du pauvre Nolan Gerard Funk. Schrader est en totale roue libre, et se demande encore comment il a pu atterrir dans un projet aussi foireux. Au final, The Canyons rate sa cible, s’avère faussement cool, vaguement subversif mais réellement mauvais.