[Dunandan] Mes critiques en 2014

[Dunandan]

Last action hero, John McTiernan (1993)

Last action Hero est vraiment un film que j'apprécie davantage maintenant, non pas seulement par nostalgie, étant un enfant des années 80, mais parce qu'on se sent mieux armé pour apprécier tout ce qu'il représente, à savoir une relecture ultra kiffante du cinéma d'action hollywoodien, une géniale mise en abîme parodique sur la figure du héros amenée par le gosse qui rentre dans l'histoire de sa star favorite par le biais d'un ticket magique. Ainsi, l'image et les réflexions du jeune spectateur devenu acteur, nous montrent tous les clichés du genre, les punchlines qui animent les échanges, qu'elles claquent ou qu'elles soient ratées, les grosses ficelles, avec également des clins d'oeil faisant office de fan-service. Le résultat est drôle et intelligent à la fois, on se met à la place du gamin, ça nous parle, on devient actif à notre tour. On se régale alors de découvrir tout ce qui ne colle pas à la réalité comme l'invincibilité du héros, les incongruités (que des bombes sexuelles bien mises en valeur de façon totalement gratuite, des décors en "toc" que personne ne remarque hormis le spectateur omniscient), des méchants débiles (priceless le Big boss italien qui a des défauts de prononciation), où tout paraît joué d'avance.

Mais la grosse subtilité du scénario, est de retourner l'argument dans le sens inverse dans sa dernière partie, en faisant cette fois-ci apparaître le héros dans le monde réel, où l'enchaînement des séquences devient bien plus imprévisible. Ainsi, Jack Slater se découvre adorer la musique classique, détester l'homme d'action qu'il est devenu (au point de faire des reproches à l'acteur qui l'a dirigé vers cette direction), et ainsi révéler une humanité dont il était entièrement dépourvu dans le film. La relation entre Slater et le gamin est même assez touchante, car elle remplit le rôle de substitut de père et de fils. Ainsi, si ce dernier va si souvent au ciné, c'est peut-être aussi car il s'est choisi une famille pour faire face à un manque (des parents peu présents), une catharsis libératrice pour oublier ses petits soucis et pour ne pas s'ennuyer (décapante sa version d'Hamlet). Face à eux, un magnifique badguy, qui est le seul à finalement s'échapper des clichés dont il est victime en usant une intelligence typique du ciné de Mc Tiernan, malheureusement piégé dans le film par son oeil de verre qui révèle ses pensées, et enfermé dans un rôle de subalterne à travers une relation jubilatoire avec son idiot de Boss qu'il ne manque de corriger par des piques verbales. J'aime beaucoup la façon dont il découvre que dans la réalité où l'individualisme et le cynisme règnent solidement, aucun de ses actes maléfiques n'a de réelle conséquence et peuvent donc peut-être l'emporter sur le bien.

La liste des qualités serait trop longue à établir, donc j'abrège, avec un Schwarzenegger plus charismatique que jamais et icônisé à mort, un gamin pas trop énervant, des duos jouissifs par le contraste qu'ils apportent, un sens du cadrage et de la mise en scène toujours au service du fond qui a triple fonction de nous divertir, nous révéler les ficelles du cinéma, tout en sollicitant activement une réflexion sur notre rapport à l'image et aux références, une BO d'enfer qui nous sert du bon rock '90, des scènes d'actions maîtrisées, un parallèle imaginaire/réel très pertinent, et un rythme sans faille. Bref, le Blockbuster intelligent et divertissant par excellence, et pour ma part, un très bon feel good movie. J'oubliais, à voir absolument en VF (comme beaucoup de films de cette époque) pour ses répliques cultes dignes d'un Inspecteur Harry. Tu aimes les omelettes, tiens je te casse les oeufs. Je termine avec une pique gratuite mais que je trouve pertinente ici : une expérience plus immersive qu'un film en 3D.

Note : 9.5/10

[angel.heart]

J'en ai revu des passages dernièrement et c'est toujours mortel.

Et McT a un de ces sens du cadre... c'est ouf !

[Dunandan]

Carrément, ce film est une grande leçon de cinéma à lui tout seul. Dans mon Top 3 perso avec Predator & Die Hard 3.

[Mark Chopper]

[Dunandan]

Qui n'a pas rêvé d'étudier cette version au collège ?

[Mr Jack]

Film génial, VF géniale, je compte même pas les répliques qui m'ont marqué ado, "les méchants sont à l'intérieur !", "tu as des doigts ? croise-en un max !", "je viens d'assassiner quelqu'un et c'était totalement prémédité" etc etc. J'adore ce film.

[padri18]

Gros +1 également, limite la note est un poil trop basse

[Dunandan]

Je n'étais pas loin du 10 mais malus "gosse légèrement énervant", bim - 0.5. Mais sinon j'aime comment slater gère son côté "je sais tout" . Je sens qu'il va intégrer fissa mon top perso celui là ^^.

[Dunandan]

Wolfman, Joe Johnston (2010)

Assez déçu de ce remake du film Le loup garou, que je n'ai pas vu donc je ne ferai pas le jeu des comparaisons. Dommage car cette tragédie familiale avec un soupçon de fantastique et de romantisme épineux, de trauma infantile, de quête identitaire (oublie le passé, il te rattrapera) et de relation torturée père/fils avait tout pour me plaire. Mais force de constater est que les personnages ne sont pas bien caractérisés (pourtant le fait que le fils incarne un acteur était un bon point de départ pour figurer son tourment, mais c'est mal exploité), non sublimés par un jeu d'acteurs assez plat et désincarné (leur accent américain alors qu'ils interprètent des anglais joue aussi en leur défaveur), et un rythme lancinant qui plombe l'ambiance qui se veut mélancolique mais provoque surtout un ennui poli.

Par contre certaines séquences graphiques valent le détour, parfois magnifiques et inspirées, qui semblent tout droit sorties d'un comic book gothique (on pense à un mélange de Sleepy Hollow et de From Hell), avec notamment l'introduction du loup-garou qui met l'eau à la bouche, avec un bel équilibre entre bestialité et suggestion de l'horreur, et en général tous les environnements qui bénéficient d'une belle atmosphère lugubre. Dommage d'ailleurs que le film ne continue pas vers cette voie pour la lycanthropie, préférant de plus en plus faire dans la surenchère grotesque de la violence (je n'ai rien contre, fallait aussi bosser la mise en scène), malgré d'assez belles transformations (inspirées du Loup garou de Londres). Faut enfin arrêter les jump scares et les situations à la con (j'en peux plus des mecs qui se retrouvent tout seul dans la forêt au milieu de la nuit) qui font pas peur. Dans le même sens, le combat final père versus fiston est bien ridicule, filmé sans aucune imagination (juste deux lourds mastodons qui se foutent sur la gueule) et mal amené.

Ce n'est donc pas avec ce film qu'on va transcender le genre comme hommage ou renouvellement. Tout ça manque de souffle, d'émotion, et d'humanité (malgré un bon script de base, avec notamment le développement de cette malédiction familiale et l'hypothèse de la maladie mentale pour la lycanthropie, mais mal goupillé et rempli de coupes qu'on ressent malgré les minutes supplémentaires du DC), alors que le mythe du loup-garou est à la base une sombre tragédie. C'est la raison pour laquelle je préfère Wolf qui était peut-être moins généreux dans la forme et un peu foireux dans ses effets, mais plus touchant par rapport à la relation qu'il développe entre Nicholson et Pfeiffer, et tout le développement sur la bestialité au coeur de l'humain et réciproquement, un thème que j'ai trouvé ici assez survolé alors qu'il devrait en être la moelle épinière, malgré l'effort de Del Toro et Hopkins de montrer qu'ils ont la gueule de l'emploi.

Note : 5.5/10

[puta madre]

Assez déçu de ce remake du film de la Hammer, que je n'ai pas vu donc je ne ferai pas le jeu des comparaisons.

En fait, il s'agit d'un remake du film Le Loup-garou, produit par la Universal, avec Claude Rains et Lon Chaney jr. Le scénario du Hammer n'a rien à voir avec celui de ces deux films.

Je l'avais également trouvé assez moyen, ce Wolfman, même s'il est visuellement très réussi. Il faut toujours que je me mate le director's cut, pour vérifier s'il améliore ou pas le métrage.

[Dunandan]

Jusqu'en enfer, Sam Raimi (2009)

Après sa trilogie Spiderman, Sam Raimi s'offre un petit retour aux sources avec ce film de possession qui reprend le style d'Evil Dead en entrelaçant comédie et horreur. Certes ça sent le réchauffé, mais ça demeure très efficace, et se différencie essentiellement par deux traits, l'accroche (le milieu égoïste et arriviste des banques qui fait penser au contexte de la crise financière avec le refus du prêt), et le type d'horreur infligé à la pauvre héroïne à laquelle on s'attache facilement vu qu'elle n'aspirait qu'à une meilleure vie (en dépit de sa mauvaise action qui l'a menée à sa perte), à savoir tous les petits trucs décrépis et dégueulasses d'une vieille dame qui lui a lancé son sort de malédiction (ongles sales tapotant lourdement sur la table, mouchoir plein de morve à tête chercheuse, dents de cannibale, etc.).

L'unique intérêt de cette séance récréative se résume donc à voir jusqu'où cette femme sera torturée, forcée parfois à accomplir d'horribles choses pour espérer s'en sortir (pauvre chaton), à base de jump scares, de trucs qui volent, de bruits inquiétants, d'insectes, d'hallucinations (la scène du dîner familial, c'est trop du Braindead), et surtout (les séquences les plus réussies selon moi avec celles où elle se frite avec le vieux machin avec un gros clin d'oeil à Bip Bip) de matérialisation progressive du démon qui la chasse. Au fond le déroulement est très prévisible (tout est dans le titre), mais on ne peut reprocher à Raimi d'aller jusqu'au bout (elle s'en prend plein la gueule d'un bout à l'autre), avec du second degré bien sympa et féroce, même si on est quand même loin des délires visuels du second Evil Dead (qu'il auto-plagie d'ailleurs lourdement comme la scène du cimetière).

En somme, un bon petit film d'horreur très efficace dans ses effets porté par un bon casting (la vieille et la jeune en tête), mais auquel il manque un petit quelque chose pour marquer durablement (à part 2-3 scènes, difficile de le distinguer de la masse).

Note : 6.5/10

[Dunandan]

Assez déçu de ce remake du film de la Hammer, que je n'ai pas vu donc je ne ferai pas le jeu des comparaisons.

En fait, il s'agit d'un remake du film Le Loup-garou, produit par la Universal, avec Claude Rains et Lon Chaney jr. Le scénario du Hammer n'a rien à voir avec celui de ces deux films.

Je l'avais également trouvé assez moyen, ce Wolfman, même s'il est visuellement très réussi. Il faut toujours que je me mate le director's cut, pour vérifier s'il améliore ou pas le métrage.

Merci c'est corrigé . Son ambiance ressemble tellement à celle de la Hammer (d'après mes souvenirs en tous cas), que je me suis gouré ^^.

Bah sinon tout pareil, et j'ai vu le fameux DC, pas sûr que ça change énormément de choses à l'appréciation du film ...

[zack_]

Ce film c'est mon gros plaisir coupable!

[Dunandan]

J'aime bien, mais je trouve que ça manque de personnalité dans l'ensemble et Evil dead 2 est bien plus fou.

Par contre ma femme a détesté (je viens de voir que le 2nd degré dans le film d'horreur c'est pas son truc ^^).

[Dunandan]

Le Prestige, Christopher Nolan (2006)

Un bijou que je redécouvre totalement, étant déçu la première fois de ce brin de fantastique venant soit-disant parasiter de manière trop évidente le tour de magie alors qu'il en est un élément nécessaire pour soutenir la quête prométhéenne de ces deux hommes. En fait, tout ce qu'on pouvait reprocher à la trilogie Batman de C. Nolan, à savoir balancer des écriteaux voyez ce que je vous passe comme information au lieu de passer par l'image, est ici dissous. Je n'ai pas lu le bouquin éponyme mais on peut sentir l'énorme boulot d'adaptation qui est derrière. Car la qualité d'écriture elle-même devient un subterfuge au service de son sujet, deux magiciens plein d'abnégation visant à devenir le meilleur des deux. Et pourtant dès le premier plan, tout est là, mais on regarde mal. En effet, le spectateur a besoin de prestige, et ce film le lui livre constamment, inconscient du tour dont il est victime du début à la fin. Ce qui est fort, c'est d'avoir réussi avec ce film de passer de la magie de l'écriture pure à la magie du cinéma, devenant ainsi une mise en abîme du spectacle et de l'artifice qui est à sa base et de maintenir l'illusion jusqu'où bout.

Le récit à fois enchâssé et circulaire était la meilleure idée pour nous faire vivre de l'intérieur ce tour de magie, qui livre à travers la lecture du journal intime portant sur le truc de chacun des magiciens, une histoire passionnante à suivre, alors que le lecteur ne se doute pas de la mesure de la fourberie et de la force de suggestion de son adversaire, qui a choisi comme lui de vivre entièrement pour son art. Mais sans penser à l'astuce une fois celui-ci découvert, on se prend au jeu du récit lui-même, dévoilant un véritable film noir recrée à l'époque victorienne où les mêmes ingrédients sont utilisés, à savoir un meurtre au secret bien gardé, une relation amoureuse passionnelle qui va enrayer ce qui était jusqu'à présent une simple émulation réciproque, mais le tout joint à la saveur bien particulière du mythe ancien de l'homme voulant dépasser ses propres limites, et au contexte du progrès grandissant de la science permettant peut-être de réaliser ce vieux rêve. Et bien sûr le cadre de la magie lui-même est une raison suffisante pour s'attacher au film, parfait sujet pour mettre en branle la dimension tragique du récit, où l'amour non-interchangeable est le seul obstacle à la complète réussite de la pratique des deux magiciens, dont le truc derrière le tour devient un art de vivre au point qu'ils en perdent presque toute identité personnelle de manière presque schizophrène (on ne pense jamais à celui qui reste dans l'ombre).

Ce qui parachève pour moi ce film comme un chef-d'oeuvre accompli est l'implication totale des deux acteurs principaux pour leur rôle, participant à l'illusion qui est à la base de l'histoire. Christian Bale était déjà reconnu pour son talent à se fondre dans son personnage tel un caméléon, beaucoup moins Hugh Jackman qui dévoile ici l'ampleur de son talent. D'ailleurs c'est drôle comment le choix du casting reflète leur propre filmographie, puisque si ce dernier est là pour assurer le spectacle, l'étincelle permettant au public d'être conquis par ses simples présence et charisme, le talent de l'autre est bien plus caché et redoutable, expliquant la raison de son flop, mais aussi les qualités d'un véritable magicien. De même, la présence de Scarlett Johansson n'est pas anodine, dont le charme évident est là pour nous détourner le regard, ne se doutant pas qu'elle aussi fait partie du grand subterfuge. D'autres acteurs à l'apparition plus fugace reflètent cet effort de nous relier au monde du spectacle et de ses fards, comme les transformistes Andy Serkis et David Bowie, chacun dans un domaine bien différent. Enfin, même si la réalisation s'efface derrière l'histoire racontée, il y a aussi un superbe boulot de reconstitution d'époque mariée à un petit soupçon de fantastique, où on se régale de découvrir les petits trucs de magie comme un gamin, qui demandent parfois de la part de l'exécuteur sa part de sacrifice.

Voilà comme je résume ce film. Un modèle d'adaptation du roman au cinéma (avec des dialogues diablement bien écrits et intégrés), un thème passionnant - la magie - qui nous interroge sur les limites de l'abnégation personnelle pour l'art et l'effet de l'image-illusion sur le spectateur qui participe lui-même au spectacle, et un casting totalement impliqué. Selon moi le véritable chef-d'oeuvre de C. Nolan, son Masterpiece.

Le monde est simple, misérable, si figé d'un bout à l'autre. Mais si vous pouvez les duper, ne serait-ce qu'une seconde, vous les faites rêver, et alors vous découvrez quelque chose de très spécial. Vous ne voyez vraiment pas ? C'est cette lueur dans leurs yeux.

Note : 10/10