La Grande Aventure Lego de Phil Lord & Chris Miller (2014) - 7/10
La grande Aventure Lego peut s’apparenter à un énorme coffre à jouet, où l’on écarquillerait grand les yeux, et où l’on prendrait plaisir à découvrir tout un tas de trouvailles farfelues et bordéliques pour s’amuser sans s’arrêter. Posant son regard de façon ironique sur la fonction même du jouet, le début du film nous immerge dans cette grande ville aseptisée et uniformisée Lego où le jeune Emmet suit les indications d’une notice pour devenir un habitant adéquat. Un soir, après le boulot, Emmet découvre une sorte de pierre philosophale, qui fera de lui « le spécial » pour sauver le monde de l’emprise de Lord Business qui veut figer la ville entière pour régner sur le monde. S’ensuit alors une odyssée décapante, une ode à la créativité, un empilement de briques ravageur, où fourmillent d’innombrables idées, s’avérant parfois immensément drôle. Le film appuie sur l’accélérateur, multiplie les scènes d’actions jouissives, et enclenche le turbo pour ne plus s’arrêter. Avec ses personnages trépidants à l’humour simple mais terriblement efficace (Unikitty, Mauvais flic, l’excellent Batman avec son côté sombre parodique, le fantôme de Vitruvius tenu par une ficelle ou le duo hilarant formé par Superman et Green Lantern), on est parti pour un rush ininterrompu d’explosions pétaradantes ou de de gags bien sentis. Ce film, avec la fameuse marque Lego, fait avant tout appel à nos souvenirs de gosses et sait plus qu’aucun autre film nous prendre par la manche pour nous faire revivre notre jeunesse d’enfant pas totalement disparue. Jamais poussiéreux, en perpétuel mouvement, toujours à la recherche de la bonne vanne, La Grande Aventure Lego est sans doute l’une des surprises de l’année. Ce qui est génial, c’est l’inventivité visuelle du film. Rien que la première scène sur le chantier est un émerveillement pour les yeux, un dédale d’ingéniosité plastique. Avec cette thématique propre au Lego qui est celle de la construction et la déconstruction, on oscille entre grosses séquences hyper fouillées, qui foisonnent de détails à l’écran tout en restant d’une lisibilité impressionnante, et digressions « old school » et enfantines en plans larges avec quelques gags sonores bien trouvés. Le charme provient de cette identité esthétique qui lui est propre car nous ne sommes pas en face d’un simple film d’animation comme les autres au dessin idéalement tracé, à la fluidité parfaite, ici il y a une rigidité propre au Lego qui donne une véritable personnalité au long métrage. Le rythme est décapant voire décoiffant et peut paraître parfois étouffant mais le film n’en reste pas moins très bien écrit, avec sa double lecture, humanisant presque le jouet lui-même, plaisant aux petits et faisant s’esquisser une once de nostalgie chez les plus vieux. Derrière le prétexte du film en forme d’immense pub, c’est l’intelligence et l’universalité sensible du propos qui remporte la mise et qui vient enrichir un film d’une fraîcheur surprenante.