Souvent assimilé à un remake du Voyage fantastique, L'Aventure intérieure ne reprend du film de Richard Fleischer que l'argument de départ (un homme est miniaturisé puis injecté dans le corps d'un autre) en le traitant sous l'angle de la comédie. L'équipe du film a eu l'idée géniale de faire de l'hypocondriaque Jack Putter (Martin Short) le véritable héros, le personnage de pilote beau gosse/casse-cou Tuck Pendleton (Dennis Quaid) étant coincé, impuissant, d'abord dans le corps de Jack, puis à l'intérieur du cockpit de son appareil. Un parti-pris qui donne naissance à des passages délicieusement comiques, que ce soit lorsque Jack s'aperçoit que quelque chose cloche à l'intérieur de lui (la scène avec la cliente à la caisse, celle dans la salle d'attente du médecin, le "I'm possessed" proféré par Jack, la scène dans les chiottes où un autre homme croit qu'il parle à son pénis...) ou lorsqu'il se trouve embringué dans une intrigue d'espionnage industriel en étant coaché par Tuck.
Tout le film baigne dans un second degré, alternant générique trompeur, piques satiriques (l'intro avec les tronches de constipés des soldats sur fond de discours patriotique), description des scientifiques gentiment loufoques (le décalage entre le bordel ambiant des "bons" scientifiques et celui des méchants est d'ailleurs assez marrant)...
Le ton du film oscille entre esprit comic-book et cartoon, avec des personnages ou situations délirantes: Mr Igo, sorte de Terminator décalé (il écoute du hard rock en transportant son prisonnier dans un camion frigorifique ou s'amuse à faire peur à des enfants) avec sa main mécanique qui lui sert tout autant de pistolet, de lance-flammes ou de tire-bouchons, Scrimshaw méchant parodique qui n'hésite pas à peindre son bureau en rose (y compris son chien!), les apparitions du Cow-boy génialement interprété par Robert Picardo, la transformation de Jack en Cow-boy et inversement, le combat dans l'estomac ou la scène dans la voiture avec des méchants réduits à 50% de leur taille...
Mais le film sait être sérieux quand il le faut, notamment lors du combat dans l'estomac, ou lors du passage touchant où Tuck explore le corps de Lydia avec une surprise à la clé.
Le métrage est emmené par la jolie complémentarité du trio Quaid-Short-Meg Ryan et parvient à nous faire croire en la complicité grandissante entre Tuck et Jack, même si on ne les voit ensemble à l'écran qu'à la toute fin. Le film bénéficie d'une belle distribution, qui campe pour la plupart des personnages passablement allumés: Kevin McCarthy, Vernon Wells, Fiona Lewis, Wendy Shaal, Henry Gibson et encore une fois Robert Picardo.
A l'exception de la photo assez plate du monde extérieur (contrairement à celle créée pour visualiser le corps de Jack), techniquement c'est du tout bon, que ce soit la transformation du Cow-boy en Jack sous les yeux médusés des méchants (encore un tour de force que l'on doit à Rob Bottin), les passages dans le corps de Jack exécutés par Dennis Murren et une équipe d'ILM alors au faîte de son talent et qui donnent l'impression de se promener dans les différents organes ou vaisseaux sanguins, ou la BO de Jerry Goldsmith, qui colle bien aux scènes d'action ou pour exprimer la fascination à l'exploration du corps humain.
Un divertissement familial toujours aussi savoureux à regarder.
8.5/10