Son duo Pizzolatto/Fukunaga permet une réelle cohérence esthétique et narrative dans toute la continuité de la série.
Visuellement, la série est ultra travaillée, jamais mise de coté. On aurait pu croire que cette virée en enfer chez les rednecks sentirait le déjà vu et malgré ça, la série arrive à créer sa propre "mythologie" et son propre environnement graphique, à l'image de ce labyrinthe de Carcosa qui suinte la peur à chaque recoin. Dès le premier épisode, l'ambiance désenchantée et sombre de la série plane pour ne plus nous relâcher. Sans parler de la photographie parfois immense, et de quelques moments de bravoures génialissimes (plan séquence épisode 4). Sans parler du générique qui vaut le coup d’œil à lui tout seul.
Cette volonté de multiplier les propos par différentes interviews et changer à sa guise de temporalité aurait pu être une idée redondante et casse gueule et au final la série s'en sort avec les honneurs, avec une qualité d’emboîtement et de précision du montage parfois flamboyante, comme le montre cet épisode 5 plus que brillant. Qui fait que l’enquête ne meurt jamais, et évolue à chaque instant, même si, avec tout ce qui a été dit, on aurait pu s'attendre à plus de révélations (notamment sur la fille de Martin).
Après la série tient aussi sur les épaules de ses deux personnages, notamment Rust, et l'interprétation toute en retenue ( et cabotinage pour certains) de McConaughey. J'ai adhéré dès la première minute à ces monologues psychologiques et certes un peu pompeux, mais qui font sens avec le poids des années, offrant certains moments suffocants (la fin de l'épisode 3) et mettant en scène des scènes d'interrogatoires magnétiques et perverses. Et puis les nombreux dialogues entre les deux détectives, à la qualité d'écriture intéressante, avec toujours la phrase qui fait mouche.
Son défaut, c'est sans doute son manque de subtilité notamment dans les séquences d'interactions entre personnages et surtout dans la vie familiale de Woody. Mais ça m'a pas entièrement déplu ni enlevé un quelconque plaisir. Woody et ses problèmes conjugaux ne sont pas clichés à mes yeux, ils rentrent dans une certaine continuité des thématiques de la série, que sont celles de la destruction de l'enclos familial. C'est juste qu'ils ne sont pas les moments les mieux construits de la série et nous offrent quelques moments de culs, visibles à des kilomètres mais que je prends avec plaisir.
En tout cas, la série grandit très bien dans mon esprit, sans crier au génie. Mais gros moment de téloche pour moi