Dans
Anatomie d'un assassinat, Philip Shenon exhume des témoignages écartés par l'enquête sur l'assassinat de JFK.
C'est, à mon sens, le principal mérite de ce bouquin (gros pourrais-je dire)
Inutile de l'acheter si vous ne vous
intéressez pas au fond du fond de cet événement tragique. L'auteur revient à plusieurs reprises -et de façon fouillée- su
le séjour d'Oswald à Mexico, un voyage passé sous silence par les FBI et la CIA. L'auteur est d'accord sur le fait que cet
individu (Oswald) a bien tiré sur le Président, mais au bout de son enquête il ne réfute pas les complicités éventuelles.
C'est d'ailleurs ce qui ressort de cette affaire depuis toujours: un pays bâti sur la violence et les armes (surtout au Texas)
n'a pas fini de nous surprendre.
De tous les livres que j'ai lus à propos de l'assassinat de John Kennedy, celui de Philip Shenon, journaliste d'investigation au New York Times, mérite un intérêt particulier. Pas seulement parce que l'auteur s'est rendu célèbre aux États-Unis pour ses scoops sur l'enquête qu'il a faite pour son journal sur l'attentat du 11 septembre 2001. Mais parce que, jamais sans doute depuis le drame de novembre 1963 à Dallas, un livre aura autant analysé, disséqué, passé à la moulinette de la recherche de la vérité le travail de la commission d'enquête officielle du chief justice Earl Warren. Durant huit ans, Shenon a pisté les derniers survivants des membres de cette commission et surtout les policiers, médecins, psychologues, avocats, magistrats, qui les ont assistés lors des dix mois d'une enquête à haute tension médiatique et politique. Il a retrouvé beaucoup de ceux qui étaient à l'époque des juniors dans leurs professions respectives et dont les témoignages aujourd'hui sont le reflet des interrogations, des doutes, des luttes d'influence, des fausses pistes, qu'a provoqués cette enquête sans doute trop vite achevée. En effet, un demi-siècle plus tard, on ne sait toujours pas avec certitude si, en tirant sur le 35e président des États-Unis depuis une fenêtre, Lee Harvey Oswald a agi sous l'empire d'un dérangement psychique ou, au contraire, sous la directive de la mafia ou d'une puissance étrangère. Anatomie d'un assassinat, le livre de Philip Shenon a également le mérite, même s'il fait des révélations sur un mystérieux voyage d'Oswald à Mexico, de ne pas prendre partie entre les thèses conspirationnistes et celles qui ne voient dans l'attentat de Dallas que le geste d'un déséquilibré. Et surtout, il montre à quel point, deux ans après la crise de Cuba, née de l'affaire de la baie des Cochons, la situation internationale était tellement tendue, en pleine guerre froide, que l'hypothèse d'un éventuel complot de Castro pour tuer le président américain aurait pu, si elle était vérifiée, déclencher une guerre. C'est l'intérêt essentiel de ce livre. On y voit le nouveau président, le Texan Lyndon Johnson, convaincre Earl Warren d'accepter la présidence de la commission d'enquête en lui faisant valoir les risques pour la paix mondiale que pourraient impliquer des conclusions hâtives sur l'assassinat de Kennedy.