[Dunandan] Mes critiques en 2014

[Hulkiss]

c'est 2001 Odyssée de l'espace

C'était pour être sûr, content de voir que je me suis pas trompé
et sinon, pour mon film avec la dame blanche??? j'arrive pas à trouver!!!

[Dunandan]

Désolé je le remets en spoil, tu fais exprès ou quoi . Je cherche pour l'autre film ...

[Hulkiss]

Année 20 (je crois), muet en noir et blanc et dame blanche qui hante un cimetière....

[Dunandan]

Je ne trouve pas ...

Et c'est juste un interlude hein cette virée vers les vieux films. J'avais besoin d'un film court, c'est le seul que j'ai trouvé. D'ailleurs ce n'est vraiment pas ma période préférée dans le cinéma. A partir des années 50, je n'ai pas trop de soucis, par contre mon appréciation est très variable sur les films d'avant cette période.

[Kakemono]

Il me semble qu'une autre personne l'a inclus dans son Top 100 mais je me rappelle plus qui ...

H2G2 est l'un des films les plus drôles que j'ai vu ces dernières années, effectivement. Ta critique me donne qu'une envie : me mettre la galette dans le lecteur.

[Tyseah]

Tu te mets une galette dans le lecteur?! GROS DÉGUEULAAASSE!

[Dunandan]

Man of steel, Zack Snyder (2013)

J'aime beaucoup ce qu'a réussi Zack Snyder avec Superman. Balayant le ridicule des anciens films (surtout la love-story niaise et la double-identité bidon), il livre à la place un récit d'une grande maturité et densité sur les origines de Clark Kent, son dilemme identitaire - et non celui de Superman, un point décisif - et sa destinée personnelle (humanité versus kriptoniens), avec une deuxième partie d'un niveau épique extrêmement jouissif où on tâte de la puissance divine de ce super-héros en faisant péter des immeubles entiers. La présence de David S. Goyer au scénario, qui a participé à la trilogie Dark Knight, était un choix pertinent tant le résultat final me paraît satisfaisant. Certes, on peut reprocher au film quelques ellipses mal gérées, des incongruités, et une émotion insuffisamment développée tant ça va à 100 à l'heure, mais ce défaut s'estompe au profit de ces multiples couches narratives qui par accumulation, épaississent toujours plus le background de ce personnage de manière fort intéressante, sans aucun bout de gras, bons sentiments, ou psychologie à deux balles. Ce qui fait avancer le récit, ce sont d'abord les décisions ou les actions que vont faire chacun des protagonistes.

Les quarante premières minutes sont la meilleure partie du film, véritablement ambitieuses par tous les fronts qu'elles embrassent. D'abord elles développent de manière efficace tout ce qui amènera Clark à questionner son identité et sa destinée en se focalisant sur ses parents et sa planète d'origine, en implantant un environnement visuel space-opéra jouissif à suivre qui mériterait à lui seul un film entier, avec son idéologie aryenne-colonialiste qui explique les raisons de la funeste disparition de ce peuple aux ambitions démesurées. Un combat du bien contre le mal qui prend une ampleur épique jamais ridicule ou bébête grâce à une forte dimension mythologique bien écrite et nuancée (pour les mêmes raisons, le film d'animation de Snyder a su éviter l'écueil du pur manichéisme) et des acteurs impliqués. Ainsi, Russel Crowe impose par son charisme naturel en tant que père biologique et incarnation du renouveau (choix et espoir versus génétique et rôles prédéterminés), face au cabotin Michael Shannon qui brille surtout par ce qu'il représente, le protecteur incorruptible et intransigeant de son peuple. Deux personnalités antinomiques qui hanteront le chemin de croix identitaire de Clark.

Ensuite, Snyder réussit à implanter des scènes fortes et emblématiques au cours de ce qui devient un Superman Begins (la découverte de ses pouvoirs qui l'assimilent à un freak) et emblématiques, comme tous les échanges que Clark entretient avec ses deux pères sur son rôle à jouer entre ses deux peuples, et ces choix cornéliens de sacrifier des innocents au nom d'une plus grande vocation. Certes, sa relation avec Crowe tient de la pure astuce, mais ça fonctionne compte tenu de cette technologie extra-terrestre remplie de possibilités. Et Kevin Coster est simplement parfait dans le rôle du paternel protecteur mais optimiste envers son humanité (elle a l'air stupide cette ultime scène avec le chien, mais elle prend tout son sens par la suite, et surtout dans la conclusion). Pour figurer cette double destinée qui se met en place, Snyder s'inspire brillamment de La République de Platon (la hiérarchie naturelle) et du messianisme chrétien (la bonté justifie certains sacrifices). Par contre, on sent parfois que le film ne se pose assez pour que l'émotion prenne aux moments-clé, ou qu'il manque un petit truc, par exemple pour justifier cet élan de bonté des humains (surtout les journalistes et les militaires, les premiers à se livrer à des actes de fourberie) envers la protection du secret entourant Clark, comme si ces 2h30 ne suffisaient pas. Et pourtant ça ne manque de séquences, intimistes ou explicatives : pour moi, c'est aussi au spectateur de s'impliquer et de faire les liens nécessaires (comme dans un comics).

Bref, mon engouement repose surtout sur la combinaison idéale entre qualité d'écriture du scénario, implication des acteurs, résonance épique du thème musical (qui figure très bien la montée en puissance de Clark), un brin d'humour et de romantisme (sans que ça n'affaiblisse le côté "premier degré" du film), et la fulgurance de ses scènes d'action (avec une Loïs Lane qui y prend part et montre ainsi qu'elle ne fait pas partie du décor) qui envoient au tapis toutes les adaptations de Comics réunies. Je retiens très peu de bémols, comme une relative naïveté et un petit manque de fluidité du scénario, mais sans que ce dernier ne sombre jamais dans le manichéisme (comme quoi on peut raconter un combat du bien contre le mal sans se livrer à un tel écueil). Et la réalisation est d'une classe absolue (même les costumes sont beaux, ce qui n'était pas une mince affaire). En un seul film, ce Superman égale les trois Batman de Nolan par sa richesse, sa dimension épique, et ses thèmes traités. C'est là que réside peut-être sa plus grosse qualité et son plus gros défaut (car du coup on survole certaines choses). En tous cas on ne peut pas lui reprocher sa constante générosité.

Note : 8.5/10

[Pathfinder]

Celui la, je l'adore! Bravo Dun'!

[Dunandan]

Merci Path'

Je ne comprends pas qu'on puisse rabaisser celui-là et apprécier en même temps les Batman de Nolan tant je les trouve du même tonneau (merci Goyer) mais avec une once de générosité en plus ^^ (merci Snyder - d'ailleurs à part son Sucker Punch, rien à jeter dans sa filmo -)

[zack_]

Ca assure sur ce topic depuis un bon de temps

[Dunandan]

Caramel, Nadine Labaki (2007)

Belle petite surprise. Caramel est un joli portrait de la condition féminine au Liban, et plus encore de la femme, qui nous emporte d'abord par le charme de ses interprètes esthéticiennes aux petits soins de leurs clientes qui y trouvent un petit havre de paix face à un cadre traditionnel et religieux qu'on devine fort, et sa belle composition musicale issue d'un mélange d'instruments à cordes traditionnels et de chants arabes. Via la préparation au mariage d'une d'entre-elles, nous suivons des histoires d'amour secrètes, non avouées, soufflées entre deux portes, ou suggérées par un simple regard. La jeune réalisatrice dont c'est le premier film capte très bien tout autant ce climat de pudeur et de censure plus suggéré que montré (seules 2-3 scènes en font clairement mention dont la très drôle altercation du fiancé avec le militaire qui refuse d'avouer qu'il raccompagne sa chérie chez elle), que ces petites échappées libératrices où ces femmes parviennent à s'exprimer. De nombreux thèmes sont ainsi effleurés, conformes à cette pudicité dont j'ai parlé, comme la virginité, la relation extra-conjugale, l'homosexualité, ou encore l'amour d'un certain âge, avec un bon dosage d'humour et de drame sans jamais forcer le trait dans un sens comme dans un autre, contribuant beaucoup à l'authenticité d'ensemble.

Ce film choral se limite donc à nous présenter des épisodes de la vie quotidienne de ces femmes reflétant une sexualité brimée visant quelque part à s'extraire de leur condition, et se révèlent toutes attachantes par la personnalité qu'elles dégagent, bien mises en valeur par la caméra intimiste et dorée (comme le caramel) de la réalisatrice. Beaucoup de séquences touchantes, comme lorsqu'une d'entre-elles doit se passer pour une autre afin d'inviter son amant secret dans un hôtel, ou poétiques comme ce policier qui s'imagine avoir une conversation avec cette femme dont il croise le regard à travers une fenêtre fermée, ou ce vieux bonhomme qui signale son rendez-vous romantique sur une vitre de magasin. Même la petite vieille sénile gardée par une femme moins âgée y a sa place, incarnant par son décalage un Beyrouth dépassé néanmoins charmant (très drôle lorsqu'elle demande aux passants de remplir son sac de papiers, elle aussi en attente d'un Roméo mais imaginaire en ce qui la concerne).

Tout comme In the Mood for Love, l'intérêt principal de ce film libanais réside donc dans cette sensualité à fleur de peau, pudique mais bien présente, aussi sucrée que douloureuse (car cachée) que ce caramel chaud qu'on tartine sur la peau des clients, qui manque de peu d'éclater au grand jour. Un plaisir tout simple pour les yeux, les oreilles, et aussi le coeur. Une pellicule bien éloignée des clichés culturels, qui nous présente ces femmes libres de disposer de leurs corps, mais en même temps tristement contraintes d'obéir à un ordre préétabli. Mais ces relations secrètes signifiées par de petits gestes presque anonymes sont justement ce qui en constituent le charme.

Note : 7.5/10

[Velvet]

Très sympa la chro' sur Man of Steel.

[Dunandan]

@ Zack et Velvet : Merci les gars, ça fait plais' (j'ai eu du mal, en plus, à synthétiser mes impressions sur le Superman)

[zack_]

Faut que je le vois ce Labaki, le dernier était très plaisant (en plus qu'elle soit agréable à regarder)

[Dunandan]

Argo, Ben Affleck (2012)

On ne peut pas dire que Ben Affleck fait des mauvais films, mais à chaque fois il manque un petit truc en plus pour me convaincre complètement. Et Argo, réputé pourtant comme sa meilleure réussite, n'y échappe pas. Mon plus gros problème, c'est la manière dont on nous ballote entre angle documentaire et artifices hollywoodiens sans parvenir à trouver un juste équilibre entre les deux. Le début est quand même un petit modèle de sobriété en nous plantant le contexte de manière impartiale. Pas de manichéisme, juste la marche historique d'un peuple qui se soulève contre ses occupants et des innocents qui s'y trouvent pris au piège. Beaucoup d'efforts sont faits pour croire à l'époque et à la tension vécue par les acteurs des évènements (beau boulot sur le montage et ces zooms qui nous collent aux personnages). Mais il manque un trait d'union plus puissant entre implication et établissement des faits, qui aurait pu se construire à travers l'idée originale d'extraction (courte mais excellente séquence où ils réfléchissent à la manière d'adapter ce scénario bidon aux contingences culturelles iraniennes) ou le personnage interprété par Ben Affleck (qui se donne le beau rôle mais a le mérite de s'effacer derrière, sans avoir forcément le charisme qu'il faut, mais ça colle bien ici).

Par contre, la grande force de ce film, outre le respect voué à la reconstitution des faits et des différences culturelles (où la prise d'une seule photo peut tout faire rater), est d'avoir crédibiliser les personnages qui ont des réactions assez normales face à une situation aussi sensible qu'insolite, entre peur et incrédulité, avec un nombre relativement peu élevé de séquences intimistes auprès de ces ressortissants américains mais qui fonctionnent assez bien sans dramatiser outre mesure. Jusqu'au bout, seul Ben Affleck y croit réellement (hormis cette scène assez géniale où le mensonge prend enfin forme auprès des terroristes, en créant aussi un lien inattendu entre les deux peuples), et même si je trouve que les scènes censées créer une empathie envers lui font un peu cliché, notamment pour figurer sa solitude face à sa mission (la photo de son gosse et la bague) ou son stress (il fume comme un pompier), sans elles le final certes très américain dans ses valeurs (le drapeau, la famille) ne pourrait pas atteindre l'intensité qu'il a (avec ce générique de fin que j'adore qui montre que tout tenait à une idée naïve et enfantine, une première pour la CIA).

D'autres défauts me viennent en tête, concentrés autour de cette dernière demi-heure où la montée de la tension, certes efficace, prend des allures trop hollywoodiennes par rapport à l'intention de départ, censées montrer le fait que tout tient à un (coup de) fil, mais qui m'a fait un peu sortir du film (c'est le problème de cette double approche dont j'ai parlé qui jamais ne s'harmonise parfaitement). Au final je finis sur une bonne impression, avec notamment ce clin d'oeil envers le rôle qu'ont joué les américains, montrés comme les meilleurs menteurs du monde - dans le ciné et le géopolitique - (et ça se vérifiera encore, je ne sais pas si c'est voulu, avec cette allusion avec l'Irak), cette fois-ci pour une bonne cause (sauver des vies). Bref, rien que pour ça, j'ai un certain capital sympathie pour ce réalisateur/acteur qui, sans être aveugle envers son pays, sait en montrer les bons côtés, sans diaboliser ses adversaires.

Pour conclure, un assez bon film qui nous initie aux arcanes de la production du cinéma (Bis) et de l'ex-filtration politique, porté par un bon casting (beaucoup de têtes connues comme John Goodman, Bryan Cranston, ou Alan Arkin qui font belle impression et bouffent Ben Affleck par leur présence, leur jeu et leurs dialogues mordants), une BO d'époque plaisante, doté d'une bonne tension, et qui déploie une réelle sincérité de fond (conduite respectueuse des enjeux politiques des deux pays, choix d'un américain moyen pour son personnage principal qui peut faire son petit effet), sans être toujours subtil dans les artifices qu'il déploie (un peu ironique en raison de son sujet).

Note : 7.5/10